La_petite_plume Silence Compromis Chapitre 14 : Enquête

Chapitre 14 : Enquête

Je serre la mâchoire, attrape Noa par la main et l'entraîne dans la salle de bain. Théo suit derrière nous, silencieux. Je ferme la porte, vérifie que tout est en place, puis me tourne vers lui.


"Théo, tu vas prendre mon ordinateur portable. Il est dans la vanité de Noa. Mon code, c'est NE2008rk59+."


Il lève un sourcil.


"Rien que ça.


— Vous trouverez le fichier PTS, il est accessible sur le bureau. Ensuite, vous rentrerez la clé d'accès qui est sur le post-it caché sous la baignoire. Vérifiez la liste pendant mon absence."


Théo ne pose pas de questions. Il se baisse pour soulever le panneau amovible sous la baignoire, tandis que Noa semble retrouver un semblant de lucidité, une lueur d'urgence dans son regard.


"Oui ! Si Marcus est passé en rouge et que je suis toujours en orange, alors tout va bien. Ça voudrait dire que tu avais raison et qu'ils ne tuent que les rouges !"


Je hoche la tête, mon cœur battant trop fort contre mes côtes.


"Exactement"


Mais si Marcus était encore orange quand ils l'ont tué… alors Noa est peut-être déjà une cible.

Et moi aussi.


Le vent est glaciaire et me fais trembler de tout mes membres. Je me tiens au milieu des autres journalistes , coincée entre des corps qui bougent trop, parlent trop, posent trop de questions. Des micros tendus vers n'importe qui pourraient lâcher une information. Mais personne ne sait rien.


L'entrée de l'immeuble de Marcus est bouclée par la police. Un cordon jeune et des hommes en uniformes postés devant la porte. Et derrière le chaos des journalistes, un silence pesant.


J'observe. J'analyse.

Ce n'est pas une scène de crime habituelle.

Il me manque quelque chose.

Pas de déclarations officielles, pas d'officier détaché pour répondre aux questions.


Juste un mur.


Ils ne veulent pas parler.

Ils veulent entrer dans l'affaire.


Je resserre ma veste autour de moi, sentant mon badge de presse effleurer ma peau.


Noa m'a fait promettre de ne pas parler.

Écouter simplement.

Juste un observer.


"Suicide ? Sérieusement ? Un type comme Grayson ? interroge un journaliste.


— Aucune déclaration officielle, répond un autre.


— Ouais, sauf que si c'était un meurtre, on aurait déjà un suspect.


— Et s'ils essayent d'étouffer l'affaire ?"


Je me tourne dans une autre direction lorsque j'entends un murmure presque noyé dans le flot des voix.


"J'ai un contact à la police qui m'a dit qu'il y avait quelque chose d'étrange."


Je me tourne discrètement vers la voix.


Une femme. Brune, la quarantaine, une posture assurée.


Elle parle bas à un collègue.


"Le corps… Il était…"


Sa voix se perd dans le bruit d'un talkie qui grésille à l'entrée de l'immeuble.


Je me rapproche.

Juste assez pour capter la suite.


"Trop propre. Trop parfait. Comme si tout avait été mis en scène."


Un frisson me traverse la nuque.

La mise en scène.

Ils effacent les traces.


Marcus n'a pas juste été éliminé.

Il a été exécuté.


Et oui, il y a une différence. Une exécution est un avertissement. Ils veulent nous faire peur.

Je me souviens de ce que Noa avait dit, la voix tremblante mais lucide ; "Et si c'est une exécution mise en scène pour ressembler à une élimination, alors c'est encore pire."


Dans mon observation, mon regard se pose sur un homme. Droit, immobile, en costume sombre.


Je ne le voix que son dos et le brun de ses cheveux. Il parle à un policier.


Je tente de me rapprocher pour entendre.

Lève mon appareil pour prendre une photo.


Mon cœur cogne dans ma poitrine. L'air est saturé du brouhaha des journalistes, des crépitements des caméras, des murmures échappés entre les lèvres tendues.


Mais entre nous, il n'y a que le silence. Et alors que j'allais prendre la photo, une main se pose sur mon épaule.


"Vous êtes journaliste ?"


Une voix masculine, à ma gauche.


Je détourne la tête.


Un policier.


Il a l'air fatigué, mal rasé, mais ses yeux sont perçants. Il jauge mon badge, puis mon visage.


"Tout le monde me dit de repasser au roux , dis-je d'un ton que j'espère détendu."


Il hausse les épaules, comme s'il s'en foutait complètement.


"On ne fait pas de déclaration pour l'instant, s'exclame-t-il d'une voix ferme"


Je hoche lentement la tête.


"Je comprends. Mais juste… Vous pouvez me confirmer si—


— Je ne peux rien confirmer."


Sa réponse fuse.


Trop rapide.

Trop sur la défensive.


Je serre les dents. Puis un mouvement attire mon attention. L'homme qui parlait au policier se tourne vers moi et me regarde de haut en bas.

Il m'analyse un instant.

Fixement.


Il sait que je ne suis pas à ma place.

Il sait que je suis là pour autre chose.


Mon badge de presse est suspendu à mon cou, légitime.

Mais moi, je ne le suis pas.


Il ne bouge pas pendant un instant et après une minute trop longue il me tourne le dos et s'éloigne. Sans se presser.


Il a vu ce qu'il voulait voir.


Je repousse doucement la main du policier de mon épaule, un sourire poli plaqué sur mon visage.


"Merci quand même, officier."


Il hésite, m'observe une seconde de plus , puis se détourne.


Je l'ignore.


Mes yeux sont rivés sur l'homme en costume qui tourne au coin de la rue.


Je dois le suivre.


C'est sûrement la pire idée que j'ai jamais eue.


Mais je le fais quand même.

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1 commentaire

lea.morel

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Il y a 2 mois

omggg la suite ???????
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