Fyctia
Le désespoir… (encore !)
Je claque la porte derrière moi et fonce vers les ascenseurs, sans me retourner. Je ne sais pas comment je fais, mais j’ai vraiment le chic pour n’attirer que des pauvres cons ! Je n’en peux plus de ces sales types qui jouent les jolis cœurs le soir, pour se révéler sous leur plus beau jour (oui, sentez bien l’ironie dans ce propos) au petit matin. Pourtant, ce mec avait réellement l’air bien, hier soir, je vous assure !
Non, sans rire, je désespère de trouver un jour cet homme parfait, qui me traitera comme une reine… Sa reine !
Oui, je sais ce que vous allez me dire, mon petit frère me le répète toujours ! « Le prince charmant, ça n’existe pas ! Faut vraiment que tu grandisses et que tu sortes de tes contes de fées et de tes histoires à l’eau de rose… ».
Sauf que non ! Moi, je sais qu’il existe !
Ma mère l’a bien trouvé, elle, et deux fois en plus ! D’abord, mon père biologique, quand elle était jeune puis, quelques années après la mort tragique de son premier amour, mon père adoptif… Alors, non ! Ne me dites pas que ce genre d’homme, parfait sous tous les rapports, n’existe pas, parce que… Mais merde quoi ! Si ma mère l’a rencontré deux fois, pourquoi, moi, je ne pourrais pas avoir cette chance, au moins une fois dans ma vie !? Juste une… Je ne demande pas l’impossible quand même ! Si ?
Lorsque j’arrive dans la rue, je n’ai aucune envie de rentrer chez moi. Je vis en colocation avec Romuald, mon petit frère qui, lui aussi, est un beau connard avec la gent féminine… Entendez par-là que — comme tous les autres hommes du monde entier, visiblement ! — il se sert des filles comme des kleenex : il les sort, les utilise et les jette ! Enfin bref, aujourd’hui plus que d’habitude encore, je refuse de tomber sur la fille qui a partagé ses draps et se verra, comme moi quelques minutes plus tôt, mise à la porte avec un gentil « C’était cool ! À une prochaine peut-être ? ».
Bande d’abrutis d’hommes de Cro-Magnon !!!
J’avoue, je ne suis pas fair-play sur ce coup, mais je n’y peux rien ! Même si j’adore mon petit frère, parfois, son comportement m’exaspère !
Je hèle le premier taxi qui passe et grimpe dedans, puis je donne, sans réfléchir, l’adresse de Louka. Même si je n’ai aucun lien de sang avec lui, je considère ce type comme mon frère. Lui, au moins, ne m’a jamais déçue ! Et c’est le seul homme de mon entourage — mon père mis à part — pour lequel je peux dire ça ! Dommage qu’il soit gay, parce qu’entre nous, c’est un mec comme lui qu’il me faudrait ! Enfin, je suppose… Parce qu’en étant honnête, je ne l’ai jamais vu avec une de ses conquêtes. D’ailleurs, il n’en parle jamais non plus. Comme quoi, pour certains mecs, il y a des sujets plus intéressants que leur… BIP ! (oui, désolée, j’ai quand même quelques limites de langage…)
Une fois ma course réglée, je grimpe l’escalier et sonne. Rapidement, la porte s’ouvre.
— Quoi ? Mais qu’est-ce que tu fiches ici, toi ?
— Hey ! Salut, sœurette ! Tu vas bien ?
Je baragouine des trucs complètement incompréhensibles, même pour moi, tandis que mon petit frère me serre si fort contre son torse qu’on dirait qu’il ne m’a pas vu depuis des années ! La vérité, c’est que je ne voulais surtout pas tomber sur lui ce matin. Il lit en moi comme dans un livre ouvert et, contrairement à mon meilleur ami, il ne mâche pas ses mots pour me tirer les vers du nez.
— Ho, ma grande sœur est encore tombée sur un sale con, pas vrai !
— La ferme ! lui asséné-je, en le bousculant pour entrer dans l’appartement de Louka. Et explique-moi plutôt ce que tu fiches ici si tôt, d’abord.
— On part ensemble pour le weekend, répond la voix posée de mon ami derrière mon dos.
Oui, j’ai oublié de vous dire, mais Louka est aussi le meilleur ami de mon frère. On a grandi ensemble, tous les trois, dans les coulisses de la tournée de nos paternels. Fred, le père de Louka, était le bassiste du nôtre — le chanteur, donc. Alors, quand c’étaient les vacances et que nos mères rejoignaient leurs chers et tendres sur les routes de France, nous, on traînait ensemble. On a passé de supers moments et, à l’âge adulte, on est restés très proches. Louka et Romuald sont d’ailleurs membres du même groupe de musique et, ce weekend, il était en effet prévu qu’ils partent ensemble à Ibiza, pour se détendre avant de commencer, eux-mêmes, leur propre tour des salles françaises, en première partie de nos pères, dès la semaine prochaine.
— Ho, grimacé-je. C’est vrai, ça m’était sorti de la tête. Je vais vous laisser, dans ce cas. Je suppose que vous êtes en train de préparer toutes vos affaires !
— Pourquoi tu ne viendrais pas avec nous ? me propose Louka.
— T’es sérieux, mec ? Tu veux vraiment qu’elle vienne avec nous ? Tu sais que ce ne sera pas du tout le même délire avec une meuf dans nos pattes !
— La ferme, Romu ! Tu vois qu’elle a le blues, non ?
— Comme à chaque fois qu’elle décide de coucher avec un mec ! Tu la connais autant que moi, Louka. Tant qu’elle continuera de croire à sa connerie de prince charmant, elle souffrira ! Et ce n’est pas en la prenant avec nous deux jours à Ibiza que ça y changera quelque chose.
Louka lui jette un regard mauvais, tandis que moi, je bouillonne.
— Eh oh, les gars, je suis là ! Si vous pouviez arrêter de parler comme si je n’étais pas présente, ce serait vraiment cool.
Je laisse traîner ce dernier mot avec amertume. Quand je vous disais que mon frère était un Cro-Magnon ! Vous voyez mieux l’allusion, maintenant ?
Le regard de Louka revient vers moi et, faisant fi des dernières paroles de mon frère, il reprend avec beaucoup de douceur dans la voix.
— Tu avais quelque chose de prévu ce weekend ?
— Quoi !? Mais Lou…
— Ta gueule, Ro ! change-t-il de ton immédiatement en coupant son ami et en se tournant vers lui. Je ne laisserai pas Vic ici toute seule, pas dans cet état.
Je souris comme une idiote à ces propos. Il est le seul à m’appeler Vic. Les autres, eux, m’ont gardé ce surnom débile de Viquette qu’on me donnait déjà quand j’étais gamine et que j’adorais à l’époque — quand j’avais cinq ans, en gros ! — mais Louka, lui, a compris que je le détestais depuis longtemps et ne l’utilise plus jamais.
— Je te préviens, reprend mon frère, c’est ton idée donc, c’est toi son baby-sitter ce weekend ! Moi, j’avais d’autres projets…
— On se demande bien lesquels, tiens ! je rétorque, en stéréo avec notre ami, ce qui nous vaut un fou rire complice, à lui et moi.
Puis il me regarde intensément, et ajoute :
— J’accepte de te baby-sitter sans souci. Si tu es partante, bien sûr…
Il conclut sa phrase avec un clin d’œil et je fonce le serrer dans mes bras, sous le regard agacé de mon frangin.
64 commentaires
Nathyeywrites
-
Il y a un an
Aaron. J. Govan
-
Il y a un an
Elisa Antoine
-
Il y a un an
Aaron. J. Govan
-
Il y a un an
Eidole LPL
-
Il y a un an
Elisa Antoine
-
Il y a un an
Eidole LPL
-
Il y a un an
Misa Miliko
-
Il y a un an
Elisa Antoine
-
Il y a un an
Dina Genova
-
Il y a un an