Lunedelivre Séduis-moi, si tu peux 7.2

7.2

— Ce que t’es belle, Barbie.

Les yeux de Joyceline sont voilés de larmes et sa voix menace de se briser. Je pouffe devant son attitude exagérée.

— Tu feras moins la maligne quand tu découvriras mes prouesses !

Ma meilleure amie tire sur le drap qu’elle avait posé sur le miroir de ma chambre d’un coup sec.

— TADAM !

Un hoquet de stupeur s’échappe de mes lèvres quand j’aperçois mon reflet. La robe qu’a choisie Joyceline est encore plus belle que dans mon souvenir. Sa couleur bleu pervenche s’allie à la perfection à mon teint rendu encore plus pâle par la saison. Sa coupe portefeuille moule joliment ma silhouette, mais contrairement à la dernière fois, son tissu satiné et vaporeux me correspond beaucoup mieux. Mon regard se pose sur le drapé du col bénitier, qui dévoile ma poitrine sans en faire trop. Elle a bouclé mes cheveux longs blonds et a souligné mon visage d’un maquillage rosé qui fait ressortir le bleu de mes yeux. Avec la touche d’argent qu’elle a ajoutée çà et là, grâce à mes escarpins et mes bijoux, je ressemble à une véritable poupée.

— C’est incroyable… murmuré-je.

— Tu es incroyable, Barbie.

Je lui adresse un sourire de façade. Je n’irais pas jusque-là, mais bon. Je me regarde encore et carre les épaules. Là, au moins, j’ai la bonne armure pour affronter cette soirée. Grâce à Midge, je ne devrais pas faire trop tache parmi les autres… Pas vrai ?

Je sens mon téléphone vibrer dans ma main, et mon cœur fait un salto dans ma poitrine quand le nom d’Aaron s’affiche à l’écran.

— Il est en bas,

— Un homme ponctuel ? Il gagne déjà un point !

Je lève les yeux au ciel.

— Il n’a pas besoin de point, Joyceline…

— Tatatata, je fais ce que je veux ! Allez, dépêche-toi Cendrillon, ou ton carrosse va se changer en citrouille avant que tu aies pu monter dedans !

J’attrape mon manteau et ma pochette avant de quitter l’appartement, refermant la porte derrière nous. Le claquement sec de mes talons résonne sur le carrelage du couloir. Chaque pas que je fais me semble plus hésitant que le précédent. Mes jambes flageolent, mon cœur bat à tout rompre et mes joues se font de plus en plus chaudes à mesure que je me rapproche des escaliers.

— Halte, là ! s’écrie Joyceline en me tirant si fort vers elle j’en perds l’équilibre. Pas question que tu descendes ces marches !

Sans me laisser le temps de protester, elle me tire vers l’ascenseur. Je devrais la remercier pour son intervention — on imagine pas comme un accident peut vite arriver, — mais actuellement, mon cerveau est accaparé par l’imminence de la soirée et peine à analyser ce qu’il se passe. Le ding des portes résonne si fort à mes oreilles qu’on dirait qu’il a été multiplié par mille. Quand on s’engouffre dans l’appareil, je ne sais pas si ce que je souhaite le plus, c’est qu’il s’empresse de descendre ou qu’il tombe en panne. Le destin a fait son choix, cela dit, car nous sommes déjà sur le parvis de l’immeuble sans le moindre incident mécanique.

— Tu te rappelles du code, hein ? me demande Joyceline en agitant son téléphone devant moi.

— Bien sûr que je me rappelle du code, soufflé-je.

— OK. Penses à m’envoyer des messages d’accord ? Et puis, amuses-toi bien surtout, Barbie.

Elle me prend dans ses bras et me serre fort contre elle. Je savoure la chaleur de son étreinte, m’enivre des effluves de son parfum floral. Je sais qu’on m’attend, mais je crois que je cherche à repousser l’échéance encore un peu. Et Joyceline en a conscience, car c’est elle qui recule. Je la vois tourner la tête et porter son regard sur la voiture qui s’est garée sur le dépose-minute. Quand elle plonge à nouveau ses yeux dans les miens, ses prunelles bleues scintillent.

— Tu as autorisation de rentrer après minuit, Cendrillon.

— Comment ça ?

Un léger rire s’échappe de ses lèvres et elle s’éloigne sans lever le mystère sur ce qu’elle vient de dire. De mon côté, j’ai l’impression que ma tête va exploser. Mais quand il faut y aller, il faut y aller comme on dit, pas vrai ? Alors j’inspire un grand coup et pivote en direction de la chaussée. C’est là que je l’aperçois. Aaron se tient là, appuyé sur la portière passager de sa voiture noire. Le regard perdu sur son téléphone, il ne m’a pas encore vu, me laissant l’occasion de l’observer. Comme moi, il n’a pas pris les exigences du Comité organisateur à la légère, si j’en crois le pantalon de costume noir cintré qui dépasse de son long manteau, gris-anthracite, lui. Ses cheveux sont coiffés de façon faussement négligée à l’aide d’un peu de gel, et il a taillé sa barbe dans le même esprit. Il est… Je suis encore en train de chercher un mot pour décrire ce que je pense quand il lève la tête, alerté par le bruit de mes pas. Je rougis instantanément, me sentant prise en faute.

— Oh pardon Amelia, je…

Il s’arrête net à l’instant où il pose ses yeux sur moi. Cette fois, la luminosité ambiante me permet d’être certaine qu’il rougit, ce qui échauffe mes joues encore un peu plus. Quand ses yeux verts prennent le temps de s’attarder sur ma silhouette et qu’il déglutit, je peux affirmer que j’ai viré au cramoisi.

— Je.. J’ai taché ma robe ? demandé-je d’une petite voix alors que j’arrive à sa hauteur.

— Hein ? Qu-Quoi ? Non pas du tout, tu es… Tu es ravissante, c’est tout.

Mon cœur a dégringolé dans mes chaussures. On était si amical que ça, avant ? Je ne me rappelle plus. Je crois pas que j’ai autorisé ce genre de proximité aux garçons de la bande, de crainte que Cal… Non, je refuse de penser à lui. Pas ce soir. Je pense qu’Aaron ne m’a jamais vu dans ce genre de tenue, alors, il cherche à se montrer charmant comme à son habitude, rien de plus. Du coup, je balaie ma gêne et lui offre un sourire.

— Tu n’es pas trop mal non plus.

Le visage d’Aaron s’éclaire à son tour et il m’ouvre la portière passager.

— Prête ?

Je regarde l’habitacle de la voiture. Si je monte à l’intérieur, je pourrais plus reculer. Si je monte à l’intérieur, je vais devoir affronter cette soirée. Si je veux partir c’est maintenant ou jamais. Un dernier regard sur le doux visage d’Aaron m’aide à faire mon choix.

— Prête.

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136

136 commentaires

Kenza | Fyctia

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Il y a 2 mois

Bonjour Lunedelivre ! Nous te remercions pour ta participation au concours Green Flag et félicitations pour ton CP ! J’ai lu tes premiers chapitres et je t’en fais un retour. 😊

Kenza | Fyctia

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Il y a 2 mois

Ton histoire présente de belles qualités, notamment au niveau des dialogues, qui sont très naturels et fluides, j’ai beaucoup apprécié cet aspect immersif de ton texte. Ils permettent aux personnages de s’exprimer de manière vivante et crédible, tout en rendant leurs interactions amusantes et agréables à suivre. Aussi, la relation entre les personnages (notamment celle qui lie Joyceline et Lia) est bien construite et claire dès le début, ce qui contribue à maintenir l’attention du lecteur. C’est un plus pour débuter une histoire !

Kenza | Fyctia

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Il y a 2 mois

Cela dit, il pourrait être intéressant de rééquilibrer la narration entre les dialogues et les descriptions, notamment dans tes premiers chapitres. Par moment, je pense que tes dialogues occupent une place prépondérante, ce qui limite parfois l’immersion dans l’univers et la profondeur de la narration interne. La description de Pop’s Factory est un très bon exemple d’une scène immersive grâce aux détails apportés, reproduire cette attention à l’atmosphère dans d’autres scènes pourrait enrichir l’expérience du lecteur.

Kenza | Fyctia

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Il y a 2 mois

À l’inverse, je trouve que certains passages vont trop loin dans le détail pour des actions qui ne nécessitent pas autant de précision, comme le processus pour aller manger. Tout le processus (trajet jusqu’au frigo, le moment où elle chauffe son plat et s’installe) ralentit la narration sans réellement apporter d’éléments nouveaux à la scène. Ils pourraient donc être résumés plus succinctement, sans pour autant perdre en fluidité ou en réalisme, alléger ces passages permettrait de maintenir le rythme tout en conservant la richesse descriptive qui caractérise parfois ton style. Trouver un équilibre entre des descriptions immersives et une narration plus concise allègerait le texte et maintiendrait un rythme plus engageant.😊

Kenza | Fyctia

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Il y a 2 mois

Un autre point qu’il serait intéressant de travailler est l’introduction des mystères. Par exemple, certains éléments, comme la réticence de Lia à laisser Jocelyn l’accompagner à la “soirée des anciens” ou, pour un contexte plus précis, sa panique face à sa patronne lorsqu’elle est convoquée (que pense-t-elle ? Pourquoi est-elle aussi effrayée?), sont laissés en suspens trop longtemps sans apporter de réelle tension ou d’intérêt supplémentaire. Ces intrigues auraient tout à gagner à être révélées plus rapidement, car les maintenir en retrait ne contribue pas nécessairement à renforcer le mystère ou l’envie de continuer. De même, l’enjeu général de l’histoire manque un peu de force pour le moment. Le récit semble suivre un rythme plutôt linéaire et je pense qu’ajouter une intensité psychologique plus marquée ou des conflits plus prononcés pourrait enrichir l’expérience du lecteur. En instaurant un enjeu plus clair et en accentuant les tensions dès les premiers chapitres, l’histoire gagnerait en profondeur et en intérêt.

Kenza | Fyctia

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Il y a 2 mois

Concernant l’atmosphère, il serait intéressant d’accorder plus d’attention aux sens dans certaines scènes pour garantir une immersion plus forte. Par exemple, la scène de la boîte de nuit pourrait gagner en force narrative : tout paraît étrangement clair et posé, alors qu’on pourrait imaginer une scène où Lia peine à entendre Aaron à cause de la musique assourdissante, où l’odeur de la fumée ou des boissons vient l’envelopper, ou encore où les lumières stroboscopiques influencent sa perception. De tels détails renforceraient l’ambiance et plongeraient davantage le lecteur dans le récit ! ;)

Kenza | Fyctia

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Il y a 2 mois

Enfin, sur un plan purement stylistique, l’utilisation de ponctuation comme « !!! » ou « !? » dans les dialogues pourrait être retravaillée. Cette ponctuation qui se suit, bien qu’elle traduise une certaine intensité émotionnelle, n’est pas toujours la plus juste et adaptée pour faire passer une émotion forte ou un ton particulier. A la place, il pourrait être plus intéressant de s’appuyer sur des verbes introducteurs de parole plus variés et évocateurs, comme “s”exclama”, “protesta vivement”, “rétorqua brusquement”, qui peuvent enrichir la lecture tout en reflétant fidèlement le ton du personnage. En complément, les descriptions émotionnelles ou gestuelles dans la narration pourraient aussi renforcer l’intensité du moment : parler des expressions, des gestes ou du comportement du personnage permettrait de transmettre l’émotion sans surcharger la ponctuation. Cela rendrait tes dialogues davantage immersifs et naturels, tout en donnant au texte une allure plus élégante. :)

Kenza | Fyctia

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Il y a 2 mois

En résumé, ton texte a une belle base, avec des dialogues très réussis et des personnages attachants, nous avons beaucoup apprécié notre lecture ! En équilibrant davantage narration interne, descriptions et dialogues, et en étoffant les enjeux et l’atmosphère sensorielle, l’histoire gagnerait en profondeur et en impact. Ces ajustements permettraient de captiver encore plus le lecteur et de rendre le récit plus immersif et cohérent. Merci pour ta participation et bon courage pour la finale ! ✨ Bien à toi, Kenza, l’équipe Fyctia

Lunedelivre

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Il y a 2 mois

Merci beaucoup pour ce précieux retour !!! J'ai du pain sur la planche, mais c'est vraiment une cerise sur le gâteau d'avoir votre feedback ! Plus qu'à retrousser mes manches !! A très vite 🥰

maddyyds

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Il y a 3 mois

Joyce, encore 🥹🫶🏻
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