Fyctia
Joe (2)
L’endroit est sympathique, plein de bric à brac, un peu bruyant mais la nourriture y semble excellente si on en croit les effluves qui se dégagent des assiettes des tables voisines et des visages ravis qui nous entourent.
Nous commandons rapidement et Wendy m’interroge sur la fête d’anniversaire. Je leur raconte patiemment la réunion de famille, le fabuleux gâteau, le ravissement de la petite fille en découvrant le cadeau que nous avions choisi ensemble.
— Et tu vas nous faire croire que le beau Matthew t’a sagement raccompagné chez toi ensuite…
— Non, Madame l’impatiente, ensuite, nous sommes allés en boîte de nuit pour chaperonner sa nièce.
La serveuse nous interrompe en déposant nos assiettes et boissons. J’en hume le parfum, l’eau à la bouche, affamée. Je remonte les yeux sur Jane qui effectivement s’impatiente de connaître la suite de mon histoire.
Je prends tout de même le temps de goûter à mon assiette et c’est un réel ravissement. Je ne peux m’empêcher de me dire que c’est un endroit que j’aimerais faire découvrir à Matt, et en association d’idées mes pensées dérivent vers son corps sensuel et ses baisers torrides qui irradient dans l’instant mon corps de fourmillements. Un claquement de doigts me rappelle à l’ordre.
— Je crois que « sagement » n’était peut être pas le mot approprié…
Jane passe son regard du visage rayonnant de Wendy qui jubile de perspicacité au mien cramoisi et silencieux et en reste bouche bée.
— Quoi ? tu as… vous avez ?
— C’est bien possible… dis-je en haussant les épaules, tout sourire.
Surexcitée mon amie joint les mains devant elle et fait mine d’applaudir discrètement.
— S’il te plait, dit-elle d’un ton suppliant, raconte nous tout, j’ai besoin de vivre une passion par procuration…
— Oh, moi aussi ! ajoute Wendy en s’approchant pour faciliter la confidence.
Je porte mes mains à mes joues pour en atténuer la chaleur, mon esprit envahi par les images ardentes de nos ébats, toutes sans exception interdites aux moins de 16 ans.
— Navrée les filles mais tout ce que je peux vous dire c’est qu’il m’a ramenée chez moi, que nous nous sommes embrassés et…que j’ai passé une nuit extraordinaire…j’ose à peine croire que c’était réel.
— Non, tu ne peux pas nous faire ça, je suis frustrée et totalement déprimée. Dis-moi juste s’il a de grandes mains…
— JANE !! dis-je estomaquée. Tu exagères…et oui il a de très grandes mains…ajoutais-je en me concentrant sur le pliage de ma serviette sans oser soutenir leur regard ébahi, un sourire radieux sur le visage.
— Je te déteste, m’assène Jane en me tapant d’une pichenette avec sa serviette.
Et nous partons toutes les trois d’un éclat de rire. Nos conversations dérivent sur le comportement effarant de Stephen et sur les états d’âme de Jane puis sur des thèmes plus frivoles. Nous finissons notre repas et j’en apprécie chaque bouchée. La cuisine y est fabuleuse mais je crois surtout que je suis disposée à apprécier chaque instant comme réveillée d’une profonde hibernation.
Marc et Nina ont été mes grands amours et en les perdant je pensais ne jamais plus revivre de sentiments aussi forts, qui vous emplissent et vous submergent, vous transportent de joie autant qu’ils vous angoissent. Dès l’instant où nos lèvres se sont retrouvées hier soir, un tourbillon d’émotions m’a envahi ébranlant mes repères et me bouleversant à un point que je n’aurais jamais pensé l’être. Mon regard se porte sur mon portable qui est resté muet depuis que j’ai envoyé un message à Matt pour savoir s’il viendrait me rejoindre ce soir.
Nous décidons de nous promener dans Camden Town Market et flânons dans les boutiques en essayant quelques vêtements. L’après-midi se passe agréablement. Seule ombre au tableau la réponse brève et distante de Matthew : « Impossible, te rappelle demain ».
Épuisée, je quitte mes amies et rentre à mon appartement qui me semble tout particulièrement vide.
Je mange sur le pouce, je n’ai plus vraiment d’appétit, angoissée par une impression étrange.
Je ne tarde pas à aller me coucher, mon corps réclamant les heures de la nuit passée. Un dernier coup d’ œil à l’écran de mon téléphone qui se complaît dans son mutisme et je ferme les paupières ne réussissant à trouver le sommeil que tard dans la nuit malgré la fatigue. Me tournant et me retournant dans mon lit, en proie à des doutes qui trouvent peu à peu leur place dans mon âme fragilisée.
7 commentaires
Ellover
-
Il y a 3 ans
KBrusop
-
Il y a 3 ans
Ellover
-
Il y a 3 ans
Jess Swann
-
Il y a 3 ans
KBrusop
-
Il y a 3 ans
Jess Swann
-
Il y a 3 ans
Ellover
-
Il y a 3 ans