Fyctia
Chapitre 34
— Moi je voudrais faire un métier où on peut faire l'apéro tous les soirs, déclara gravement Enzo.
— Mais ce n'est pas un métier ça, Enzo, tenta de rattraper Léonie.
— Ah bah, si. Mon tonton il est gendarme, et avec ses copains, ils font l'apéro tous les soirs. Mais attention, la journée par contre, il arrête des skisskopathes.
— Bah moi mon papa, enchaîna Théo, c'est lui qui sert l'apéro aux gendarmes, mais le midi. Sûrement que ceux-là, ils doivent arrêter des skisskopathes plutôt la nuit.
La candeur des deux pitres de la classe amusa Léonie et elle se retint de ne pas s'esclaffer. Leur innocence fut le plus doux des onguents sur sa mauvaise humeur matinale.
Après le départ de Sabrina, elle avait sombré dans la plus navrante des dépressions, une douzaine de tablettes de chocolat ouvertes devant elle pour lui tenir compagnie, le tout arrosé d'une bouteille de Monbazillac fraîchement sortie du réfrigérateur. Rien n'y avait fait, pas même Patrick Swayze tortillant ses fesses sur des airs de Mambo et de Salsa.
La peine précéda l'humiliation et la honte, avant que la culpabilité et les remords finirent d'ensevelir son moral en berne à 20.000 lieues sous la terre.
Elle était si désespérée en allant se coucher qu'elle aurait presque eu envie de mourir.
Malheureusement pour elle, les deux seules méthodes qui lui paraissaient acceptables pour mettre fin à ses jours étaient une overdose due à l'ingestion massive de Nutella, ou une crise cardiaque provoquée par un coït apocalyptique avec Chris Hemsworth.
N'ayant pas assez en quantité du premier, et pas du tout le deuxième, elle abandonna l'idée et décida de se condamner aux travaux forcés à vie dans son école. Un lieu où elle mourrait à l'âge de cent-douze ans, seule, célibataire depuis si longtemps que même Célia, sa voisine de palier, ferait à côté figure d'actrice X shootée aux hormones de Bonobo.
On retrouverait son corps décharné et dévoré par les pigeons, volatiles devenus l'espèce dominante de la cité Parisienne.
Mais ce matin, elle s'était levée d'une tout autre humeur. Le poids trop lourd de son chagrin avait cédé sous celui, bien plus léger et facile à porter, de la colère. Il n'était plus question d'être une victime et de se laisser pourrir la vie.
Non, surtout pas. Il s'est foutu de moi ? OK. C'est pas le premier, et sans doute pas le dernier. Que ferait Sabrina à ma place ? Bon, d'accord, il est pas né le gars qui ne lui donnerait pas de ses nouvelles après ne serait-ce que dix-sept nanosecondes de sexe avec elle. Mais bon, admettons que ça lui arrive. Eh bien jamais elle ne déprimerait et ne laisserait une telle histoire lui miner l'existence. Non, elle ne verrait que le positif de la situation.
Elle essaya.
Alors, j'ai failli trouver l'homme de ma vie, le futur père de mes expériences gynécologiques, mon âme sœur, l'être avec qui j'aurais pu vieillir et rester jusqu'à mon dernier souffle.
Gloups.
Ah non, ça c'est le petit point négatif. Allez, creuse-toi la tête ma vieille. Bon, j'ai eu plus d'orgasmes en une semaine qu'en toute une vie, au point que je me suis demandé s'il était pas chercheur en anatomie féminine au CNRS. J'ai eu la chance de rencontrer un mec super avec qui j'ai partagé de magnifiques soirées.
Re-gloups.
Il a su me sortir de mon quotidien, et malgré tout me donner confiance en moi. Il m'a montré que je pouvais séduire.
La confiance revint peu à peu.
Que je pouvais moi aussi rencontrer et me taper un mec extra, canon, et que je le méritais.
Puis céda à la colère.
S’il s'est foutu de moi, eh bien qu'il aille au diable ! C'est lui qui regrettera de m'avoir perdue, pas le contraire !
Survoltée, tel un boxeur écoutant les conseils de son coach avant un match, elle se rua alors sur son sac d'école, jeta son téléphone qu'elle ne voulait plus voir dans un recoin de la pièce et sortit de son appartement tel Flash McQueen bouclant le dernier tour de la Piston Cup.
Dix secondes plus tard, un bong bong régulier résonnait dans le couloir, sa tête se cognant contre la porte qu'elle venait de claquer de dépit alors qu’elle réalisait qu'elle était partie une fois de plus sans ses clés.
11 commentaires
Sylvie De Carvalho
-
Il y a 2 ans
Philippe Colin
-
Il y a 2 ans
pepito40465
-
Il y a 2 ans
Céline line
-
Il y a 2 ans
Isabelle lardeur
-
Il y a 2 ans
Valérie Chopin
-
Il y a 2 ans
Annie.
-
Il y a 2 ans
Sophie Galerne deglane
-
Il y a 2 ans
Promesse d'encre
-
Il y a 2 ans
Patrick Swayze
-
Il y a 2 ans