Fyctia
19 - Vraiment trop près
Anthony me regarde partir. Je ne vais pas bien loin : nous sommes sur un bateau et la nuit est tombée. Je me contente de me percher sur le balcon arrière, à côté de la barre, et de regarder la soirée de loin.
Le Frimeur ne me suit pas. Il me scrute un moment, cherchant sans doute une incertitude qui n’existe pas sur mon visage. Puis Baptiste lui tend un verre et il le boit cul sec avant de retourner sur la piste de danse improvisée.
Je compte en profiter pour aller me coucher, mais un des inconnus a décidé que c’était le bon moment pour sabrer une bouteille de champagne avec un couteau de cuisine. Je me précipite sur le malheureux avant qu’il ne puisse se trancher la main et transformer mon expédition scientifique en séjour à l’hôpital.
Ses amis ont l’air de trouver l’incident très drôle. Ils se servent à la bouteille décapitée, malgré les risques d’ingérer du verre pilé, et entraînent le miraculé vers de nouveaux déboires.
Je suis juste assez rapide pour rattraper la bouteille vide avant qu’elle ne roule à la mer. Je m’empresse de la mettre en sécurité que déjà j’entends un cri d’excitation qui n’inaugure rien de bon. J’avais vu juste : un autre boulet a décidé de “faire de la tyrolienne” le long de l’attache de l’ancre.
Après ça, je passe ma soirée à m’assurer que personne ne détruise quoi que ce soit. Ce qui se révèle une mission bien plus compliquée qu’on pourrait le croire sur un voilier de trente-deux pieds. Je n’ai absolument pas les moyens de payer la caution s’il arrive quoi que ce soit au Beau Soleil, et je vois déjà la tête de Grognon-en-Chef si je dois lui expliquer que l’université doit débourser des frais supplémentaires. Déjà que je ne sais pas s’il va payer pour cette semaine.
D’autre part, les quatre squatteurs ne sont pas venus les mains vides. Ils ont ramené encore davantage d’alcool, comme si le saladier de punch n’était pas assez grand. À mesure que leur alcoolémie augmente, je sens leur discernement décroître.
C’est ainsi que je me retrouve à en empêcher un de monter au mât et un autre de défaire les cordages. Pire, ils ne semblent n’avoir aucun scrupule à jeter leurs restes à l’eau. J’ai cependant dû abandonner l’idée de garder le bateau propre. En quelques heures, des détritus jonchent le sol de toute part, les banquettes sont tâchées et la salle de bain devra être passée au désinfectant.
Anthony et Baptiste sont évidemment à fond dans ce cirque. Baptiste danse sur la table, évitant de justesse de renverser les plats qu’Anaïs apporte et remporte au fur et à mesure. Le Frimeur se pavane avec ses pas de danse. L’une des nouveaux arrivants ne semble d’ailleurs pas imperméable à ses charmes. Elle tente même une approche et pose une main sur son épaule.
J’essaie autant que possible de ne pas assister à ce spectacle désobligeant. Pourtant, à chaque fois que je passe à proximité du Frimeur, je ne peux m’empêcher de lui jeter un regard de reproche. En retour, sa moue est pleine de challenge. S’il fait ça pour me rendre jalouse, il est vraiment stupide.
Malheureusement, empêcher la Brute de détruire le voilier commence à ressembler à un travail à plein temps et je suis constamment obligée de lui rappeler de faire attention, voir de le sauver d’une mauvaise chute. Non seulement, il ne me remercie pas, mais ses gaffes m’obligent à assister à la parade de coq du Frimeur, qui se rapproche de plus en plus de Main-Balladeuse au sourire parfait.
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Margo H
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Cécile G
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Patricia Eckert Eschenbrenner
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Cyrielle Lenge
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Manu L. GARAMOND
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