La_petite_plume Silence Compromis Chapitre 9 - Marcus

Chapitre 9 - Marcus

Je pousse la porte de l’appartement, essoufflée, trempée, encore secouée par ce qui vient de se passer. L’air intérieur est plus chaud, une douce odeur de parfum flotte dans l’air. Le calme contraste violemment avec la course frénétique qui a précédé.


Je retire ma veste en cuir et l’accroche maladroitement sur le dossier d’une chaise. Mes doigts tremblent légèrement alors que je défais mes cheveux humides. Une serviette propre et sèche m’attend, posée sur la table près de l’entrée.


Je tourne la tête vers le salon. Theo est installé sur le canapé, un laptop sur les genoux, un casque sur les oreilles.


Il lève les yeux vers moi, arque un sourcil.


"T’es allée faire du base-jump sous la pluie ou quoi ?"


Je l’ignore, attrape la serviette et commence à essuyer mes cheveux en me dirigeant vers la salle de bain. Mais un détail me retient.


Je m’arrête avant d’ouvrir la porte.


"T’es pas censé être en cours ?"


Il hausse les épaules, l’air nonchalant.


"La météo est dégueulasse, j’ai la flemme. De toute façon, ce sera pas un cours important.


— Ils vous donnent les cours en avance ?"


Stop. Trop de questions.


Cette journée a déjà prouvé qu’il n’a ni les compétences pour être un espion, ni celles pour être celui qui fournit des preuves à Noa.


Il hausse à peine les sourcils, puis reporte son attention sur son écran.


"Ouais".


Je hoche la tête et referme la porte derrière moi.


La table du salon est à peine assez grande pour trois personnes, mais on s’y entasse quand même. Il est rare qu’on mange tous ensemble. En deux semaines, ça a dû arriver trois fois.


L’éclairage est tamisé, légèrement jaune, projetant des ombres douces sur les murs en briques. Une odeur de nourriture encore chaude flotte dans l’air, un mélange de sauce tomate et d’épices. Quelque chose de simple, de réconfortant.


Noa s’appuie contre le dossier de sa chaise, une fourchette à la main.


"On pourrait aller chez le coiffeur demain, Eli. J’ai un peu de temps. Et il faudrait faire quelque chose pour ce blanc beaucoup trop… blanc."


Je lève un sourcil.


"Mon blanc te pose un problème ?


— Bah, c’est peut-être une couleur courante en Serbie. Mais à Portland, c’est un peu étrange. Après, moi j’aime bien. Mais peut-être qu’une autre couleur serait plus facile à entretenir que le blanc."


Je prends une bouchée de mon plat et hausse les épaules. J’aime bien cette couleur. Avant, j’étais brune, puis blonde, puis maintenant blanche.


"Le blond m’allait bien, je réponds simplement. Mais je crois que je vais garder le blanc encore un moment.


— Comme tu veux."


Je décide d’intégrer Theo à la conversation, histoire qu’il ne s’ennuie pas trop avec notre débat capillaire. Mon ton est plus léger que d’habitude, du genre qui ne dit pas je suis allée à ton campus poser des questions sur toi.


"Et sinon, Theo ? Qu’est-ce que tu as fait de ton après-midi, vu que t’as fini par aller en cours ?"


Il se cale contre le dossier de sa chaise, l’air nonchalant.


"Un cours chiant. Un prof encore plus chiant. Et j’ai passé deux heures à essayer de corriger un bug dans mon projet. Sans succès."


Je fais mine d’être curieuse.


"Quel genre de projet ?


— Un algo d’optimisation pour la gestion des flux réseaux."


Noa lève les yeux au ciel.


"Traduction : un truc incompréhensible pour les humains normaux.


— Si tu veux, je pourrais jeter un œil, je propose en ignorant Noa."


Theo termine son assiette d’une main, et de l’autre, il remonte ses lunettes sur son nez. Il a l’air détendu. À l’aise. Pas comme quelqu’un qui aurait quelque chose à cacher.


Alors pourquoi je cherche encore la petite bête ?


Mon instinct, peut-être.


Mais il faut savoir accepter d’avoir tort de temps en temps.


" Ouais, pourquoi pas, répond-il avec un léger sourire."


Noa reçoit une notification et regarde son téléphone. Quelques secondes plus tard, elle manque de s’étouffer avec sa bouchée de bolognaise.


"C’est officiel, je vais virer ce connard de mon bureau !"


Theo lève un sourcil en piquant dans son assiette.


"Lequel ?


— Tu sais très bien lequel. Marcus. Il a encore osé me piquer un sujet."


Elle plante sa fourchette dans son assiette comme si elle venait d’asséner un coup fatal.


"Attends, c’est pas le même type qui s’acharne sur tes articles depuis des mois ? demande Theo en prenant une gorgée de bière.


— Si. Ce rat."


Je joue distraitement avec ma nourriture, plus occupée à les observer qu’à vraiment écouter. Ils ont une bonne dynamique, une sorte d’entente fluide qui ne s’explique pas mais se ressent immédiatement. Noa me lance un regard en coin.


"L’article L’intelligence artificielle et la sécurité nationale que j’avais dit que j’abandonnais. Il vient de teaser sa propre version sur Twitter."


Cette fois, c’est moi qui manque de m’étouffer lorsque mon cerveau percute une information que j'ai fait passé en second plan.


"Marcus comment ?


— Grayson. Pourquoi ?


Je pousse ma chaise en arrière et sors de table sans attendre me précipitant vers la salle de bain.


"Elle est folle, ton amie, commente Theo, l’air amusé.


— Ou elle digère mal ma bolognaise, rétorque Noa."


J’entends leur conversation en arrière-plan, mais je ne ralentis pas. Je referme la porte derrière moi, mais Noa me rattrape et s’engouffre dans la pièce avant que je puisse verrouiller.


"Je connais cet air"


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2 commentaires

Dystopia_Girl

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Il y a 2 mois

super début:)
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