Fanny, Marie Gufflet Seconde chance Papa-partie 2

Papa-partie 2

Je suis dans le salon, les jambes en coton, les nerfs à fleur de peau. Caleb devrait arriver d’une minute à l’autre.

— Tu es ravissante, balbutie maman, avec une voix éraillée, en me détaillant de la tête aux pieds.

Je demeure silencieuse et ne parviens pas à dissimuler les regards étonnés que je lui porte. D’ordinaire, ma mère a constamment une remarque désobligeante à faire sur ma tenue vestimentaire.

Je décide de reporter toute mon attention vers l’extérieur. Dehors, le tonnerre gronde et des éclairs labourent le ciel. Le bruit cristallin de la pluie apaise les battements désordonnés de mon cœur. Ce n’est pas le moment de faire une crise d’angoisse, pensé-je. Tel que me l’a appris Caleb, j’inspire et expire calmement.

Soudain, la sonnerie retentit. Je me lève d’un bond, m’apprête à courir vers l’entrée, mais papa me lance un regard dissuasif.

— Bonsoir madame Harrys, chantonne mon ami. Ceci est pour vous !

— Merci, parvient-elle à articuler.

Son visage s’illumine. Mes yeux sont braqués sur Caleb qui lui offre un somptueux bouquet de fleurs.

— Et si nous prenions l’apéro, invite chaleureusement papa.

Mon ami et moi prenons place sur le sofa, en face de mes parents. Si moi je suis affectée par la situation étrange, Caleb, lui, demeure impassible.

Une série de questions n’arrête pas de franchir les lèvres de mon père.

« Que désires-tu faire plus tard mon garçon ? », « Que font tes parents dans la vie ? », « Depuis combien de temps fréquentes-tu notre fille ? »…

À coup d’interrogations anodines, nous parvenons enfin à passer à table avec un silence quelque peu embarrassé.

Les bougies disposées, éclairent la pièce d’une étrange et douce lumière. Les ombres qu’elles projettent, dansent sur les murs, vacillantes. La bonne odeur du pain à l’ail, du fromage et de la salade chatouille mes narines.

— C’est une vinaigrette à la framboise, prend la peine de nous en informer maman. Je l’ai préparée moi-même. Pour ce qui est du pain, je ne l’ai pas cuisiné, mais il est délicieux.

— Je confirme, c’est un régal !

— Alors, j’ai fait du canard aux olives, du rôti de dinde aux marrons et pain d’épices. Ma domestique a cuisiné des crevettes sautées au persil et à la tomate, explique-t-elle alors que Maria apporte les plats au fur et à mesure.

Je fixe la table des yeux, ébahie. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle s’est surpassée.

— J’avais réellement envie de ramener un peu de la France, ici, pour ton 18ème anniversaire Alexis.

— Et je suis fier de déclarer que j’y ai apporté ma contribution, ajoute papa, ravi.

— Oui, c’est vrai, mais tu as failli mettre le feu à la cuisine !

Je porte la main à ma bouche, prise d’un fou rire sans égal.

— Tel père, telle fille, dévoile mon ami. Lorsque j’ai appris à Alexis à faire des crêpes, elle a été une vraie tornade !

Je jette un coup d’œil furtif sur la table où les doigts de papa effleurent avec tendresse, ceux de maman.

Puis, cette dernière se met à servir Caleb, qui désire goûter à tout. C’est qu’il a bon appétit ! Je racle ma chaise sur le sol sans faire exprès. Quand vient mon tour, je suis crispée. Vais-je encore subir les remarques de ma mère si je remplis mon assiette ? Ne la pousse pas à bout, m’intimé-je. Je dispose les aliments qui forment un joli tout sur la porcelaine blanche.

— Alexis chérie, fais-toi plaisir, c’est ton anniversaire après tout !

Je manque de m’étrangler.

Le canard dans ma bouche explose de saveurs. Je n’avais pas le souvenir que maman était aussi douée pour l’art culinaire.

— C’est délicieux ! Je m’entends dire.

— Louise est un vrai cordon bleu, je suis heureux qu’elle se soit remise aux fourneaux. Je commençais à en avoir marre des plats à emporter et mon porte-monnaie n’aura plus à souffrir ! Plaisante-t-il.

Toutes ces effusions de joie me sont étranges ! À l’image de tous les vrais repas de famille, papa se lance dans l’étalage de ma vie passée. Il raconte mes bêtises d’enfant, pour le plus grand plaisir de Caleb.

— Je n’en peux plus, mon ventre est sur le point d’exploser, glousse maman, avalant une autre gorgée de vin rouge.

— Et si on ouvrait les cadeaux ? Suggère papa.

Une boule se forme dans ma gorge. Je n’arrive pas à croire qu’ils m’ont acheté des présents. La dernière fois, pour mes 17 ans, j’ai eu droit à la carte bleue de papa et maman qui me déposait au centre de Paris pour acheter ce que j’avais envie. J’étais si dégoutée que je n’avais rien pris, mais j’avais englouti une tonne de nourriture avec mon amie Lyne.

De nouveau installés confortablement sur le canapé, maman me tend le premier paquet. Je réprime un sanglot, trop ébranlée et ivre d’émotion.

— C’est le dernier livre de Cecelia Ahern, en avant-première et dédicacé à ton nom, s’émerveille mon père.

— Celui-là est de moi, chuchote Caleb.

L’emballage est de travers, pas de doute, c’est de lui ! Je souris. Dans un cadre, une photo de nous deux, lors de notre cours de cuisine improvisé chez lui. Un moment mémorable.

— Ça me rappelle nous, énonce papa. Sauf que le cuistot c’était ta mère !

— Et enfin, mon cadeau, balbutie maman.

Celui-ci est énorme et lourd. Quand je défais enfin le papier, je pousse un cri de surprise. Il s’agit du violoncelle de ma mère. Elle a toujours refusé que je le touche. Et voilà qu’elle me l’offre.

— Je…je ne sais pas quoi dire, bafouillé-je, les larmes aux yeux.

— Waouh ! Ça tombe à pic, j’ai eu l’occasion d’entendre Alexis, elle est née pour ça ! Fanfaronne-t-il.

— C’est vrai ? Alexis, rien ne me ferait plus plaisir que de t’entendre à nouveau jouer, ça me manque, s’étrangle-t-elle.

L’atmosphère est chargée de souvenirs.

— Poussin, tu ne baptises pas ton instrument ?

— Je…je ne crois pas, non ! Pas maintenant.

Mes doigts parcourent le bois, savourant chaque détail, chaque courbe du cello. C’est le plus cadeau qu’elle ne m’ait jamais fait, pensé-je.

— Et si on soufflait tes bougies ? Propose papa.

J’hoche la tête, soulagée d’échapper à mes larmes.

Les lumières s’éteignent et Maria fait son entrée, un gâteau en forme de violoncelle.

— Joyeux anniversaire ! chantent mes parents en français, puis en anglais.

La voix rauque de Caleb prend le dessus, surtout qu’il détonne complètement. Je fixe mon petit ami du regard, amusée et amoureuse comme jamais. Je dois avouer que c’est le meilleur anniversaire que j’ai jamais eu. Pour une fois, je n’ai plus le sentiment d’être ignorée. Pour une fois, j’ai la délicieuse impression d’exister pour les miens. Pour une fois, je me sens aimée.

Caleb immortalise l’instant, moi, assise au milieu de mes parents, la main chaude de papa sur la mienne.

— On te souhaite le meilleur pour tes 18 printemps ! Les meilleurs moments de ta vie ! Proclame maman, d’une faible voix.

— On t’aime, conclut papa, déposant un baiser sonore sur ma joue.

Enfin, je souffle sur les bougies, faisant une sourde prière pour le futur.

Et si le Ciel m’offrait cette année une seconde chance de renouer avec le bonheur ?


Please laissez-moi vos impressions, Marie

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28 commentaires

Jeanclaude974

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Il y a 7 ans

Cool

Gufflet Pierre

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Il y a 7 ans

Joyeux anniversaire alex

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 7 ans

❤️

JEdeMot

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Il y a 7 ans

Moment en Famille touchant.. pourvu que ça dure !

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 7 ans

Affaire à suivre

LenaHodkins

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Il y a 7 ans

J'ai l'impression que c'est un bonheur bien trop parfait comparé à tout ce qu'elle a vécu. Que va t-il se passer ? Super chapitre sinon ;)

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 7 ans

Merci, J'ai mis le prchain chapitre, mais il est bloqué. Mais si tu le partages en deux fois, je pense que ça débloquera le prochain. Bonne lecture et n'hésite pas à me faire part de ton ressenti surtout ! marie

HatchiB

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Il y a 7 ans

J'ai tout lu en 2 jours ! Vivement la suite,j'aime pas attendre xD

Djeems Gufflet

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Il y a 7 ans

Hâte de savoir pourquoi sa mère a changé

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 7 ans

Merci à toi de continuer de me lire !
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