Lunedelivre Séduis-moi, si tu peux 8.1

8.1

Après un trajet bien trop court jusqu’à Midtown, Aaron se gare dans le parking souterrain de l’immeuble où le comité a loué un loft pour l’occasion. Le cœur battant à tout rompre, je suis mon cavalier à travers les étages. Arrivés au 10e, une musique jazz emplit nos oreilles, nous confirmant que nous sommes en bon endroit. C’est le moment que choisit la panique pour m’emporter. Je m’arrête net. Aaron, qui jusque-là avançait devant moi, pivote aussitôt. Ses sourcils se froncent légèrement et son regard scrute mes traits. Il fait un pas vers moi, sa voix réduite à un murmure :

— Tout va bien ?

— Je… Je n’aurais dû… C’était… mauvaise idée…

C’est comme si tout l’air a déserté mes poumons et m’empêche de formuler une phrase correcte. La sensation d’être ridicule me fige encore plus. J’ai été stupide de croire qu’il me suffisait d’enfiler une jolie robe pour en être capable. Je ne le suis pas. Alors, je n’ai plus qu’à rentrer chez moi et…

— Amelia, regarde-moi.

Quand je lève la tête, je ne découvre rien d’autre qu’un visage flou. Je n’avais même pas vu les larmes monter.

— Tu te rappelles ce que je t’ai dit, au club ? Qu’on ferait ça ensemble ?

Je hoche piteusement la tête, faute de mieux.

— J’ai pas changé d’avis. Je suis avec toi, d’accord ?

Pour accompagner ses paroles rassurantes, Aaron me tend son bras. Je le regarde, lentement. Cet homme qui ne m’a jamais rien offert d’autre que son amitié, et que j’ai ignoré tant d’années. Je ferme les yeux, laissant l’eau salée glisser sur mes joues avant de la chasser d’un revers de la main, puis je m’empare de son bras.

— On peut y aller.

Nous avons à peine le temps de franchir la porte qu’un homme en costume nous propose de prendre nos manteaux en échange de ticket de vestiaire. Il y a un monde fou. Entre la foule et le chauffage, il règne une chaleur à crever. À moins que ce soit le stress qui me fasse suffoquer ? En tout cas, je suis bien contente de retirer une couche et de sentir un peu d’air frais sur mes épaules. Aaron m’offre à nouveau son bras et je n’hésite pas à m’en saisir. Il n’y a que sa présence qui arrive à me maintenir dans le réel. On avance parmi les convives pour atteindre le salon. Pour l’instant, je ne repère aucun visage familier, ce qui me laisse le loisir de contempler les lieux. La vaste pièce est décorée dans de jolis tons de blanc et de vert. Le style résolument urbain de l’appartement s’associe à merveille avec l’ambiance chaleureuse qui a été apportée grâce à un jeu de lumières chaudes et de plantes grasses. De jolies nappes blanches et dorées parent les tables et donnent l’impression d’assister à un mariage. L’ensemble est somptueux, je dois bien le reconnaître.

— Miller !

On se retourne comme une seule personne quand on entend son nom de famille se frayer un chemin dans le brouhaha ambiant. Mon cœur bondit de joie quand je le reconnais. Arrivé jusqu’à nous, Ezra donne une accolade amicale à Aaron. Il n’a pas changé. Son regard, ses traits irradient de la même chaleur, de la même gentillesse. Quand il me voit enfin, il se fige.

— Lia, t’es vraiment venue ?

— Il faut croire que oui, réponds-je, gênée.

De tous mes anciens amis, Ezra est celui qui est le plus en droit de m’en vouloir. J’ai manqué son mariage, c’est tout même loin de n’être rien. Mais il me détrompe immédiatement. Ses bras enserrent mon corps fébrile. Son parfum d’agrumes emplit mes narines et je réalise à quel point il m’a manqué.

— C’est bon de te voir, tu sais ?

J’acquiesce.

— Ça me fait tellement plaisir, à moi aussi.

— Attends, il faut que je te présente.

Il passe son bras au-dessus de mes épaules et me tourne légèrement sur la gauche, où une femme absolument sublime discute avec Aaron.

— Emma, chérie ? Je te présente Lia, notre amie de la fac. Lia, je te présente Emma, ma femme.

L’amour qui s’échappe de sa voix me fait fondre. Face à nous, la dénommée Emma m’offre un sourire chaleureux.

— La fameuse Lia ? s’interroge-t-elle les yeux écarquillés. Ça alors, on se rencontre enfin !

Cette dernière me prend également dans ses bras et j’accepte son étreinte, un peu gênée. La discussion s’installe rapidement et me donne l’impression de faire office de plante verte. Pendant que moi, j’ai passé mon temps à les ignorer, ils se sont toujours fréquentés. Ils sont amis, eux. Alors que moi…

— Tu veux boire quelque chose, Amelia ?

La voix d’Aaron dans mon dos me surprend autant qu’elle m’apaise. Il est là, avec moi. Il me la promit. J’accepte donc volontiers et nous nous dirigeons vers le buffet. Les tables regorgent de choses à manger. Biscuits apéritifs, petits fours, canapés au saumon… J’en ai l’eau à la bouche. Aaron me tend un verre de champagne que je descends plus vite que je ne le devrais. Je sais pourtant l’effet qu’à l’alcool sur moi, même à petite dose, non ? En tout cas, ce n’est pas ça qui m’aide à me détendre, non. Mais c’est la personne qui m’a poussé à venir et qui, là tout de suite, fait tout pour que je ne me sente exclue d’aucune conversation. Finalement je parviens à me laisser aller, j’entends même mon rire claironner dans toute la salle. Il me tarde de voir les autres, de savoir comment ils vont, eux aussi et de rattraper le temps perdu. J’en suis à me demander pourquoi j’ai tant stressé quand mon téléphone vibre dans ma pochette. Je l’attrape et lève les yeux au ciel à la lecture du message.

  • Midge : Café au lait ou Macchiato Carmel ?

Je souris. Avec Joyceline, on a mis en place ce code absurde selon lequel on se demande notre boisson préférée, mais auquel on répond par une couleur afin de s’assurer qu’aucune de nous ne soit dans une mauvaise passe. Ce soir, je pense opter pour le bleu, en référence à ma robe…

— Amelia ?

Je me fige sur place. Je n’ai pas besoin de me retourner pour reconnaître sa voix. L’effroi qui s’empare de moi me glace le sang. Aaron me regarde sans comprendre, ses yeux cherchant la raison de mon trouble. Moi, je me contente de me cramponner à son bras qui fait office de seul filet pour éviter la chute. Il faut que je m’en aille, mais je suis incapable de dire, de faire quoique ce soit. Je sens une paume caresser mes bras nus, m’arrachant un frisson. Ezra me parle, mais mes oreilles bourdonnent si fort que je n’entends rien. Alors, une main s’empare de la mienne. Aaron glisse mes doigts entre les siens et m’oblige à le regarder. Sa chaleur rassurante et son regard doux parviennent à me ramener dans le présent. Quand je reprends conscience, Emma et Ezra ne sont plus là. Par contre, un homme se tient derrière mon cavalier et son visage fait remontrer une myriade de souvenirs désagréables.

— Je me suis pas trompé, c’est bien toi. Qu’est-ce que tu fais là ?

Son timbre rauque cingle l’air. Je suis tellement habituée à ses reproches que je ne sursaute même plus, maintenant. Je me contente d’inspirer un grand coup et de lui lancer, la voix moins assurée que je ne l’aurais voulu :

— Bonsoir à toi aussi, Cal.


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89

89 commentaires

maddyyds

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Il y a 3 mois

Non la fin.... J'en étais sure qu'il viendrait. Il m'énerve deja 🙄

melinegllrd

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Il y a 3 mois

Je savais tellement qu’il serait celui là

TammyCN

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Il y a 4 mois

Je l'aime déjà pas 😂

chloooechtn

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Il y a 4 mois

Cal 😤😤😤😤

chloooechtn

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Il y a 4 mois

Aaron = homme capable

Lunedelivre

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Il y a 4 mois

Le seul, l’unique

sulanatuuu

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Il y a 4 mois

aie aie aie les retrouvailles.....

Lunedelivre

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Il y a 4 mois

Compliqué hein ? 👀

Chloé Hazel

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Il y a 4 mois

AAAROOON ce bebou là 💖💖💖💖 Par contre, on en parle de la fin, Madame ?

Lunedelivre

-

Il y a 4 mois

OUPS
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