Fyctia

J’ai un peu peur de ce qui va suivre. S’il pense que j’accepterais de sortir avec lui en échange de partager le Beau Soleil, il peut toujours rêver. Je me renfrogne. Que pourrait-il bien demander d’autre ?

— Quelle condition ?

Il désigne le voilier.

— On peut partager le bateau, mais on ne rentre pas au port avant samedi.

Je lève les yeux au ciel. Pourquoi ne veut-il pas rentrer de la semaine, alors qu’il est en vacances ? Peut-être qu’il considère qu’un voilier est fait pour être en mer et pas dans un port… mais bizarrement, je sens qu’il y a autre chose derrière sa demande.

— Euh, OK !

Je m’attendais à tellement pire comme condition que je ne demande pas ses raisons. De toute manière, je n’avais pas l’intention de rentrer, n’en déplaise à Grognon-en-Chef et ses demandes irréalistes. Le planning des cinq jours est déjà plein à craquer entre les navigations et les analyses, je ne peux pas me permettre de prendre du temps là-dessus pour lui apporter ma thèse qu’il ne lira de toute manière pas avant lundi prochain.

— Où aviez-vous prévu d’aller ? demande Anaïs.

Bonne question parce que, nous, on n’a pas vraiment le choix de la destination. Mes études se font dans des sites bien précis, répertoriés depuis des mois et sur lesquels j’ai des autorisations pour plonger et analyser l’herbier.

Anthony hausse les épaules, comme si peu lui importait.

— Je sais pas, faut voir avec Baptiste, c’est lui le skipper.

Qui loue un véhicule et ne sait pas où il va ?

Tous mes sens passent au rouge, en mode : “ça sent le roussi”. Enfin, le Roussel, dans le cas présent.