La_petite_plume Silence Compromis Chapitre 8 - Interrogation

Chapitre 8 - Interrogation

Une fille relève la tête vers moi, l’air sceptique.


"L'un d'entre vous connaît Theo ? demandé-je allant droit au but"


Elle fronce les sourcils.


"Il y a beaucoup de Theo ici, il va falloir préciser.


— Euhm il est fin, il a des lunettes, brun, un peu en dessous du mètre quatre vingt."


Super descriptions, très global, représente surement le tiers des étudiants de cette université.


"Theo Palmer ?"


Palmer.

Ca doit être son nom. Je n'en sais rien, je ne lui ai pas demandé.

Très pro, de faire des recherches sur un type sans savoir son nom de famille.


"Ouais, je réponds suivant mon instinct."


Un autre type lève les yeux de son laptop.


"Sa copine ?


— Non, j’ai entendu dire qu’il était doué et un ami à moi le connait de réputation et m'oriente vers lui pour solutionner mon problème de code."


Ce dernier éclate de rire.


"Doué ? Pas tant que ça. Il est un peu au-dessus de la moyenne, certes, mais si tu cherches quelqu’un de vraiment compétent, je pourrais probablement t’aider mieux que lui."


Je repense alors à ce que Theo m’a dit. Il n’a jamais prétendu être un prodige. Il avait admis qu’il était loin d’être major de promo.


Peut-être que je me suis trompée.


S’il se débrouille juste bien, sans plus, il ne représente pas vraiment une menace. Le gouvernement ne l’aurait ni repéré ni recruté pour nous espionner.


Une de mes hypothèses étaient qu'il avait aidé Noa à récupérer certaines preuves informatiques. Mais là encore, je dois me tromper. Pour pirater des données d’une telle envergure, il fallait être très bon.


Je me sens un peu idiote de ne pas avoir posé la question directement à Noa sur ce sujet. Il faut dire aussi qu'elle avait soigneusement évité de mentionner d’où provenaient certaines preuves. À chaque fois que j’abordais le sujet, elle esquivait, changeait de conversation.


Je n’avais pas insisté.


Ce soir, qu’elle le veuille ou non, je vais la faire parler.


"C’est un ami à vous ?" Je tente, espérant glaner quelques infos supplémentaires, même si je commence à abandonner mes soupçons.


"Non. Ce mec est plutôt discret et solitaire. Après, c’est un peu la spécialité des étudiants de notre section."


Il marque une pause avant d’ajouter :


"Mais travailler en équipe, ce n’est pas si mal dans notre domaine. Chacun a ses compétences, et en rassemblant plusieurs spécialités, on peut obtenir de meilleurs résultats. Les missions deviennent plus simples, plus rapides."


Je vois où il veut en venir.


Je l’ai vécu.


Quand je bossais avec mon équipe, on était inarrêtables. Peut-être que si je galère autant aujourd’hui, c’est parce que, au fond, j’aurais besoin d’une équipe.


Noa est une excellente partenaire, mais l’ampleur de ce que nous découvrons dépasse de loin un duo d’enquêtrices improvisées.


Le problème, c’est la confiance.


Dans ce genre de travail, plus il y a de monde dans le cercle, plus c’est risqué.

Et plus on met de vies en danger.


"Donc il est du genre à travailler… seul ?"


Il va falloir que j’arrête bientôt cette interrogation, sinon ils vont rapidement comprendre que mes questions n’ont rien à voir avec l’alibi que j’ai donné.


"C’est ça", me répond le blond sans lever les yeux de son écran.


La fille, en revanche, me fixe.


"Pourquoi tu t’intéresses à lui, au fait ? En quoi ça va t’aider avec ton problème de code ?"


L’alerte résonne immédiatement dans ma tête. Il est temps de disparaître avant d’attirer plus d’attention.


"Simple curiosité."


Je me détourne et quitte la salle.


Ma poche vibre.

Je sors mon téléphone et m’arrête net dans le couloir.


Numéro inconnu.


Un frisson me parcourt l’échine alors que mon pouce hésite une fraction de seconde avant d’ouvrir la conversation.


  • Tu ne devrais pas être là.


Mon cœur rate un battement, ma tête tourne brusquement, mes yeux scrutent les alentours.


Je commence à taper une réponse, mes doigts tremblent légèrement, mais avant même d’avoir pu terminer, un deuxième message s’affiche.


  • Remets-y les pieds et tu meurs.


Alors c’est comme ça que ça marche maintenant ? Ils vont m’interdire l’accès à certains endroits ?


J’aurais dû détruire ma carte SIM plus tôt. Dès que je rentre à l’appart, je la brûle. Désormais, je ne communiquerai plus qu’avec des téléphones prépayés.


Puis une idée germe dans mon esprit.


Ils viennent de me donner une occasion de les tracer.


Je me mets à courir. Je dois rentrer immédiatement. Trouver un moyen de remonter jusqu’à eux. Exploiter leur menace contre eux.

La pluie commence à tomber, de fines gouttes roulent sur ma veste en cuir alors que mes pieds frappent lourdement le sol de l’allée. Les étudiants me regardent de travers, mais peu importe. Ils croiront que je fuis l’averse.


Mon téléphone vibre à nouveau. Je baisse les yeux pour lire le message tout en courant, mais je percute quelqu’un de plein fouet.


Le choc me coupe le souffle.


Ma respiration se bloque.


À cause de la pluie, de la course, des battements précipités de mon cœur, je pousse un petit cri et mon téléphone m’échappe des mains.


Il s’écrase sur le sol.


Je recule brusquement, prête à riposter, mais mon sang se glace lorsque mes yeux se posent sur l’homme en face de moi.


Capuche baissée. Visage partiellement dissimulé.

Un flash.

L’homme du parking.


Mon cœur s’emballe.


Il se penche vers mon téléphone. Je tends les mains devant moi dans un geste instinctif, paniquée.


"N’approchez pas !"


Sa posture était hésitante mais il continu de se baisser mais jusqu'au sol et ramasse mon téléphone et me le tend.


Je lève lentement les yeux vers lui pouvant voir maintenant un peu plus son visage jeune et innocent.


Ce n’est pas l’homme du parking.


Juste un étudiant.


Je pose une main sur ma poitrine, essayant de calmer le rythme erratique de mon cœur, alors que plusieurs personnes me fixent comme si j’étais folle.


Il retire ses écouteurs, murmure un rapide mot d’excuse et reprend son chemin sans un regard en arrière.


Je baisse les yeux vers mon téléphone.


L’écran est fissuré. Humide.


Et puis, il clignote. Un compte à rebours s’affiche en plein écran.


Les chiffres s’étirent sur toute la largeur, déformés par les fissures, le clignotement irrégulier accentuant leur menace silencieuse.


Mon téléphone est piraté.


J’ai une minute pour dégager d’ici.


Je lâche un cri de rage, arrache la carte SIM et balance l’appareil dans la première poubelle publique que je croise avant de repartir en courant.


Direction l’arrêt de bus. Vite.

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4 commentaires

lea.morel

-

Il y a 2 mois

omg j’ai peuuuuuuuuuur

Océane Ginot

-

Il y a 3 mois

Le rythme s'accélère !
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