Lunedelivre Séduis-moi, si tu peux 12.2

12.2

— Oh, euh… Oui, on t’a même pas demandé si…

La gêne d’Emma se lit sur l’ensemble de ses traits. Elle lève son menton en direction de son mari, en quête de soutien. L’effervescence de l’annonce de notre victoire s’est totalement évaporée, brisée par mon refus de les accompagner. Ezra se gratte la nuque, mal à l’aise.

— C’est à cause du boulot ? Je sais que les dates tombent assez rapidement, mais…

Les dates. Quelles dates ?

Ils doivent lire l’interrogation dans mon regard, car un ricanement mauvais s’échappe des lèvres de Cal.

— Tu crois vraiment qu’elle a lu le mail ? gronde-t-il.

— Eh, mollo Martinez, le raisonne immédiatement mon ami.

— Je…

Je les regarde tour à tour et contemple leur mine, tantôt défaite, tantôt dépitée, voire en ce qui concerne Alex, carrément dégoutée. Je ne comprends pas ce qu’il se passe. Ce n’est tout de même pas si grave si…

— Sur le mail, il était indiqué que si on s’inscrivait aux jeux, on s’engageait tous à être disponible pour partir à la fin de la semaine prochaine. Ils… Aaron se racle la gorge. Je vois bien qu’il essaie de me ménager le plus possible. Ils ont bien précisé qu’ils effectuaient les réservations avant l’annonce des résultats et que…

— Ce que cherche à dire ton Roméo en clair, le coupe Cal la mâchoire serrée. C’est que si tu ne pars pas, personne ne part.

— Qu-quoi ?

Cal renifle face à mon dépit. Les invités ne manquent rien à notre dispute et me fixent comme si j’étais une bête de foire. Une idiote de la pire espèce. J’ai l’impression de les entendre murmurer : Stupide. Stupide. Stupide. Stupide.

Le cœur au bord des lèvres, un torrent de larmes menaçant de jaillir de mes yeux, je tourne les talons et me précipite en direction des toilettes. Quand j’arrive, il y a une file d’attente si longue que je vais devoir attendre une éternité ne serait-ce que pour me passer un peu d’eau sur le visage. Pourtant, j’en ai besoin. De l’eau. De l’air. N’importe quoi. Il faut que je…

Désespérée, je me laisse glisser à terre et m’avachis contre le premier mur que je trouve. Mes joues trempées trahissent l’état dans lequel je me trouve. Stupide, stupide, stupide, stupide. Je suis vraiment stupide…

— Eh, Lia…

Je n’ai même pas vu qu’il me suivait, mais bien évidemment Aaron est présent à mes côtés. Il s’est assis à côté de moi et ne dit rien. Il reste juste là, à attendre que je sois dans la capacité émotionnelle de formuler ce qui est en train de me ravager l’esprit. Je ne peux pas. C’est trop dur. Ça valait bien la peine de me ruiner depuis plus de six mois en séance de psy, tiens… Je l’entends déjà me rappeler que j’ai fait d’énormes progrès et que parfois, il faut des années pour aller au bout d’une thérapie…

— On s’en fout du voyage, tu sais ?

Distraitement, Aaron se met à jouer avec le bracelet que je porte au poignet. Je le laisse faire, ma respiration se calmant un peu.

— Est-ce que j’aimerais prendre des vacances ? Bon sang, oui ! Alors un voyage tout frais payé ? Ne m’en parle pas ! Et c’est pareil pour les autres, c’est clair. Mais…

Il laisse une pause, me laissant le temps d’appréhender ce qu’il est en train de me dire.

— Ce ne sera jamais au détriment de ce que tu ressens, Amelia. Il est pas question de t’imposer quoi que ce soit. Si tu ne veux pas y aller et bien, tant pis.

Un sanglot supplémentaire m’échappe. Ce n’est plus de la tristesse, ce n’est plus seulement parce que je ne sais plus ou donner de la tête, mais c’est parce que je me demande ce que j’ai fait pour mériter cette gentillesse, une telle prévenance de sa part. Je fouille dans ma pochette afin d’en extirper un mouchoir et commence à m’essuyer le visage.

— Tu pouvais t’arranger, toi ? demandé-je, la voix nasillarde du fait d’avoir pleuré. Avec le boulot ?

Il hoche la tête.

— Oui. Ambrose m’en doit une, alors… Et toi ?

L’ironie de la situation me fait pouffer.

— Sienna serait RAVIE si je lui annonçais que je partais deux semaines en vacances !

— Alors ? C’est juste parce qu’il… ?

Il ne termine pas sa phrase. Mais il n’en a pas besoin, parce qu’on sait tous les deux ce qu’il en est. Oui. C’est parce que Cal sera là.

— Un jour, il faudra que tu nous racontes ce qu’il s’est passé, tu sais ?

Je me raidis, mais Aaron me rassure immédiatement.

— Quand tu seras prête, Lia. Pour le moment, je contenterai de ce que cet imbécile nous a raconté. Même si je ne crois pas un traitre mot de ce qu’il raconte…

Mes sourcils se lèvent et j’attends qu’il développe davantage, mais il n’en fait rien. À la place, il me donne un coup d’épaule.

— Une confidence pour une confidence, non ? Je te le raconterai quand toi, tu le feras.

Je lui offre une moue boudeuse.

— C’est du chantage, ça, tu sais ?

— Peut-être bien, ricane-t-il. Mais, est-ce que ça marche ?

— Pas encore.

Mes lèvres esquissent l’ombre d’un sourire. À la façon dont les yeux d’Aaron brillent malgré l’obscurité ambiante, je peux voir à quel point il est soulagé d’avoir réussi à me réconforter. Sans cesser de jouer avec mon poignet, il lance :

— Tu sais, on sera tous dans le même hôtel, mais on est vraiment pas obligé de passer tout notre temps ensemble.

— C’est-à-dire ?

— Pour ce que j’en sais, Cal et Alex ont l’intention d’écumer les bars et boîtes de nuit de Punta Cancún. On les croisera peut-être un peu, je ne vais pas te mentir, mais on peut largement se passer de leur présence…

— Et qu’est-ce qu’on fait pour…

— Pour quoi ? me demande-t-il

Je nous désigne du doigt.

— Pour nous deux. Ils nous croient ensemble, je te signale.

— Oh, wow, s’exclame-t-il en posant une main sur sa poitrine, faussement blessé. Tu veux déjà me larguer ? Je ne pensais pas être parfait, mais…

Cette fois, c’est un véritable rire qui franchit la barrière de mes lèvres.

— T’es bête, Aaron.

Il hausse les épaules.

— Eh bien, on fait ce que tu veux, Lia. On peut prétendre qu’on a rompu, leur dire la vérité ou alors on peut… On peut même continuer comme ça, si tu le souhaites.

Mes yeux s’élargissent sur le coup de la surprise.

— Sérieusement ?

— Vraiment.

Je sonde du regard cet homme, cherchant à le percer à jour. Je n’ai pas le meilleur radar à problèmes qui soit, mais je n’arrive à déceler rien d’autre que de la sincérité dans la douceur de ses traits. C’est peut-être ça qui me pousse à prendre le temps de me demander : qu’est-ce que je veux, moi ? Si je ne pense à rien d’autre qu’à moi-même, de quoi ai-je envie ?

— Bon… Et bien.

J’inspire un grand coup avant de terminer ma phrase.

— Je crois qu’il va falloir que je m’achète un nouveau maillot de bain.

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130

130 commentaires

Syteraa

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Il y a 3 mois

Non mais Aaron il est parfait. Il est tellement attentionné envers Lia. Mon dieu je pourrais pleurer tellement c'est beau 🥺 Par contre l'autre abruti de Cal va falloir qu'il se fasse reCALer (vous l'avez ? 🤣) à un moment donné

Juderaa_

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Il y a 3 mois

cal par contre si tu ramènes ta fraise jte noie dans l'eau de Cancun

Juderaa_

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Il y a 3 mois

PLAYA FAKE DATING ONE BED TROPE : ils s'aiment déjà les gars.

reimna

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Il y a 3 mois

💃🏻 allez lia !!!

melinegllrd

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Il y a 3 mois

OUIIII ÇA PART À LA PLAGE

Laetitia B

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Il y a 3 mois

🥰🩷 félicitations pour le coup de pouce 👏

Lunedelivre

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Il y a 3 mois

Merciiiiiiii

Luana Mmdc

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Il y a 3 mois

OÙ EST LE BOUTON CHAPITRE SUIVANT ?! 😱😱😱

LyRaverin

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Il y a 3 mois

Comment ça, y en a plus ? Elle est où la suite ? :p

Ady Regan

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Il y a 3 mois

Qu'il est chou ce Aaron 🥰 aller hop ! En vacances !
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