AnnaK Si tu te noies, ne m'appelle pas ! 22 - La vengeance du thé

22 - La vengeance du thé

Le lendemain, je suis d’humeur massacrante. Impossible de dormir la moitié de la nuit à cause des fêtards qui ont dû complètement déboussoler l’écosystème local. J’ai fini par me résoudre à descendre m’allonger sur une des minuscules couchettes du salon. Mon sommeil ne s’est cependant pas amélioré : j’ai passé une bonne partie de la nuit à fixer la porte d’Anthony. Il n’est jamais ressorti de sa cabine.


L’état de la salle de bain n’améliore pas mon humeur. Il y règne une odeur pestilentielle de vomi qui me déclenche un réflexe de régurgitation. Le niveau de la cuve d’eau douce va poser problème : je ne vois pas comment nous pourrions tenir toute la semaine avec ce qui reste. Je fuis les lieux, tirant un trait sur un débarbouillage matinal.


À la place, je me fais un thé, qui, s’il n’apaise pas ma fureur, a le mérite de m’aider à me réveiller. Le salon est vide, ce qui veut dire que je suis la seule à m’être éclaté le dos sur ces couchettes infernales.


Ne tenant pas à attendre le levé du couple d’invités, ni à savoir ce qu’a fait Anthony de sa nuit, je sors sur le pont supérieur. Anaïs est déjà assise dans le coin repas, les yeux fixés sur l’horizon.


— Regarde-moi ce paysage !


À chaque fois que j’émerge du bateau le matin, je ressens une forte désorientation. Le voilier tourne autour de son ancre pendant la nuit, alors le paysage n’est jamais le même que celui quand je suis descendue me coucher. Alors qu’hier, j’observais surtout le large ; ce matin, j’ai une vue imprenable sur les voisins.


La baie n’a presque plus rien à voir avec celle d’hier. La plupart des vacanciers dorment encore et le calme règne, seulement troublé par le clapotis de l’eau, le claquement des cordes contre les mats et le passage occasionnel d’un oiseau.


La petite plage est encore vide de touriste. L’eau claire reflète le soleil qui se lève. Les rayons me réchauffent mais ne brûlent pas encore comme ils le feront dans quelques heures.


— On devrait venir ici plus souvent, c’est magnifique ! s’extasie Anaïs.


Tant d’enthousiasme devrait être interdit pour un matin comme celui-là. Je lui réponds d’un grognement et m’installe à table avec ma tasse.


— Tu as dormi où ?


Son sourire devient bien trop filant, tout à coup.


— Oh, eh bien je n’ai pas vraiment dormi, tu sais, la fête s’est terminée tard et il faisait bon alors je suis restée là un peu plus longtemps.

— Tu vas pouvoir naviguer dans cet état ?

— Tu préfères quand c’est Baptiste à la barre ?


Humpf, elle n’a pas tort. On risque de ne jamais arriver au site numéro un avec la Brute.


— Il est où d’ailleurs ?

— Chez les voisins.


Elle pointe du doigt l’un des bateaux, beaucoup moins enjouée que précédemment. J’imagine que c’est déjà pas mal qu’il ne se soit pas noyé avec toutes ses pitreries, même si j’aurais préféré qu’il soit prêt à partir.


Ma meilleure amie continue de regarder dans la direction du bateau en question. Je ne connais que trop bien cet air sur son visage.


— Il s’est passé quelque chose entre vous, hier soir ?

— Eh bien…


Elle rougit avant de décider d’attaquer à son tour :


— Et toi avec Anthony ?

— Bien sûr que non !

— Elle m’a posé un lapin, fait une voix grave dans mon dos. Après que je me sois déshabillé.


Anaïs se cache la bouche de la main, pour éviter de rire ouvertement. Peine perdue, je lui lance un regard acéré.


— Je peux avoir du café aussi ?


La voix d’Anthony est rauque. Je ne crois pas que je vais avoir la patience de lui répondre aujourd’hui… Sauf qu’il se passe de ma permission. Comme à son habitude, il s’assoit si près de moi que je manque de tomber de la banquette et il saisit ma tasse à moitié pleine.


— Mon thé !

— Ça va, tu peux bien partager !


Et il boit à même ma tasse.


— Beurk, c’est dégueulasse ! s’écrit-il en recrachant sa gorgée.


Bien fait pour lui !


— Ne me dit pas que tu as aussi une règle écolo contre la caféine ?

— Contre le café, non, contre les dosettes et les emballages, oui.

— Incroyable ! Tu sais vraiment comment te pourrir la vie toute seule. Je vais me faire un vrai petit déjeuner !


Il se lève et je suis moitié triste de le voir retourner en bas. Sa chaleur contre mon corps me manque, pas sa langue acérée.

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15 commentaires

Laeticia LC

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Il y a 2 ans

✨💕

Coeur fondant

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Il y a 2 ans

Mise à jour de likes !! 😊💖💖

AnnaK

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Il y a 2 ans

Merci 🥰💖🤗

Cécile G

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Il y a 2 ans

Je trouve que ce chapitre offre une description de lendemain de fête précise et imagée.

AnnaK

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Il y a 2 ans

Merci 💖💖💖

Patricia Eckert Eschenbrenner

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Il y a 2 ans

Et moi je crois que Manon a déteint sur moi parce que je stresse à l'idée qu'elle n'arrive pas à l'heure sur le lien de ses prélèvements 🥲

AnnaK

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Il y a 2 ans

🤣 moi aussi, elle me stresse parfois 🤣🤣🤣😇

Lina Lépy

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Il y a 2 ans

Hehe c'était sûr, Anaïs ! Courage Manon, tes analyses vont pouvoir reprendre... Si les garçons ne te remettent pas d'autres bâtons dans les roues ???

Rose Foxx

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Il y a 2 ans

🦋🎬

Manu L. GARAMOND

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Il y a 2 ans

♥️
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