Fyctia
Confidence (2)
Elle s'effondre sur le canapé. Je l'imite.
— Qu'est-ce qui se passe ? T'as revu un de tes ex ?
— Non, ma copine Rose est venue au cabinet à midi... elle a un peu fouiné sur Internet pour savoir ce qu'était devenu l'un d'eux...
Je me prépare, il va bientôt être le moment de mettre mes talents de comédien à l'épreuve.
— Figure-toi qu'elle a déjà fait ça après avoir appris qu'Aurélien était devenu DJ... Elle avait tapé le nom de mon dernier ex sur Google et tu sais quoi ?
Oui, je sais, mais je fais non de la tête.
— On a découvert qu'il était maintenant un architecte de renommée internationale ! Et aujourd'hui, elle débarque en me disant que le premier homme avec qui j'ai emménagé vend ses peintures à plus de 150 000 euros ! Tu y crois à ça, toi ?
— Wow ! C'est dingue.
Je me lève du canapé. Je ne suis pas encore prêt pour les Oscars.
— Il va te falloir un petit remontant pour digérer tout ça.
Je me dirige vers la cuisine. Pendant que je lui tourne le dos, je n'ai pas à jouer la comédie. En fait, c'est moi qui vais avoir besoin d'un verre de la bouteille de vodka entamée. Je m'en sers généreusement et lui apporte une dose plus raisonnable en retournant m'asseoir auprès d'elle.
— Merci, dit-elle avant d'en boire une grosse goulée.
Elle reprend, le regard vissé sur le téléviseur éteint.
— Ensuite, elle a voulu me parler du seul ex dont je ne veux même plus entendre le nom... Je l'ai mise à la porte...
Je tends l'oreille. Je vais peut-être enfin en apprendre plus sur cet homme qui a partagé sa vie juste après le peintre et juste avant le DJ. Ont-ils habité ensemble ? Deux mois ? Plus ? Moins ? Etait-il complètement raté ou avait-il une bonne situation ? Et surtout, comment s'appelait-il ? J'ai besoin de cette information pour mes recherches. Mais, son regard vert perdu dans sa vodka, Clémentine ne parle plus.
Je tente une approche subtile :
— Je sais que tu n'aimes pas parler de tes ex...Mais si tu en as envie, je suis là...
Elle relève la tête pour me dévisager. Elle a l'air fragile. J'ai envie de la consoler, de l'embrasser comme je l'avais fait samedi soir. Je me retiens.
Clémentine prend une profonde inspiration et se confesse.
— Il faisait du théâtre... je le trouvais différent des autres... plus mature, plus cultivé... Je lui avais dit que j'étais la fille d'Aria Fleury, comme une idiote. Je pensais qu'on était bien tous les deux, je ne me méfiais pas. Il voulait que je lui présente mes amis, ma famille... Un soir, même si c'est pas mon truc, on est allé à l'avant-première d'un film dans lequel tournait ma mère. Je me disais qu'il rêvait d'être comédien et que c'était normal qu'il veuille rencontrer du monde de ce milieu là. Mais c'était seulement ma mère qui l'intéressait...
Elle fait une pause pour terminer son verre d'un trait. Je n'ose pas bouger.
— ... Je l'ai vu l'embrasser.
J'en reste sans voix. Je m'attendais à un truc tordu mais là, ça dépasse tout ce que j'avais imaginé.
— Ma mère ne savait pas que c'était mon petit ami mais lui, il savait pertinemment qui elle était. Depuis le début. Il avait toujours su que j'étais sa fille et son seul objectif, c'était de se rapprocher d'elle. Par tous les moyens. Quitte à devoir sortir avec moi.
Sa voix se brise un peu. Je serre les poings. Je suis en colère contre ce type, contre moi. Je m'en veux, j'ai l'impression de lui avoir volé cette confession. Et c'était pourtant bien ce que j'essayais de faire.
Je l'entoure de mes bras. Sa tête vient se nicher dans mon cou. Je sens son souffle chaud, l'odeur fruitée de son shampoing, ses formes féminines se coller à mon torse. Brusquement, je n'éprouve plus de culpabilité. Je suis incapable de ressentir autre chose que du désir.
Clémentine relève son visage. Sa poitrine, toujours écrasée contre mon torse, se soulève à toute vitesse. Sa respiration s'affole. Elle ferme les yeux lorsque ma main effleure sa joue. Elle incline la tête comme pour accentuer le contact de ma paume sur sa peau. Sa main vient se poser au dessus de la mienne.
Je murmure :
— Ce type est vraiment très con.
Un sourire fleurit sur ses lèvres.
— J'ai été conne aussi.
Je la fais taire en posant mon index sur sa bouche.
— Non, toi, t'es sincère, authentique, pétillante...
Je la vois rougir sans savoir si ce sont mes mots, mon regard ou notre proximité physique qui en est l'origine. Probablement, un peu de tout ça.
— C'est tout ? chuchote-t-elle sous mon doigt, taquine.
— Et terriblement sexy, aussi.
Je sens la chaleur remonter à ses joues. Je me penche vers son visage mais lui laisse le choix de faire le chemin restant ou non. Sans doute pour ne pas me sentir le seul fautif, pas tout à fait coupable, pas tout à fait un salaud. Pourtant, l'envie d'écraser mes lèvres contre les siennes est si forte que si elle ne se décide pas très vite, je vais oublier toutes les bonnes manières que je me suis promis d'appliquer avec elle.
Clémentine met fin à mon douloureux supplice en pressant ses lèvres entrouvertes contre les miennes. Je ne réponds plus de rien. Tout en l'embrassant, je pose mes mains sur sa taille et la soulève pour l'installer à califourchon sur mes genoux. Elle émet un petit cri plein de promesses contre ma bouche. Mes mains se faufilent sous son pull, ses doigts font de même sous mon tee-shirt pendant que ma bouche part à l'assaut de la sienne. Je savoure quelques courtes minutes ses caresses avant de prendre l'initiative de me mettre debout. A l'aide de mes bras, je serre bien fort ses cuisses contre mes hanches pour m'assurer qu'elle ne tombe pas en arrière. Je veux me lever mais sans avoir à me détacher d'elle. Je me mets en mouvement. Elle pousse un nouveau petit cri et se raccroche à mon cou, hilare, en m'étreignant bien fort de ses jambes enroulées autour de ma taille. Tout en la portant, je me dirige vers la cuisine et l'installe sur la table.
Dans les yeux de Clémentine rougissante, je lis beaucoup de choses. D'abord de l'incompréhension, puis de la crainte, mêlée à une pointe d'excitation. Je remarque en tout cas qu'elle ne proteste pas et garde cette précieuse information pour plus tard.
— J'ai juste une petite formalité à faire avant de t'emmener dans ta chambre.
Je sens son regard dans mon dos tandis que je m'approche du frigo. J'imagine toutes les idées folles qui doivent lui passer par la tête et ça m'amuse. Ça m'excite aussi. Mais je me suis promis d'y aller doucement avec elle.
Sous ses yeux incrédules, je n'ouvre pas le frigo mais décroche Le règlement de survie pour Bastien. Je me saisis d'un stylo trouvé au fond de la poche de mon jeans et raye la mention inutile : " interdit de pénétrer dans la chambre de Clémentine même en cas d'extrême urgence ". Je lui tends le stylo pour qu'elle signe le nouveau règlement assise en tailleur sur la table de la cuisine. Elle rit. Je l'encourage à se dépêcher, elle s'exécute, la main un peu tremblante. J'abandonne le stylo sans bouchon et le règlement sur la table pour la reprendre dans mes bras, impatient de l'accompagner dans son lit.
5 commentaires
PIERRE SCHOTT
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Il y a 5 ans
Anne-Estelle
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Il y a 5 ans
Elsa Carat
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Il y a 5 ans
Lou.R.Delmond
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Il y a 5 ans
Elsa Carat
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Il y a 5 ans