Fyctia

J’aurais préféré éviter d’être celle qui accompagnerait le Frimeur pour son baptême de plongée… mais au moins sous l’eau, il ne pourra pas parler !

Anaïs et Anthony hésitent à accepter ma proposition.

— Tu devrais manger, insiste ma meilleure amie.

— On s’est gavés au petit déjeuner !

— Je te ferais une collation après, propose le Frimeur.

Je hoche la tête. Me baigner me donne toujours faim.

— La traversée m’a épuisée, je vais m’allonger, nous informe Anaïs avant de descendre dans notre cabine.

— Je vous appelle quand c’est prêt ! chantonne Anthony pour les deux autres.

Je prépare mon équipement sur la plage arrière. Quand je m’apprête à retirer mes vêtements, je me rends compte qu’Anthony est toujours là, à m’observer.

— Tu n’as pas des aliments à aller sauver du gaspillage alimentaire ?

— Je ne t’avais jamais vu aussi détendue, on voit que tu aimes ça.

Je ne suis pas détendue, mais concentrée. Malheureusement, il ne s’arrête pas là.

— Tu es sûre que tu as le droit de plonger seule ? Ça n’a pas l’air très sécurisé.

Je ne sais pas pourquoi mais sa remarque me met hors de moi. J’ai mon diplôme d’instructeur mais il croit s’y connaître mieux que moi ? Est-ce que, moi, je viens lui dire comment draguer quelqu’un ?

Eh bien, pourquoi pas ! Je décide sur un coup de colère de lui rendre la pareille.

Je retire mes vêtements beaucoup plus lentement que d’habitude, pour lui laisser le temps d’en profiter. Malheureusement, il ne semble pas comprendre le message car son sourire arrogant de Frimeur professionnel revient à vitesse grand V.

— Voilà qui me plaît davantage !

Ben voyons.

Toutefois, je ne me débine pas. Je suis sur mon terrain, cette fois, et je compte bien me venger. Je prends donc un malin plaisir à retirer mon T-shirt centimètre par centimètre, puis à le passer au-dessus de ma tête en mettant en avant ma poitrine. Certes, je n’ai jamais eu la taille de bonnet d’Anaïs mais mon maillot de bain moule assez mon corps pour allumer une petite étincelle de désir. Le soleil du mois d’août aide aussi à réchauffer mon corps et à dissimuler la rougeur d’embarras de mes joues.

Mon short suit le même chemin que le T-shirt. Je n’ai aucun scrupule à me déhancher pour le retirer, mettant à profit mes fesses rebondies que je cache en temps normal.

Sa moue manque de me faire perdre mon faux sérieux. Un peu plus, et il se met à baver. Je retiens mon éclat de rire en me mordillant la lèvre. Ah ben voilà, il n’y a pas que lui qui peut faire ça ! Et je n’ai même pas bu, moi !

Il s’est déshabillé lui aussi, mais tente de cacher son intimité malgré son short de bain, ce qui me prouve que mon petit jeu ne le laisse pas indifférent.

Franchement, n’importe quoi celui-là ! J’ai simplement retiré mes vêtements et le voilà qui s’enflamme… C’est désespérant !

Même mal à l’aise, le galbe de ses fesses ne laisserait personne indifférent, même pas moi. Dommage qu’il soit si insupportable, sinon, je pourrais apprécier la largeur de ses épaules qui lui donne un côté rassurant, comme s’il pouvait braver toutes les épreuves et garder son sourire insouciant sur le visage.

Mais enfin, qu’est-ce que tu racontes Manon ? Lui, rassurant ? Il est la cause de bien des insécurités de mon adolescence avec ses remarques incessantes sur ma prétendue pudeur ! J’enfile ma combinaison en vitesse, toute tentative de séduction oubliée. De toute manière, il y a peu de manières sexy d’enfiler un truc qui vous couvre du cou au chevilles.

Bien que je ne l’admettrais jamais à Anthony, je me sens tout de suite mieux. Ma provocation de me déshabiller devant lui a entamé mes maigres réserves de confiance en moi. Mon corps est loin d’être parfait et je préfère qu’il n’ait pas l’occasion de m’observer dans les moindres détails.

Il fait un pas vers moi et soudain, je ne sais plus qui de nous deux gagne à ce petit jeu. Plutôt que de risquer une éventuelle défaite, je m’empresse de mettre mes palmes, endosser ma bouteille et enfiler mon masque. Je sangle mes instruments et mes caméras. Puis j’effectue un magnifique saut droit pour me mettre à l’eau.