Fyctia
11.1
Les pas d’Aaron me guident à travers la foule. Des pulsations martèlent mes tempes et le brouhaha ambiant n’arrange rien. Je porte ma main libre à mes lèvres, qui tremblent encore après ce que je viens de proposer. Qu’est-ce qui a bien pu me passer par la tête ? Pourtant, la dernière goutte d’alcool commence à remonter. Il faut croire qu’agir sans réfléchir devient une habitude…
Super. En plus d’être pénible, tu deviens imprévisible.
Lorsque je m’aperçois que l’on est de retour dans la salle principale, avec le buffet, j’ai l’impression qu’une vie entière s’est déroulée durant ces jeux. Je suis frappée par le contraste avec les autres salles, l’ambiance ici étant désormais plus douce et intime. Les bavardages et les rires vont pourtant bon train, ce qui ne m’aide absolument pas à faire le tri dans le tumulte de mon esprit. Je n’en ai pas le temps, de toute façon, puisqu’Aaron nous conduit à une table tout à droite où est déjà installée la quasi-totalité des membres des Red Storm, leur ancienne équipe de basket. Profitant du fait que l’on soit encore à bonne distance, mon cavalier me presse la main pour attirer mon attention.
— Tu es sûre que c’est ce que tu veux ? On peut très bien leur dire la vérité, tu sais ?
Je secoue la tête.
— Non, non, on ne dit rien.
Ma voix est moins assurée que tout à l’heure, mais il me suffit d’un regard dans la direction de Cal, pour que ma propre arrogance s’autorise le droit de faire des siennes. Quand ses yeux bleus se posent sur nous, remplis d’amertume et de dédain, j’ai l’impression que la température chute de plusieurs degrés. Un frisson glacé me traverse et hérisse ma peau. Aaron se penche alors pour murmurer au creux de mon oreille.
— Il est temps de rentrer en scène, fausse petite amie… Je peux ?
Le rouge me monte aux joues alors que je regarde son bras suspendu dans le vide, dans l’attente de mon approbation. Mon esprit est tellement embrouillé que je ne comprends même pas ce qu’il me demande, mais c’est Aaron. Il m’est tellement facile de lui accorder ma confiance que je hoche la tête. Quand il enroule son bras au-dessus de mes épaules et me ramène doucement contre lui, les effluves de son parfum me chatouillent délicieusement les narines. Je suis enrobée par sa douce chaleur et je regrette presque que l’on soit déjà arrivés à la table.
— Bah alors, les tourtereaux, on vous attendait ! Vous étiez passés où ? nous interroge Harper, sa tête posée contre l’épaule de Lucas.
— T’es certaine de vouloir savoir ? balance Alex, dont le regard lubrique me révulse.
— T’es encore plus lourd que d’habitude mec, c’est dingue, réplique Ezra en levant les yeux au ciel.
Aaron s’avance vers les chaises, ses doigts traînant plus longtemps que nécessaire sur mes bras. Mon cœur rate plusieurs battements. La facilité avec laquelle il adopte son rôle me déstabilise et j’en oublie la manière de réaliser les choses les plus simples, comme m’asseoir. Mon faux petit-ami s’empare alors de la problématique, cochant la case de la galanterie en tirant l’une des chaises à proximité. Quand je m’installe, je me racle discrètement la gorge. Il faut que je me ressaisisse.
— Vous avez tout gagné, du coup ? demande Lucas à notre équipe.
— Presque tout, réponds Cal, Lia a confondu la marche jumelée avec un ballet de chutes.
Pendant que tous se mettent à rire, sa voix pleine de sarcasme me fait baisser la tête. La seule épreuve que l’équipe a perdue, c’est par ma faute…
— C’est bizarre, je croyais qu’il fallait miser sur la coopération, pour cette épreuve…
Je lève la tête vers mon cavalier. Nonchalamment avachi dans sa chaise, il a posé un bras sur le dossier de la mienne et tend l’autre pour attraper une coupe de champagne, il me tend. Ensuite, il se sert la sienne, sans se presser, un sourire incurvant ses lèvres.
— Ouais, et ?
— J’ai pas le manuel du parfait coéquipier, mais… T’as pas eu l’impression de confondre la marche jumelée avec la marche solo ?
Les rires s’accentuent autour de la table, tous amusés par la plaisanterie d’Aaron. Tous, sauf un. Cal, dont la raideur ferait presque pâlir la mienne, fixe Aaron avec un regard chargé d’animosité. Ça ne semble pas déranger mon faux petit-ami, qui se contente de lever sa coupe, tout sourire.
— À l’esprit d’équipe, trinque-t-il d’un air décontracté.
— Et à ceux qui savent vraiment ce que ça signifie,
Je contemple Ezra, les sourcils froncés. Ses yeux brillent d’un je ne sais quoi que je ne parviens pas à interpréter. Il articule quelque chose du bout des lèvres et Aaron se contente de pouffer sans rien répliquer. À la place, il se tourne vers moi.
— Tu veux manger quelque chose, Amelia ? m’interroge-t-il en se tournant vers moi.
Je racle la gorge avant de lui sourire, un peu trop poliment pour une petite-amie.
— Je vais me servir, t’en fais pas.
Notre table a été garnie des fours que j’avais déjà goûtés en arrivant, mais aussi de différentes pâtisseries. Je m’empare d’une assiette afin de la remplir de ce qui me fait envie. Aaron en fait de même, si bien que nos mains n’arrêtent pas de se toucher. Le visage de la couleur de la bouteille de vin, j’ose un regard dans sa direction. Ses lèvres pincées trahissent son amusement.
— Je rêve, ou tu te moques de moi ? chuchoté-je.
— T’as pas de preuve, réplique-t-il avec la même intonation.
Si l’on n’avait pas de spectateurs, je crois que j’aurais eu la réaction la plus mature du siècle et que je lui aurais tiré la langue. Là, je me contente de retrousser mon nez pour contenir ma frustration. Ce petit geste suffit à le faire glousser et je ne peux m’empêcher d’en faire autant.
La soirée poursuit son cours dans une ambiance détendue. Cal a repris sa position de leader et amuse la galerie. De mon côté, je me suis rapprochée d’Harper et avec Emma, on lui prête une oreille attentive afin qu’elle puisse nous détailler les méandres de sa grossesse.
— Mais je vous jure les filles, j’en peux plus ! Entre les démangeaisons et les bouffées de chaleur j’ai envie de…
— Tu vas finir par les effrayer, trésor, lui souffle Lucas.
Emma secoue la tête.
— Elle a raison de vider son sac. Le plus difficile, dans tout ça, c’est l’isolement dans lequel on se retrouve.
Elle n’ajoute rien de plus, mais je vois dans la façon dont elle se met à observer Ezra qu’ils partagent un secret qui commence à peser lourd entre eux. Quand il sent son regard sur lui, son mari, qui n’a rien suivi de notre conversation, se tourne vers elle et lui sourit tendrement. Il n’en faut pas plus à Emma pour que son visage s’éclaire, et je suis une nouvelle fois attendrie par l’amour qu’ils se portent. Ça me donne tellement envie d’apprendre à connaître cette femme qui a su conquérir le cœur de mon ami.
177 commentaires
Syteraa
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Il y a 3 mois
maddyyds
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Il y a 3 mois
Juderaa_
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Il y a 3 mois
Lunedelivre
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Il y a 3 mois
Juderaa_
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Il y a 3 mois
Lunedelivre
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Il y a 3 mois
reimna
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Il y a 3 mois
Lunedelivre
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Il y a 3 mois
melinegllrd
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Il y a 3 mois
LyRaverin
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Il y a 3 mois