Lunedelivre Séduis-moi, si tu peux 5.2

5.2

— Tu es dans l’équipe de Sienna, c’est ça ? me demande Aaron, poursuivant la conversation.

J’acquiesce.

— Et toi dans celle d’Ambrose ?

— Oui, ça fait quelques années, maintenant. Je m’occupe des complexes du côté de Downtown.

— Les opérations commerciales, la classe, hein ?

Il hausse les épaules, comme si son propre poste ne l’impressionnait pas.

— Pas plus que les ventes aux particuliers.

Une chaleur étrange se répand en moi. Comment fait-il ? Pour toujours être si gentil, toujours avoir un mot à l’égard de l’autre ? Ça change, en comparaison de certaines personnes…

— Et, attends ! me rappelé-je. T’es le collègue de Moore, du coup ? Son binôme ?

— Erk, non ! Enfin, je veux dire, son collègue oui, mais pas son binôme ! Je suis incapable de le supporter plus de trois minutes, alors partager le même bureau…

Je glousse.

— On est nombreux à ne pas l’apprécier, je vois.

Je me mords la lèvre inférieure, hésitante. Il travaille à son étage… Peut-être qu’il saurait, lui… ? Non, ça ne se fait pas. Je ne peux pas demander…

— J’entends les rouages de ton cerveau tournés d’ici, Amelia.

Je rougis, mais décide de céder à la curiosité. Je me penche en avant, soudain si près de lui que je peux sentir les effluves de son parfum. Il sent le bois de rose, la cardamome et la vanille. Je crois que je n’ai rien senti d’aussi bon… Mince, qu’est-ce que je voulais lui demander, moi ? Ah, oui…

On n’est pas sorti des ronces avec elle, seigneur…

Je me racle la gorge et murmure, sur le ton de la confidence :

— Est-ce c’est vrai que lui et Sienna ils…

Je cherche mes mots, ne sachant pas comment demander ça de manière politiquement correcte. Ce n’est pas compliqué, pourtant, et il n’y a pas un milliard de façons de le faire. Alors je prends mon courage à deux mains et achève ma phrase.

— … Baisent ?

Attends, merde j’ai dit quoi ?

L’alcool et toi c’est terminé, Amelia Catherine Jones. Tu m’entends ? Terminé !

Je suis si rouge que je ne serais pas surprise si mon visage se mettait à fondre, je regarde Aaron qui, pour sa part, manque de s’étouffer avec son verre d’eau. Il parvient à reculer pour ne pas me postillonner dessus et tousse à plusieurs reprises. Quand il parvient à retrouver une contenance, là où la mienne a disparu de la surface de la galaxie, il éclate de rire.

— Désolée je… J’ai un peu bu. Je ne sais pas… Je ne voulais pas dire ça comme… C’est parce qu’Isobel…

— Ils font même plus que ça, tu sais ? Ils vivent ensemble depuis deux ans.

La stupeur efface ma gêne.

— Non ?! m’étranglé-je. L’équipe ne va pas en revenir !!!

— Écoutes, ravi d’avoir pu te renseigner.

La pression retombe, un peu comme un soufflé. Ça fait du bien, de rire avec lui. J’ai l’impression que c’est le genre de familiarité que l’on pouvait partager, avant tout ça, avant Cal. C’est si facile, d’être là, de plaisanter. Peut-être que je pourrais m’autoriser à…

— Tu viens, la semaine prochaine ?

Mon corps se fige à l’évocation de la soirée des anciens étudiants, qui sonne comme une piqûre de rappel. C’est amer, douloureux, même, mais c’est pour ça que je dois me tenir éloignée d’eux…

— La semaine prochaine ? Y a quoi, la semaine prochaine ? mens-je honteusement.

— Tu ne l’as pas reçue ? s’étonne-t-il. J’étais certain de t’avoir vu dans la boucle. C’est pour ça que tu n’as pas répondu alors ? Y a une réunion de tous les anciens élèves de la fac, avec des animations et des trucs à gagner. On m’a dit qu’ils avaient mis un sacré gros budget. Ce serait sympa si…

— J’ai déjà quelque chose de prévu, la semaine prochaine.

— Oh…

La tristesse qui transparait dans sa voix est un poignard planté sur ma poitrine. Je ne suis pas fichue de ne pas décevoir ceux qui m’entourent. Mais je ne peux pas. M’asseoir à sa table passe encore, mais aller à une soirée où je serai obligée de l’affronter, lui ? Je ne peux pas, j’en suis incapable.

— C’est vraiment dommage, se lamente-t-il. En fait, tourne et vire, il ne va y avoir personne de notre groupe, à ce compte-là. Déjà Cal et maintenant…

Mon cœur rate un battement, avant de repartir de plus belle.

— Cal ne sera pas là ?

— Non. Il est à Atlanta avec Charlotte pour le boulot et il pense pas…

Avec Charlotte. Il est encore avec elle, donc… Ça ne devrait pas me surprendre. Ça ne devrait pas me faire mal.

— Tu es vraiment certaine que tu ne peux pas te libérer ? Ezra sera-là, lui, tu sais ? Il serait fou de joie à l’idée de te revoir…

Il ne s’en rend pas compte, mais il vient de porter un coup à ma forteresse. Ezra me manque tellement ! Je pense que c’était celui dont j’étais le plus proche. Difficile de faire autrement, cet homme était la bonté incarnée. Je ne suis même pas allée à son mariage l’année dernière, quelle honte… Je peux encore entendre la déception dans sa voix quand je le lui ai annoncé.

— Je suis désolée, Aaron, je peux vraiment pas…

Il pousse un profond soupir, et je me réjouis presque d’avoir réussi à épargner les dernières pierres de ma résistance. Presque.

— Je sais pas ce qu’il se passe. Encore moins ce qu’il a pu se passer. Tout ce que je sais, c’est que…

Il hésite, son regard fouillant le mien.

— Tu nous manques, Amelia.

J’entends le son des gravats qui se fracassent sur le sol.

En même temps, tu as le droit d’y aller, Amelia. Tu as le droit de vivre. En plus, il ne sera pas-là.

Aaron doit bien sentir que je flanche, car il me porte le coup de grâce.

— S’il te plait, Lia…

J’inspire profondément. Je n’arrive pas à croire que je vais faire ça.

— C’est d’accord.

— Non, mais, je ne te laisserai pas toute seule ! il enchaîne, ne s’attendant pas à ma réponse.

— On pourrait y aller ensemble ? Je passerai te prendre, si ça te dit ? Et puis, je, enfin je veux dire on serait tous…

— Aaron ?

— … hypers heureux de te revoir, ça fait tellement longtemps que tu…

— AARON !

Ma voix parvient enfin à se frayer un chemin à travers son flot de paroles interrompues. Je ne sais pas si c’est la luminosité, mais je jurerais qu’il rougit à nouveau. Avec sa barbe de quelques jours, je ne parviens pas à être sûre. En tout cas, moi, j’ai le cœur au bord de l’explosion.

— Je viens, Aaron. C’est d’accord ?

Je peux voir le soulagement lisser les traits de son visage.

— Vraiment ? Genre, deal ?

Je serre le poing et redresse les épaules. J’aspire une grande goulée d’air et je confirme :

— Deal.

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102 commentaires

Dine79

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Il y a 2 mois

Pluie de <3 pour t'aider à avancer. Souviens-toi des étoiles en a besoin aussi pour débloquer les chapitres ;).

maddyyds

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Il y a 3 mois

Aaron je l'aime deja en fait 🥹

QuinnDevis

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Il y a 4 mois

J'aime beaucoup le fait que ce soit lui qui l'a fait changé d'avis. 😁

Angel Guyot

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Il y a 4 mois

Il m'a l'air tout gentil ce Aaron

Lunedelivre

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Il y a 4 mois

Un choupisson

fpot_killer

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Il y a 4 mois

Quel chance que Cal ne soit pas à cette soirée… Imagine finalement il viens quand même… Noooon 😇

LyRaverin

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Il y a 4 mois

On voit venir le "salut, finalement j'ai pu me libérer" de Cal, mais j'ai envie de revoir Aaron, moi, donc c'est très bien comme ça :p

Ady Regan

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Il y a 4 mois

Pourquoi j'ai l'impression que Cal sera finalement à cette soirée ? 🫣 Ça promet d'être mouvementé !

Luana Mmdc

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Il y a 4 mois

Bon, c’est quand la suite laaaaaaaaa 😉 ton histoire me reste en tête !

Lunedelivre

-

Il y a 4 mois

Ce soir 🥹🥹🥹 (je vais pleurer avec ce genre de commentaire)
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