Fyctia

J’enlace Joséphine en mettant respectueusement mes mains dans le creux de ses hanches et elle pose ses mains sur mes épaules.

Alors que vient de se terminer la chanson précédente, je reconnais l’intro de « I don’t want to miss a thing » d’Aerosmith.

Nos corps se rapprochent, douce tourmente, et comme un écho aux paroles de cette chanson je sens son cœur battre contre moi.

Ses yeux restent rivés un instant aux miens, nous ne parlons pas.

Puis doucement elle dépose sa tète contre mon torse, j’appuie la mienne sur le haut de son front et nous bougeons lentement au rythme de la musique, bercés par ses paroles, les yeux clos, nous imprégnant de ce moment volé.

L’éclat de rire de Jane à nos côtés nous fait tourner la tête en un mouvement pour apercevoir Alexandre en train de faire le pitre sur la piste à grands pas de danse exagérés, mettant à mal la souplesse de sa cavalière.

Je reporte mon attention sur la mienne et nous ne pouvons réprimer un rire complice. La chanson se termine et nous nous pressons de rejoindre nos places épuisés d’avoir tant ri.

Bob nous apporte quelques trucs à manger et la soirée se poursuit agréablement. Je jette parfois un coup d’œil à mon ami toujours posté sur son siège de comptoir où tout semble être en statu quo.

Il se fait tard et il est temps de rentrer chacun chez soi. Je me lève à la suite des autres et on s’apprête à sortir du pub.

Au passage nous nous arrêtons près de Stephen qui nous salue d’un signe de tête et nous indique qu’il va rester un peu plus longtemps. Wendy qui nous accompagne près de la sortie lève en réponse les yeux au ciel en secouant la tête, dépassée vraisemblablement par l’entêtement de mon ami.

Nous les laissons donc à leurs histoires et sortons du pub.

Une fois dehors, Alex surprend Jenny en lui disant au revoir de trois bises sur les joues. Joe lui met un coup de coude dans les côtes pour lui rappeler que ce n’est pas l’usage mais il ne semble pas s’en formaliser, réitérant son geste auprès de Jane qui paraît y être habituée.

Jenny, Jack et Jane nous saluent d’un geste de la main et s’éloignent vers leurs voitures respectives, nous laissant seuls sur le parking.

Alex me serre la main puis s’éloigne sous le regard insistant de sa sœur. Même s’il se fait discret, j’ai l’impression d’avoir un chaperon et je me passe la main dans les cheveux marquant mon malaise. Je m’approche d’elle qui semble aussi un peu gênée par la situation.

— Tu veux que je vous raccompagne ?

— Non, c’est gentil, j’ai mon garde du corps attitré, dit-elle dans un geste vague en direction de son frère qui pianote sur son portable dont il a fait fraichement l’acquisition.

— Je t’appelle dans la semaine, dis-je en ne pouvant m’empêcher de caresser son bras dénudé du bout des doigts.

Je la vois frissonner, alors qu’elle hoche lentement la tête.

— Tu as froid, attends je vais te prêter ma veste.

Elle arrête mon geste et secoue la tête.

— Non je n’ai pas froid…et je veux bien que tu m’appelles.

Je m’approche d’avantage et remonte ma main le long de son cou et caresse sa joue de mon pouce tout en déposant un léger baiser sur son front. Je me recule et la vois rouvrir lentement les yeux dans lesquels je discerne ce trouble qu’elle a parfois dans le regard, emprunt de nostalgie, d’appréhension peut-être.

— Je t’appelle alors, dis-je d’un ton rassurant tant pour moi que pour elle.

Elle acquiesce et me rend mon sourire en posant sa main sur la mienne toujours logée sur sa joue. Je me tourne vers Alex et m’adresse à lui en m’écartant de Joe pour respecter la distance réglementaire.

— Ravi de t’avoir rencontré Alex et bon retour…

Il me salue et je les suis des yeux lorsqu’ils s’éloignent.