Fyctia

Il a besoin de se concentrer sur autre chose pour ne pas jouer les oncles rabat-joie et son changement de cap en est le signe.

Je lui explique donc sans sourciller comment j’ai fait changer d’avis sa nièce sur sa tenue. A peine j’achève mes explications qu’il éclate d’un rire grave qui fait vibrer en moi des parcelles de mon corps depuis bien longtemps endormies.

Je déglutis, le rouge aux joues, ravie d’être dans l’obscurité pour qu’il ne voie pas les effets que son rire a sur moi. Il retrouve son sérieux, plisse légèrement les yeux et penche la tête sur le côté, tout à sa réflexion.

J’attends patiemment qu’il me délivre le fruit de ses pensées, presque gênée d’être dévisagée de la sorte.

— Tu n’es pas une tartelette aux fraises ! m’annonce-t-il enfin.

— Ah bon, dis-je un peu déçue qu’il puisse me percevoir selon mon raisonnement comme une conquête d’un soir, anonyme, sans relief.

Je crois avoir la réaction qu’il attendait car il reprend la parole avec un air satisfait, ses yeux ne quittant pas les miens une seconde, malgré la proximité du couple dont il a la surveillance.

— Je dirais plutôt une tartelette Citron. Complexe, pétillante, envoûtante où chaque couche révèle une saveur différente qu’il faut prendre le temps d’apprécier…dont il faut s’imprégner pour en comprendre les nuances et jouir du plaisir qu’elle nous procure.

Mes joues s’échauffent de rougir d’avantage, si cela est possible. Est-ce qu’il a conscience d’être aussi sexy en prononçant ces mots et leur double sens charnel. Je détourne un instant les yeux, un sourire gêné aux lèvres.

— C’est mon dessert préféré, j’avoue en le regardant de nouveau.

— Le mien aussi à présent.

Nous sommes seuls, rien n’existe autour de nous. Nos regards restent scellés. Je ressens des fourmillements à chaque endroit où nos peaux se rencontrent. Sa main sur le bas de mes reins, comme une caresse. L’autre qui a trouvé son chemin jusqu’à mon épaule dénudée et son regard brulant posé sur mes lèvres comme une plume. Je ne peux m’empêcher de les mordiller ce qui avive le désir dans ses yeux.

— Youhou Matt ?

Je m’écarte légèrement de lui décontenancée par cet instant volé. Nos regards se portent sur Ashley qui semble se moquer de nous.

— Vous avez remarqué que la série de slow est terminée ?

Matt et moi regardons, incrédules, les gens danser autour de nous.

Certains nous décochent des sourires moqueurs.

Nous sommes les seuls à être encore en couple sur la piste animée d’une musique rythmée et je ne sais depuis combien de temps.

Je passe une mèche de cheveux derrière mon oreille d’un air gêné et suis Matt qui m’a saisi la main pour me diriger vers la table où nous attendent nos verres et Dan. Ce dernier surprend ce geste intime et me lance un regard entendu.

A peine installée, je me saisis de mon verre pour en vider d’un trait le contenu. Matthew a lâché ma main lorsque nous nous sommes assis, mais la proximité de son corps nous confère une certaine intimité.

Tous mes sens sont en exergues, la chaleur, la musique trop forte, ma peau hypersensible réagit au moindre de ses gestes. Nous laissons Ashley et son amie s’amuser leur dernière demie heure avant le couvre feu.

Nous discutons encore quelques minutes sur le parking avec Dan et sa soeur avant de se séparer.

L’ami de Matt m’étreint une dernière fois en me disant tout bas :

— C’est un type bien !

— Je sais, je lui réponds sans détour.

Le trajet du retour n’est pas aussi calme qu’on pourrait l’espérer à cette heure tardive. Ashley ne peut s’empêcher de nous relater les moindres détails de sa soirée dont pourtant nous avons été les témoins. Après l’avoir déposée chez ses parents et qu’elle nous ait remercié mille fois, le silence revient dans l’habitacle de la voiture alors que Matt me ramène chez moi.

Arrivés devant mon appartement il m’accompagne jusqu’à ma porte. Je triture mes clés avant de me retourner pour lui faire face.

— Tu veux entrer ?

Il secoue imperceptiblement la tête, sa main dégage une mèche de mon visage et s’attarde sur ma joue.

— Il est tard, me dit-il d’une voix roque.

— Tu peux rester dormir… ce ne serait pas la première fois.

Il ferme les yeux un instant, en lutte contre lui-même, puis les rouvre, son regard rivé au mien.

— Je ne serai pas capable de t’avoir si près de moi sans te toucher, te caresser…te goûter.

Mon coeur manque de s’arrêter en entendant ses paroles. Je me hisse sur la pointe des pieds et dépose délicatement mes lèvres sur les siennes, un effleurement, juste une caresse.

Il répond à mon baiser avec autant de légèreté, comme si nous avions besoin de nous découvrir.

Ma main se glisse sur sa nuque, les siennes m’étreignent et notre baiser se fait plus intense, reflet de l’urgence de nos désirs.

Ses mains se glissent dans mon dos sous le léger tissu de mon haut. La caresse de ses doigts sur ma peau me vole un gémissement. Sonné, il s’écarte, pose son front sur le mien les yeux fermés.

— Tu es sûre ? je ne veux pas…

— Chut…

Mes doigts se posent sur ses lèvres pour le faire taire.

— Je suis sûre…je crois que j’en ai envie depuis bien trop longtemps…

Son sourire se dessine sous mes doigts dont il se saisit après les avoir embrassés.

Il avance, calant mon corps contre la porte, prend mon visage en coupe et m’embrasse avec un

empressement tel que mes doigts se resserrent sur son tee-shirt pour ne pas perdre pieds.

Il s’écarte à regret, rappelé à l’ordre par les jappements du chien de mon voisin.

Etourdie et à bout de souffle je récupère mes clés qui avaient dû m’échapper et me retourne pour déverrouiller la porte. Je dois m’y prendre à deux fois, déconcentrée par les baisers que Matt dépose dans mon cou.