Fyctia

Je détourne la tête, à la fois pour qu’il ne me voit pas mentir et pour éviter son haleine avinée.

— Euh, non, j’allais remonter !

— Je te cherchais, me dit-il sans entendre la fausse note dans ma voix. Je pensais que tu étais allée te cacher dans ta chambre.

— Pas du tout.

Il faut vraiment être bourré pour ne pas se rendre compte de mon souffle court et de mes joues cramoisies.

— Dommage… j’aurais bien aimé me cacher avec toi.

— Ah bon ? J’avais plutôt l’impression que tu avais trouvé quelqu’un pour te tenir compagnie.

Il me fait son sourire en coin, sans l’ombre d’un remord.

— Les filles sont souvent attirées par moi.

Comme s’il ne les encourageait pas…

— Mais il n’y en a qu’une qui me plaît vraiment. Qui m’a toujours plu.

Je ne peux m’empêcher de rire à sa déclaration.

— C’est la chasse, qui te plaît.

Si je lui cède un jour ‒ et ça ne risque pas d’arriver de sitôt ‒ , il partira sans se retourner.

— Tu n’en sais rien. C’est toi qui a toujours supposé que j’enchaînais les conquêtes.

— Tu as toujours supposé que tu me plaisais.

— Et c’est faux ?

Je le repousse, mais il n’en perd pas son sourire.

— On devrait mettre cette théorie à l’épreuve. C’est pas toi la scientifique ? Je propose de mener une expérience !

Là-dessus, il retire sa chemise, dévoilant son nouveau physique d'adhérent de salle de sport. Je ne me rappelle pas l’avoir vu à un seul cours de sport au lycée, aussi je me demande bien ce qui a justifié une telle transformation. Des abdos comme ceux-là sont le fruit d’une obsession. Leurs contours se dessinent dans la semi-pénombre des lumières tamisées du bateau. La bouffée de chaleur éprouvée plus tôt me revient, plus puissante encore. Il semblerait que ce soit le jour où tout le monde se fout à poil n’importe où !

Anthony embraye avec son pantalon, avant que je n’ai pu l’arrêter. J’ai de la chance : il porte un boxer noir en-dessous. Assez moulant pour que je distingue assez bien les détails, mais franchement, je suis déjà rouge comme une écrevisse, est-ce que ça pouvait être pire ?

Il va pour le retirer mais cette fois, je l’arrête, en lui saisissant le poignet.

— Non, non, non !

— Tu as raison, on devrait continuer dans ta cabine.

Encore pire !

— Tu veux pas aller t’allonger dans ta propre cabine ?

Non seulement, la mienne est occupée mais en plus ça m’empêchera de nettoyer derrière lui quand tous ses excès vont finir par ressortir.

— Dans ma cabine ? Oui, avec plaisir !

Je ne comprends pas tout de suite le grand sourire qui illumine son visage. Puis je me rends compte qu’il ne compte pas y aller seul.

Mon cœur bat à tout rompre à cette seule idée. Mais je ne peux pas le suivre. Pas avec sa réputation et pas comme ça, alors qu’il tient à peine debout.

— Vas-y, je te rejoins.

Je fais mine de me diriger vers la salle de bain pendant qu’il rentre dans sa chambre avec une précipitation qui me brise le cœur.

Je m’empare d’une couverture dans le salon et sors sur le pont supérieur, où la fête bat toujours son plein.