Fyctia
11 - Le Danger
Si Anthony est aussi bouleversé que moi, il n’en laisse rien paraître. Il continue, inexorablement, jusqu’à ce que nous puissions terminer d’enrouler la corde à la manivelle du winch. Nous finissons la procédure et bientôt, la grande voile est tendue jusqu’au sommet du mat.
— Tadam ! Je pourrais passer mon permis bateau, moi aussi !
— Humpf !
Apparemment Baptiste n’est pas d’accord. Ça fait rire Anthony qui fait un doigt d’honneur à son pote, avant de se pencher vers moi.
— Admire cette magnifique utilisation de muscles soi-disant artificiels !
Je ne peux m’empêcher de sourire.
— J’imagine que ça justifie la dépense d’électricité, à tes yeux.
— Oh, alors il faut obligatoirement être dehors pour faire du sport ?
Je hausse les épaules.
— Est-ce que tu peux vraiment recréer ça derrière un écran ?
J’écarte les bras et tourne sur moi-même pour englober toute la splendeur de la Méditerranée.
— OK, OK ! Je veux bien te concéder ça !
— Il va falloir s’attaquer au vrai danger, la voile avant.
Il regarde en direction de l’étai, le câble qui retient le mat vers l’avant.
— Ça risque de faire basculer le voilier ?
— Nan, nan, c’est qu’il va falloir faire bouger ton pote. Là où il est, il risque de se prendre le génois, enfin la voile avant, dans la tête.
Anthony lève les yeux au ciel.
— Et genre, ce serait dangereux de lui demander de se décaler ?
— Je pense que c’est dangereux de lui parler tout court.
Il sourit et entre dans mon jeu :
— Très bien. Dans ce cas, regarde un professionnel à l’œuvre.
Il met ses mains en porte-voix pour se faire entendre par-dessus le clapotis de l’eau et les cris des oiseaux.
— Hé, Babou ! Bouge !
L’intéressé lui rend son doigt d’honneur de tout à l’heure, mais déménage avec son verre de vin.
— Je vois que tu as de l’expérience.
— Il n’y a pas que là-dedans que j’ai de l’expérience.
Je n’en doute pas.
Sans relever, je fais un signe à Anaïs, qui déclenche l’enrouleur depuis le cockpit. Le génois se déroule et vient entourer toute la partie gauche du bateau, jusqu’à recouvrir une partie de la grande voile. Pendant ce temps, je me place près de l’écoute, que j’attache une fois le déploiement achevé.
Anthony tape dans ses mains.
— Bon, ben, ça c’est fait ! Je retourne prendre l’apéro !
Je me demande bien ce qu’ils vont faire à l’heure de l’apéro s’ils l’ont déjà bu autant en fin d’après-midi. Malheureusement, le Frimeur se méprend sur ma grimace :
— Ah moins que tu ne veuilles aller tester le confort discutable de ces couchettes ?
Je le plante là et retourne voir Anaïs à la barre.
— Personne n’a été éjecté. Ce qui est bien dommage.
Ses épaules m’ont l’air bien tendues, alors qu’elle dirige le bateau vers le sud-est. Je crois que la situation ne lui plaît pas beaucoup plus que moi.
Les deux passagers clandestins ont repris leur beuverie sur la plage avant.
— Ils vont être ronds avant d’arriver, maugréé-je.
Elle hausse les épaules et lâche un soupir qui pourrait propulser le bateau plus vite que le vent.
— Ils sont en vacances, après tout. On peut difficilement leur imposer d’être sobres, en plus d’aller là où on veut.
Je ne peux m’empêcher de penser qu’on court à la catastrophe. Mais que peut-on bien y faire, maintenant ?
— On est dans le même bateau…
J’aurais au moins eu le mérite de faire sourire Nana, même si elle lève les yeux au ciel.
— Il faut vraiment que tu apprennes de nouvelles blagues.
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Cécile G
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Patricia Eckert Eschenbrenner
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