Kassandra Pasquier Skyline Emrys Chapitre 4.1

Chapitre 4.1

10 Avril 2050

Le même jour


Shaïn fronça une fois de plus les sourcils. Il se leva pour jeter un coup d’œil au menu d’Aramise tandis que je me penchais vers elle pour y jeter un œil moi aussi.


Elle était bien sur l’onglet déconnexion et avait confirmé la commande. Pourtant, elle était toujours là, et un message d’erreur s’affichait.


« Nous sommes incapables de traiter votre demande pour le moment. Code erreur : 753 6810 223. »


— Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? murmura-t-elle, tendue.


Shaïn haussa les épaules, enjamba la barrière et retourna sur le sentier des daims.


— Ça veut dire que, pour le moment, le serveur ne peut pas te déconnecter.


— D’ordinaire, les problèmes de ce genre ne sont pas plutôt dans le sens inverse ? m’enquis-je en me levant à mon tour.


Il acquiesça et nous exposa son hypothèse :


— Peut-être font-ils des manipulations sur le serveur, ce qui a engendré une série de bugs, comme le sanglier ou la déconnexion momentanément indisponible. Ou alors, à cause des bugs, ils font de la maintenance et nous empêchent de quitter le jeu, quelle que soit la raison.


Je le rejoignis et ouvris mon menu avec une certaine suffisance, juste par satisfaction d’être capable de le faire – je me sentais tout-puissant rien qu’à ouvrir un menu virtuel avec un doigt. Le système du jeu m’indiquait en bas à droite de mon interface de jeu qu’il était 19h53. J’avais encore tout mon temps. J’avais prévenu Lucas que je ne dînerai pas, Jess ne reviendrait que le lendemain, et nous étions vendredi. Je pouvais bien passer une nuit blanche si je voulais. D’autant plus que je commençais une nouvelle vie, virtuelle, mais totalement différente et dépaysante. Tellement que ma vraie vie pouvait presque disparaître, avec un petit effort de volonté.


— Je ne suis pas pressé, expliquai-je. On continue, le temps que tout revienne à la normale ?


Nous nous tournâmes vers Aramise qui enjambait à son tour la barrière. Elle soupira.


— J’ai toujours la poisse. Allons-y. La prochaine fois, c’est moi qui ferais le soutien et qui vous regarderais vous faire laminer !


Nous tentâmes donc une fois de plus notre chance un peu plus loin, avec un autre sanglier que j’eus le soin d’abattre tout seul. Tout se passa comme l’avait prévu Shaïn en premier lieu, ce qui redonna confiance à Aramise. Elle s’attaqua au suivant et, finalement, nous attaquâmes le moindre animal de niveaux 1 ou 2 qui se présentait à nous.


Malgré cela, aucun de nous trois ne gagna le moindre niveau.


— Bon allez, cette fois, j’y vais vraiment, nous salua Aramise en ouvrant son menu pour se déconnecter.


En consultant l’heure pourtant bien en évidence sur l’interface, elle bondit sur place.


— Tonnerre de Zeus ! Il est déjà 22h08 ! Je me sauve. À une prochaine !


Je lui fis un signe de la main et me tournai vers Shaïn.


— Tu continues ?


Il opina et nous repartîmes tandis qu’Aramise retournait vers Bellal pour vendre quelques bricoles qu’elle avait gagnées et dont elle n’avait pas besoin, avant de se déconnecter pour la soirée.


Je poursuivis donc mon initiation au jeu avec mon nouvel ami, gagnant de plus en plus de points d’XP et d’argent au fur et à mesure. C’était un travail lent et répétitif, très rapidement ennuyeux car cela n’apportait pas grand-chose, mais c’était nécessaire pour progresser dans le jeu en toute sécurité. Et puis, j’avais mis tant d’ardeur à effacer ma vraie vie que ça, à côté, c’était le paradis.


— Dis-moi, Shaïn, comment tu fais pour te repérer sur la carte ? Je veux dire, par rapport aux quêtes.


Nous avions complété deux quêtes secondaires, déjà, proposées par des PNJ rencontrés durant notre exploration. À chaque fois, ce n’était jamais bien difficile, et elles se déroulaient toujours juste à côté de là où se trouvait le PNJ. Mais qu’en était-il de la bergerie que nous devions sauver des loups d’Odin, près de Bellal ?


Shaïn s’arrêta sur le chemin et s’excusa :


— Oh, pardon, j’ai oublié de vous expliquer ça ! Regarde.


Il ouvrit le menu puis la carte. Elle s’ouvrit sur nos deux points côte à côte. C’est alors que nous constatâmes la présence d’Aramise en découvrant son point non loin de Bellal.


Je fronçai les sourcils et le lui montrai.


— Sa position reste signalée même si elle est déconnectée ?


Il secoua la tête en signe de dénégation et soupira.


— Encore un bug. Ce soir, ils les collectionnent on dirait.


— Effectivement...


Nous reportâmes notre attention sur la carte, là où nous étions. Shaïn me désigna l’étoile blanche qui brillait tout en haut de la carte, légèrement orientée à l’Est.


— Tu vois ? c’est cette étoile que tu dois suivre. Elle t’indique le lieu de la quête principale que tu dois effectuer. Si tu veux en connaître la position exacte, tu n’as qu’à faire un zoom arrière.


Il fit la manipulation dont il était en train de parler et, sur le même écran, je vis notre position et le lieu vers lequel nous nous rendions : la bergerie attaquée par les loups d’Odin. Nous aurions pu y aller bien plus directement, mais Shaïn tenait à nous montrer quelques trucs avant de nous lâcher dans la grande aventure, ce de quoi je lui étais reconnaissant.


Après cela, nous reprîmes notre route, nous rapprochant de l’endroit de la quête. Ce qui était bien, avec Shaïn, c’était qu’il avait déjà complété la zone. Allez comprendre qu’il l’avait intégralement explorée. Sa carte de la région était claire et précise et l’on pouvait y voir tout ce qu’il avait découvert, là où la mienne n’était que flous et devinettes. Par exemple, à mesure de nos découvertes apparaissaient les emplacements des marchands, des lieux où il était possible d’exercer le métier choisi, les endroits où se procurer les ressources nécessaires à la progression de ces métiers. On y voyait aussi les sanctuaires dans lesquels nous pouvions ressusciter au cas où nous mourrions, et les villes.


Shaïn m’expliqua que, dans les villes, une nouvelle carte s’affichait, plus précise, avec les auberges, les tavernes, les lieux de divertissement et même les lieux habitables.

Je ne pus cacher ma surprise.


— On peut acheter une maison ?


— Des châteaux, même ! répondit-il avec enthousiasme. Il existe des appartements dans les villes, et l’on trouve des instances résidentielles dans certaines zones du jeu. J’ai regardé, par curiosité. Eh bien, on n’est pas près de pouvoir s’offrir ce luxe, crois-moi !


Pour cela, je voulais bien le croire sur parole. Dans la vraie vie, c’était exactement la même chose. Mais au moins, on pouvait devenir propriétaires ici.


— Il y a des magasins de meubles, alors.

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2 commentaires

Eva Baldaras

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Il y a 3 ans

Voici un coup de pouce pour avancer dans l'histoire ! Si tu as le temps, passe voir ma storie !

Amphitrite

-

Il y a 3 ans

Coup de pouce ! Passe chez moi à l’occasion
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