Lunedelivre Séduis-moi, si tu peux 14.1

14.1

Alors que j’aurais préféré qu’ils s’étirent à l’infini, les jours ont choisi de filer comme des minutes. J’ai à peine eu le temps de réaliser que j’avais accepté ce voyage et organisé mon départ que voilà, on est déjà samedi. Dans quelques heures, je serai dans un avion à destination de Cancún. J’ai beau le répéter, je ne parviens toujours pas à y croire. Il va bien falloir pourtant, parce que je me tiens devant ma porte d’entrée flanquée de mon sac et de mes deux plus grosses valises.

— T’as noté la prochaine visite des Johanson ? demandé-je à Joyce.

Elle hoche la tête avant de m’aider à ouvrir la porte.

— Mercredi prochain à 9 h 30, c’est noté, poupée.

Pour une fois, plutôt que de livrer une bataille inutile, je reste concentrée sur l’essentiel.

— Et tu te souviens quand doit avoir lieu la vente avec Clarisse ?

— Lundi, 15 h, confirme-t-elle du tac au tac.

— Oh et la signature du compromis avec le couple de jeunes parents, comment ils s’appellent déjà…

— Monsieur et Madame Wallace. Dis Lia, t’as l’intention de m’apprendre à faire mon boulot ou… ?

Joyce s’est appuyée contre le chambranle et m’observe, les bras croisés sur la poitrine. Mon stress me percute de plein fouet et je tente de l’expulser par un soupir.

— Bien sûr que non. C’est juste que… ça va être impossible de faire ça toute seule pendant si longtemps et…

Elle lève une main pour m’interrompre.

— Ça tombe bien, parce que je ne serai pas toute seule : le reste de l’équipe sera là pour me seconder. Tu le sais, en plus. Tu es la première à nous remplacer quand on prend des congés.

— Oui bon… D’accord, capitulé-je.

Mais, parce que plus c’est fort que moi, je me sens obligée de demander :

— Et t’es sûre que ça ne te dérange pas de rester chez moi pendant deux semaines ?

Joyce éclate de rire.

— Attends, tu plaisantes là ? En quoi faire la grasse matinée est censé me déranger, Lia ? Je rêve de vivre chez toi. En fait, j’ai déjà tout prévu. Tu peux dire adieu à ta superbe baie vitrée, ma vieille !

— Hm, c’est pas une info que tu aurais dû garder jusqu’à mon départ, ça ?

Elle hausse les épaules.

— Nan, tu me fais pas peur, Chelsea.*

— Ah-ah-ah… Très drôle. T’oublieras pas de fermer les fenêtres, hein ? Tu sais que Pillow s’échappe…

— Ouiiiiii, roh, ça suffit ! T’as pas un taxi qui t’attend, toi ? Aller, oust !

— Si, si j’y vais ! Pense quand même à lui donner ses croquettes matin et…

— Non, mais quelle mère poule !

Joyce me prend dans ses bras afin de couper court à mes tentatives de gagner du temps. Je savoure quelques instants son odeur de fleurs avant d’abdiquer.

— Bon et bien, quand il faut y aller…

— Passe de bonnes vacances, trésor.

— Tu vas me manquer, casse-bonbon.

— Toi aussi poupée.

Après une dernière étreinte un chouïa trop émotive pour un simple départ en vacances, je m’engouffre dans l’ascenseur qui me conduit au rez-de-chaussée. En bon gentleman, mon chauffeur m’aide à mettre mes bagages dans son coffre. Il nous faut ensuite un peu plus d’une heure pour atteindre l’aéroport JFK. Le terminal 4 est particulièrement bondé malgré la saison. Autour de moi, c’est l’effervescence la plus totale. Des familles surchargées tentent de maîtriser des enfants survoltés. Des hommes en costume avancent d’un pas pressé, le nez plongé dans leur téléphone. Des groupes d’amis se rejoignent dans des exclamations ravies… Pour contraster avec toute cette agitation, une voix monotone s’échappe des haut-parleurs afin de livrer des informations aux voyageurs. Une odeur de café flotte dans l’air et m’incite à faire un tour sur moi-même. Je repère alors une charrette pas très loin. Peut-être que j’irai me prendre un chocolat, si j’ai le temps ? J’aperçois justement un écran à quelques pas de là et décide d’abord d’aller vérifier si j’y trouve des indications sur mon vol. Je me fraie un chemin parmi les touristes distraits, peinant à traîner mes valises à cause de leur poids. Après avoir contrôlé sur mon billet le numéro de réservation, je constate que, pour le moment, on ne subit aucun retard. Ça devrait me soulager, et c’est sans doute un peu le cas, mais ce n’est pas suffisant pour apaiser les battements frénétiques de mon cœur.

On dirait que tu t’apprêtes à sauter en parachute et pas à poser tes fesses dans un avion.

Et bien, symboliquement, c’est presque pareil, non ? Après tout, j’ose !

Mouais…

— Youhou, Lia !

La douce voix d’Emma résonne à travers la foule et me fait faire volte-face. Il me faut un moment pour les localiser dans la mare de monde. Lorsque je les aperçois enfin, un immense sourire éclaire mes traits. La présence du couple Williams est sans doute le point le plus positif du bourbier dans lequel je me suis fourrée. Ezra m’a tellement manqué. Et puis, même si je ne la connais pas beaucoup, je suis certaine qu’on va bien s’entendre, Emma et moi. Si on arrive à éviter les deux énergumènes comme Aaron me l’a promis, il se pourrait même qu’on passe un chouette séjour.

— Salut, les amoureux ! m’exclamé-je dès qu’ils arrivent à ma hauteur. Comment ça va ? Prêts pour le départ ?

— Bon sang, oui ! s’écrie Emma. Je n’ai pas posé de congé à Noël dans l’espoir de partir. Là, tout de suite, je rêve d’être en vacances. Je crois que tu ne peux même pas savoir à quel point !

Je glousse.

— Ça tombe bien, parce qu’on y est presque ! Bientôt, tu n’auras plus rien d’autre à faire que te dorer la pilule au soleil.

— Tu sais comment draguer une femme toi, hein ?

Emma ricane puis se recule afin de prendre en photo l’écran derrière moi, sans doute pour l’envoyer à quelqu’un ou mettre une story sur Instagram. Ezra la regarde et secoue la tête, faussement agacé. Ses lèvres incurvées et l’intensité de son regard trahissent la réalité de ses sentiments. Sentant que je l’observe, il tourne la tête dans ma direction et m’offre un clin d’œil complice.

— Au fait. Merci, Lia.

Mes sourcils se redressent et je bats des paupières, pas certaine d’avoir bien entendu.

— De quoi tu me remercies au juste ?

— D’avoir accepté de venir. Emma avait vraiment besoin de s’aérer l’esprit… Peut-être que moi aussi, d’ailleurs. Enfin, merci, c’est tout.

Je n’ai pas tout saisi, mais je ne suis pas certaine que cela me regarde. Je me contente donc d’acquiescer sans poser plus de questions. Je cherche matière à changer de sujet afin de mettre tout le monde plus à l’aise quand une voix surgit derrière moi et me fait sursauter.

— Salut bébé.


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* Chelsea est la petite soeur de Barbie, autrefois appeler Shelly.


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53

53 commentaires

reimna

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Il y a 2 mois

💗💗💗💗 encore un super chapitre, on ressent super bien l'état d'esprit de Lia

sulanatuuu

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Il y a 3 mois

et c'est parti !!!! ahhh !!!

Syteraa

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Il y a 3 mois

"Bébé" par tous les saints ne me dites pas que c'est Cal sinon je vomis 🤢

math_et_ses_books

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Il y a 3 mois

« Bébé » pitié si c’est Cal… 🤢

maddyyds

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Il y a 3 mois

C'est moi où ça pue les dernières phrases avec Emma ? 👀

Juderaa_

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Il y a 3 mois

Joyce pitié elle veut pas partir avec eux ? avec zac aussi siouplait MDR

Lunedelivre

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Il y a 3 mois

😂😂😂😂

Syteraa

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Il y a 3 mois

Tu lâches jamais l'affaire 🤣

Ady Regan

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Il y a 3 mois

Si seulement Joyce pouvait partir avec eux !!! Je l'aime trop 🥰

Lunedelivre

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Il y a 3 mois

On aurait bien rigoler 😂😂😂😂
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