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Chapitre Bonus
Salut, camarades solastalgiques.
Voici comme je l’avais promis un chapitre bonus.
Beaucoup d’éléments de Solastalgia sont basés sur des lieux, des personnes et des faits réels, qui m'ont fascinée et interpellée au point de m'avoir donné envie de les inclure dans mes histoires, et j'ai décidé de les partager directement avec vous, pour que vous vous rendiez compte à quel point la réalité est souvent plus fantastique que la fiction, et à quel point on vit déjà dans un monde sacrément dystopique. Vous allez découvrir que je n’ai pas eu à aller bien loin pour imaginer le futur, tant tout dans Solastalgia est déjà si actuel.
Si ça ne vous intéresse pas, pas de souci, je vous donne rendez-vous au chapitre suivant pour le début de la prochaine histoire.
Voici donc, pour celles et ceux qui sont restés, les bonus de Espèce en voie d’apparition, avec au programme : scientifiques russes loufoques, glaces qui fondent, Poutine torse-nu avec des tigres, et protection animale très très vener.
Retour vers le Futur en Sibérie
On aura l’occasion de reparler du Parc du Pléistocène dans la prochaine nouvelle, mais il s’agit effectivement d’un lieu qui existe déjà. A vrai dire, dans ce que j’ai décrit, le seul détail inventé est que les mammouths ne sont pas encore clonés (car oui, le projet est réel).
Le Parc est l’œuvre de Sergueï Zimov, un géophysicien russe qui a dédié sa vie entière à ce projet, et qui divise un peu la communauté scientifique : certains le voient comme un génie visionnaire, d’autres comme un rêveur à côté de la plaque (de banquise, lolilol) qui a déjà perdu son pari. Dans les deux cas, le travail qu’il a déjà accompli est assez stupéfiant, et Zimov a tout le panache et la démesure sublime et tragique d’un personnage de fiction.
Un film documentaire a été réalisé sur lui en 2021, Retour à l'Âge de glace, l'hypothèse de Zimov, disponible sur Arte. Il est payant, mais je vous recommande vraiment d’en voir la bande annonce, elle a le souffle épique d’un film de cinéma : youtu.be/e3RljUQ43FM
Voici un autre reportage de 36min d’Arte en français : youtu.be/9vP7DiQSPbc
Ne pas perdre le Nord
La Route Maritime du Nord (RMN), qui relie Mourmansk au détroit de Béring, se voit empruntée toute l’année dans mon récit, mais ce futur est plus proche qu’on ne le pense. Les Russes attendent avec une impatience immense le moment où ils pourront l’ouvrir (ils tablent sur 2035). Ils convoitent cette nouvelle route à un point tel qu’ils ont même envisagé d’accélérer la fonte des glaces eux-mêmes. En 1962, un climatologue russe proposait de répandre les déchets de l'industrie du caoutchouc sur la banquise afin de lui faire mieux absorber les rayons du soleil.
L’enjeu commercial est absolument immense, l’ouverture de la RMN pourra concurrencer l’actuelle route asiatique, qui passe par le Canal de Suez, et s’avère plus longue. Le coût écologique, vous vous en doutez, est quant à lui catastrophique, pour ne pas dire apocalyptique.
Deux articles pour aller plus loin sur ce sujet :
www.slate.fr/story/192057/arctique-route-maritime-du-nord-ouverte-de-plus-en-plus-tot-navires-commerciaux-raccourci-eaux-territoriales-russes
www.slate.fr/story/75271/projet-de-navettes-maritimes-route-pole
Russian Tiger King
Pour écrire cette Russie dystopique prête à tuer des gens pour sauver des tigres, je me suis inspirée directement de Vladimir Poutine. Le président russe a fait de la protection du tigre de Sibérie un de ses objets de propagande, se mettant lui-même en action dans leur préservation. Par exemple en 2014, il a remis en liberté trois tigres devant des caméras de télévision. Poutine aime depuis toujours se mettre en scène avec des animaux sauvage, il y a pour lui un enjeu de virilité, c’est une façon de se poser en « homme fort qui a sauvé les tigres » (animal emblématique de son pays, qui symbolise force, puissance, noblesse), et d’entretenir son image de macho : il est pote avec des putains de tigres, et il en a une plus grosse que les braconniers.
Mais c’est oublier un peu vite que Poutine est aussi un chasseur, qui, quand il ne fait pas des câlins au bébé tigre qu’il a reçu pour son anniversaire (vidéo lunaire à voir ici : youtu.be/RCXoJq5kW7s ), est surtout très occupé à faire des excursions dans toute la Russie en mode Chasse, Pêche, Nature et Traditions, et que pendant ce temps-là, il ne fait pas grand chose de concret pour l’écologie réelle.
Cependant vous pouvez vous régaler de photos de vacances du Chad ultime de Russie torse-nu dans la nature sauvage par ici : www.slate.fr/story/149565/plongee-vacances-vladimir-poutine
Gageons que le réchauffement climatique lui permettra de parfaire son bronzage.
Rhinocéros et flingues
Je me suis également fournie dans les méthodes actuelles de protection d’une des espèces les plus menacées au monde : les rhinocéros. Dans divers pays, leur préservation a pris un tour sacrément musclé, pour ne pas dire ultra violent, dont voici quatre exemples.
Au Kenya, on a tout fait pour tenter de sauver le rhinocéros blanc du Nord, dont il ne restait plus que 4 survivants. Le dernier mâle était protégé 24H/24 par des gardes armés. Il a malheureusement fini par mourir de vieillesse sans avoir pu se reproduire. L’espèce est donc désormais condamnée.
En Afrique du Sud, un homme d’affaires richissime emploie une petite armée privée pour protéger un millier de rhinocéros dans son ranch. De nuit, un hélicoptère y patrouille muni d’une caméra infrarouge, de jour, ce sont des hommes équipés de fusils d’assaut qui patrouillent la plus grande ferme de rhinos au monde.
Afrique du Sud encore, mais méthode un peu différente : dans la réserve naturelle de Balule, on a recruté une équipe entièrement composée de femmes venant des communautés locales, dans le but de ne pas travailler contre ces communautés, mais avec elles. Les Black Mambas ne sont pas armées, mais elles sont prêtes à en découdre, et leur entrainement est carrément paramilitaire. Elles font office de patrouilleuses et d’éclaireuses, elles sont les yeux et les oreilles du parc, leur rôle est d’alerter les gardes armés, de dénicher les pièges à rhinos, et de faire du boulot d’éducation et de prévention dans les communautés.
(Petite vidéo sur les Black Mambas en anglais : youtu.be/0o3BWFv911Q )
La palme de la violence au nom de l’écologie revient à l’Inde. Dans le parc de Kaziranga, au Nord-Est de l’Inde, les gardiens tirent à vue sur les braconniers. Le nombre de victimes humaines se compte en dizaines. Cependant, cette méthode controversée porte ses fruits : en 2015, le bodycount de braconniers tués dépasse celui des rhinocéros abattus – 23 contre 17. Kaziranga voit ses rhinocéros prospérer : le parc en comptait plus de 2 400 en 2017, soit les deux tiers la population mondiale.
Voilà, c’est tout pour cet épisode bonus.
Je vous donne rendez-vous tout bientôt au chapitre suivant, où démarre la deuxième histoire : Charles II et le mammouth.
65 commentaires
Christellaa
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Il y a 2 ans
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Il y a 2 ans
Janicelesmaux
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Il y a 2 ans
Janicelesmaux
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Il y a 2 ans
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Amphitrite
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Amphitrite
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Eva Boh
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Il y a 2 ans
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Il y a 2 ans