Fyctia
18 - Danser un peu trop près
Anaïs se saisit d’un plateau et l’emporte vers la piste de danse improvisée. Son arrivée est saluée par les hourras de nos invités, qui se précipitent sur la nourriture sans une seule arrière-pensée pour ce qu’ils ingèrent.
Je m’empare d’un bâtonnet de carotte et croque dedans avec rage.
— Quelle attitude sexy, commente Anthony.
Il s’installe à côté de moi contre le balcon arrière. Juste à côté de moi. Quelques centimètres de plus et il se retrouve à me marcher sur les pieds. Je me renfrogne immédiatement et me décale. Visiblement, il n’est plus fâché. Ou alors, l’alcool a effacé tous ses souvenirs.
— Alors ça te plaît ?
Je m’abstiens de tout commentaire devant sa mine réjouie comme s’il venait de réaliser un exploit et non de dépenser l’équivalent du salaire annuel d’une famille d’Asie du sud-est en un seul repas.
— Est-ce que tu as un dédoublement de personnalité ? Ou alors, tu es amnésique ?
Il me fait son sourire en coin.
— Oh ça va ! Je ne vais pas rester fâché toute la semaine pour des saucisses !
Sans aller jusque-là, je ne sais pas si je peux oublier qu’il méprise son environnement ou qu’il se fiche de mes recherches.
— Danse avec moi ! ordonne-t-il.
— Quoi ?
Il n’attend pas que je comprenne. Il me saisit par la main et m’entraîne à sa suite vers la plage avant. Là, au milieu des inconnus déjà essoufflés par l’exercice et l’alcool, il se colle à moi et se trémousse au son de la musique.
Mon corps se raidit à cause du contact, mais un élan d’excitation m’électrise et sans que je sache comment, je me retrouve à bouger en rythme avec les autres. Bientôt les invités disparaissent en arrière-plan. Leurs éclats de voix deviennent un simple brouhaha qui se confond avec la musique et il ne reste que son corps contre le mien. Il s’est rhabillé d’un pantalon noir et une chemise de lin blanche qui ne cache rien des sillons creusés par ses muscles. Sa manière de bouger est fluide, presque trop pour quelqu’un d’aussi imposant. Son regard brille autant que les lumières et sa grimace s’est transformée en un vrai sourire, symétrique et facile. Il pose ses mains sur ma taille et je le laisse faire. Quand les miennes trouvent ses épaules, une étrange chaleur se répand dans mes entrailles.
Soudain, je ne suis plus Manon Fabre, doctorante, mais seulement Manon, en vacances dans les îles d’or. Et la sensation est incroyable ! J’ai l’impression de flotter et non pas de danser d’un pied sur l’autre. Tout me paraît plus brillant, plus fort, plus puissant.
Je croise le regard d’Anthony et je lui lance un grand sourire. Je me sens ivre sans avoir consommé une seule goutte d’alcool.
Mais ce n’est pas son cas et je m’en rappelle trop tard. Ce n’est que quand ses lèvres ne sont qu’à quelques centimètres des miennes qui je me souviens que je suis dans les bras du Frimeur, qu’il a bu, que je ne suis pas en vacances.
Je lui attrape les poignets. Il a pleins de questions dans le regard mais je ne le laisse pas les poser et je m’enfuis.
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L. M. Volange
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