Fyctia
16 - Boire pour oublier
Anaïs nous apporte un jus d’oranges pressées alors que je surveille Anthony qui nage vers le rivage en tirant sa cave à vin derrière lui. Ma meilleure amie le suit du regard avant de repasser sur Baptiste qui se sert un verre. Je vois l’envie sur son visage. De manière égoïste, je me retiens de lui proposer de les suivre. Je ne peux pas nager avec l’ordinateur portable que j’ai toujours entre les bras.
— Tu ne veux pas poser ça ? propose Nana. Tu ne vas pas travailler au milieu de tous ces gens qui s’amusent, si ?
Ma gorge se sert parce qu’elle touche juste : je ne bosse pas.
— Je n’arrive pas à me concentrer avec tout ce bruit !
Je fais un grand geste autour de nous qui englobe les oiseaux qui piaillent au-dessus de nos têtes, les cordes qui claquent contre le mât, les éclats de voix des vacanciers qui dînent, les plongeons de ceux qui profitent d’un dernier bain et même le clapotis de l’eau contre la coque.
— Tu ne peux pas venir dans un des lieux les plus touristiques de la côte et te plaindre du bruit !
Je hausse les épaules. Mes dernières vacances remontent à la fin de mon master, trois ans plus tôt. De toute manière, je n’ai jamais fait ce genre d’excursion uniquement pour mon loisir. Pourquoi utiliser du carburant, venir déranger les animaux dans leurs habitat naturel sans contribuer à rendre le monde meilleur ?
— Tu es consciente que tu n’es pas censée travailler l’intégralité de ton temps éveillé ?
Je hausse de nouveau les épaules. Dans un mois, j’aurais ma thèse. J’espère alors trouver un poste qui me laisse un peu plus de temps libre. Ce train de pensée n’est pas mieux que celui de ma non-motivation, cependant, car je n’ai toujours pas signé de contrat. Je pourrais postuler pour rejoindre le département de biologie, mais la perspective de continuer de côtoyer Grognon-en-Chef me retient encore.
Anaïs n’a pas tort. Je pourrais poser mon ordinateur dans un coin et m’amuser comme tous les gens autour de nous. Mais l’idée seule de me séparer de mon outil de travail me provoque un sentiment de manque.
Anthony et Baptiste ont été rejoints par quatre jeunes. À eux six, les bouteilles se vident vite et bientôt, ils reviennent vers nous dans le zodiac des touristes.
— Tu crois qu’ils se connaissent ? me demande Anaïs.
Je secoue la tête pour signifier que je n’en sais rien.
— Pourquoi ils les ramènent sur mon voilier ?
Car l’embarcation légère ne rejoint pas le petit bateau des quatre jeunes, mais le nôtre !
Je m’empresse de ramasser mes affaires de travail et d’aller les mettre à l’abri dans ma cabine, alors que j’entends Anthony les aider à monter à bord.
— On va prendre l’apéro ! claironne-t-il.
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elia
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