Fyctia
25 - Plonger pour vivre
Je saute sur mes pieds et m’éjecte de la cabine, non sans avoir saisi mes sacs et ordinateur. J'emprunte la descente à toute vitesse, et trouve Anaïs dans le cockpit, le bateau déjà à l’arrêt au bord du périmètre prévu.
— Tu attendais quoi pour me prévenir ?
Elle hausse les épaules, pas le moins du monde abattue par ma remontrance.
— On vient à peine d’arriver, je n’ai pas eu le temps…
— On ne peut pas se permettre de perdre une seconde de plus !
Elle soupire, ce qui m’énerve encore plus. À quel moment a-t-on remplacé ma meilleure amie par cette personne désinvolte qui se moque de moi ? Je dois me pincer l'arête du nez pour me calmer.
Le paysage autour de nous n’est plus tout à fait le même que celui de ce matin. Nous avons dépassé Porquerolles, pour aller au sud de Port Cros. L’île se fond dans la brume de chaleur à l’horizon. En face de nous, les falaises décharnées de l’îlot de la Gabinière marquent notre destination. Près du gros rocher, se trouve la bouée où nous amarrons le Beau Soleil pendant mes analyses. Baptiste effectue la manœuvre et saute tout de suite par-dessus bord pour un bain d’arrivée.
À peine arrimés, je me mets tout de suite au travail. Je note rapidement les conditions d’observations du jour : la météo, la température, l’heure précise des relevés. Puis je vérifie mon matériel pour m’assurer que tout fonctionne.
— Tu es sûre que tu veux commencer maintenant ? demande Anaïs.
Vraiment, on me l’a changée.
— Tu sais…
— Oui, le retard, le planning, tout ça, mais il est déjà midi passé, tu ne crois pas qu’on devrait manger d’abord ?
Elle a prononcé les mots magiques. Anthony, qui jusque-là bronzait sur le pont, se lève et nous adresse un grand sourire :
— Je peux vous faire quelque chose tout de suite. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?
— Commencer mes analyses, rétorqué-je sèchement. Et ne pas dépenser un an du budget nourriture d’une famille en un seul repas.
Ils me fixent tous avec des yeux de merlans frits, comme on dit par ici. Et encore, ce n’est pas très flatteur pour les merlans.
— C’est une bonne idée, proteste Anaïs. Écoute, on s’est couché tard et…
Ça se voit. Anaïs a des cernes de la taille de la fosse des Mariannes. Toutefois, ce n’est pas de ma faute si elle n’est pas capable de gérer son sommeil avant une sortie.
— On pourrait faire des erreurs de relevés, continue-t-elle.
Si elle croit pouvoir me faire avaler qu’elle se soucie des erreurs scientifiques, après avoir fait la fête toute la nuit, c’est bien mal me connaître.
— Moi, j’y vais, tu fais ce que tu veux !
Après tout, je n’ai pas vraiment besoin d’elle.
— N’importe quoi, tu ne peux pas y aller seule !
— Je peux venir ? demande le Frimeur.
— Certainement pas !
Il ne manquerait plus que ça ! Mais il ne dort jamais celui-là ? Pourquoi il est toujours dans mes pattes ! Comme s’il lisait dans mes pensées, il s’écrit :
— J’ai très bien dormi, moi ! Je peux venir !
— On mange avant ! réponds Anaïs à ma place.
Ils ne vont pas me lâcher avec ça ! Anthony semble hésiter entre sa gloutonnerie et l’opportunité de me pourrir la vie.
— Est-ce que je pourrais venir avec toi sur les autres sites ?
Je me mords la lèvre. Il va insister toute la semaine ? Il en serait bien capable.
Je soupire et propose un compromis qui, s’il ne me satisfait pas complètement, devrait me permettre de bosser en paix.
— On peut faire comme ça : je fais mes relevés pendant que vous mangez. Quand j’ai fini, tu peux venir avec moi.
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Margo H
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AnnaK
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