AnnaK Si tu te noies, ne m'appelle pas ! 10 - La Chaleur

10 - La Chaleur

— Tu m’aides à retirer la housse ?

Elle me suit jusqu’à la baume. Quand nous nous approchons, Baptiste s’enfuit à l’avant du bateau.

— Il a l’air vraiment fâché !

Elle hausse les épaules.

— Ça ne devrait pas durer : je suppose que tu leur as laissé la cabine ?

— Ils auraient mal dormi dans la petite, ce serait pas sympa de garder la grande pour nous.

J’évite soigneusement son regard, mais c’est peine perdue.

— Allez, dis-moi comment Anthony a réussi à te convaincre d’y renoncer ?

Je n’ai pas le temps d’inventer un mensonge que l’intéressé sort de sa tanière. Il suffit qu’il se tourne vers moi pour que je sente mon corps se raidir des pieds à la tête. Il me fait son petit sourire en coin et s’en va rejoindre son pote, une bouteille de rosé à la main.

J’hésite à en profiter pour lui piquer la cabine, mais je renonce. Non seulement il est capable de l’avoir piégée, mais en plus, il pourrait très bien recommencer son petit jeu de Frimeur.

— Je vois… Je crois que je sais comment il a fait… commente Anaïs.

Je refuse de lui donner une confirmation.

— Tu vas arriver à hisser la voile ? demande-t-elle.

— Je sens que je vais avoir une aide exceptionnelle.

Anaïs éclate de rire et me soupire un “bon courage” en retournant à la barre pour initier la manœuvre.

Quand mon tour vient, j’utilise tout mon poids pour tirer sur la drisse et monter la voile. Sauf que j’avais oublié à quel point cette saloperie était lourde. Mes soixante kilos sont bien en peine contre le poids de la grande voile et mes grands mouvements des bras ne la font progresser que par centimètres le long du mat.

Au bout de quelques minutes d’effort intense, je suis suffisamment désespérée pour demander de l’aide. Comme Anaïs doit rester à la barre, les options sont limitées.

— Hé les deux pochtrons, vous ne pouvez pas venir aider ?

Il se peut que ce soit sorti avec un peu moins de maturité que ce que j’envisageais à la base. L’insulte ne les fait pas réagir plus que ça. Anthony me fait coucou de la main, comme si j’allais être charmée alors que je suis en sueur, suspendue aux cordes du voilier.

— Bah, alors l’Intello ? La physique ne suffit pas à te tirer de là ? Il te faut l’aide d’un homme, un vrai ?

Il ne m’avait pas appelé l’Intello depuis le lycée et cette fameuse dispute où j’avais fini par lui répondre qu’il valait mieux être une binoclarde studieuse qu’un profiteur qui comptait sur son père pour trouver un travail. Je ne sais pas trop quoi en penser : une seconde, il a l’air déterminé à me séduire, comme s’il avait tout oublié ; la seconde d’après, il retrouve ses vieux travers.

Je tente de l’aider un peu à se décider.

Je m’accroche à la drisse et tire dessus les reins cambrées, dans ce que j’espère être une posture sensuelle. Bien sûr, ça ne marche pas du tout pour hisser la voile. Mais ça a le mérite de lui faire poser son verre et me rejoindre. Baptiste se détourne, comme si nous offrions un spectacle trop indécent pour qu’il regarde une seconde de plus. À la place, il se ressert un verre, résolument tourné vers l’océan.

— Comment je peux t’aider ?

J’ai à peine ouvert la bouche pour expliquer qu’il s’est placé derrière moi et a saisi la corde à deux mains. Sa proximité me fait frissonner mais il ne me laisse pas m’échapper.

Prisonnière de ses bras, je n’arrive pas à penser à autre chose qu’à son odeur, sa chaleur, la douceur de la peau de ses bras qui effleurent les miens.

— Je suppose qu’il faut tirer, murmure-t-il à mon oreille.

Il fait bouger la corde d’un flexion des biceps. Je suis entraînée par le mouvement et nous bougeons en synchronisation. La friction de son ventre contre mon dos réveille toutes mes terminaisons nerveuses. La sensation est incroyable, comme si d’un coup, je devenais hypersensible à mon environnement. Le soleil me fait plisser des yeux, les cris des goélands me semblent omniprésents. Je sens la sueur qui perle entre mes seins.

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22 commentaires

Gaëlle K. Kempeneers

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Il y a 2 ans

Mais quel frimeur ! 🙄 Maison 😏😏😏 quand même 😜

Ninja

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Il y a 2 ans

Je rattrape mon retard

Cécile G

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Il y a 2 ans

Un chapitre qui favorise le rapprochement, mais, cette fois, c'est la première fois que je pense que Manon y est favorable. Avant, j'avais compris l'attirance qu'elle ressentait pour Anthony, mais elle me donnait l'impression de vouloir la réprimer. Par contre, je me demande comment elle fait d'habitude pour hisser la voile puisqu'elle est seule avec Anaïs, qui ne doit pas pouvoir davantage l'aider qu'aujourd'hui, je suppose?

AnnaK

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Il y a 2 ans

Elle galère 🤣 merci pour ton commentaire 🥰🥰🥰

Patricia Eckert Eschenbrenner

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Il y a 2 ans

C'est chauuud la voile dis donc 🤭

AnnaK

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Il y a 2 ans

⛵ c'est trop bien surtout 🥰🥰🥰🥰

Alexiane Thill et Luna Joice

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Il y a 2 ans

Comment passer du drolesque à la sensualité, pas mal du tout ! J'ai beaucoup aimé la transition, elle coule toute seule et ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe

AnnaK

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Il y a 2 ans

Merci 🥰💖

Riley Evergreen

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Il y a 2 ans

Muy caliente ce hissage de voiles, heureusement qu'il y a de quoi se rafraîchir à proximité ^^

AnnaK

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Il y a 2 ans

Plus qu'à sauter par-dessus bord 🤣🤣🤣
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