Fyctia

La soirée a été très agréable et la présence de son frère m’a permis de rester dans le droit chemin et de la connaître un peu mieux.

Je dois m’absenter toute la semaine et même si je souhaite garder une certaine distance pour nous permettre de prendre notre temps je ne concevais pas de ne pas la voir avant de partir.

Je lui ai dit que nous allions boire un verre chez Bob ce soir avec des amis au cas où elle voudrait se joindre à nous avec son frère. Prétexte puérile mais efficace, ils doivent nous rejoindre avec l’une de ses amies.

Wendy m’a accueilli avec chaleur tout comme Bob malgré son air bourru naturel.

Lorsque je lui ai dit que Joe et son frère devaient passer ce soir il a proposé de rassembler deux tables et de nous installer dans un coin tranquille. Je l’ai aidé à agencer les tables le temps que les autres n’arrivent et Wendy est venue bavarder avec moi quelques instants.

Je n’en reviens toujours pas que Stephen ne se souvienne pas de la jolie serveuse.

Quand on parle du loup, je l’aperçois qui franchit les portes du pub. Son entrée n’échappe pas à Wendy qui s’éclipse discrètement.

Il me salue et vient s’installer avec moi sans se rendre compte de rien.

— Salut mec, ça va ? me demande-t-il en prenant le siège en face de moi.

— Bien et toi ?

— Ouep. Alors comme ça tu nous présentes officiellement la belle Joe et le petit frère ?

— C’est juste une sortie entre amis d’ailleurs je crois qu’elle vient avec l’une de ses copines.

Il lâche des yeux le portable qu’il avait à la main pour les fixer sur moi. Un sourcil relevé il masque difficilement sont intérêt.

— Laquelle ?

— Je n’en reviens pas, tu cherches encore qui est Wendy ?

— Arrête ça m’obsède, dit-il en rangeant son portable dans la poche intérieure de sa veste et en se massant les tempes du bout des doigts. Je suis quasi sûr de ne pas avoir couché avec elle…

L’intéressée est justement derrière lui, portant un plateau avec mon verre commandé avant qu’il n’arrive, estomaquée par ce qu’elle vient d’entendre, rouge de rage.

Je vois qu’elle lutte pour ne pas lui verser le liquide sur la tête et dépose ma bière devant moi.

— La même chose s’il vous plait, lui dit-il sans même lui adresser un regard.

Je soulève les épaules et secoue imperceptiblement la tête en guise d’excuse et d’incrédulité à l’attention de la jeune femme qui s’éloigne pour préparer la commande.

A en croire la raideur dans ses épaules et le regard noir qu’elle lui lance derrière le comptoir je pense que le self control de la douce Wendy que m’a décrit Joe est mis à rude épreuve.

— Non mais c’est vrai, cette fille est bonne, elle a un sex-appeal, le sexe avec elle ça doit être mémorable…aller aide moi, je cherche depuis l’autre jour. Même me taper la nouvelle secrétaire n’a pas réussi à me la sortir de la tête.

— T’es vraiment un connard fini.

— Ça veut dire que tu ne vas pas m’aider…

— A n’en pas douter !

Jack et Jenny arrivent et se joignent à nous. Ils ont à peine le temps de s’installer que Joe franchit les portes du pub suivie de son frère et son amie. Ils embrassent Wendy et Bob avant de nous rejoindre.

— Salut, voici mon frère Alexandre et Jane, une amie.

Tout le monde se salue et prend un siège. Je jette un bref coup d’oeil à Stephen qui semble un peu déçu de voir Jane.

Son attitude me fait sourire et j’adresse un clin d’œil à Joe qui me regarde intriguée. Je prends mon portable et lui envoie un SMS « Je te raconterai plus tard : WendyGate ».

J’appuie sur envoyer et attends sa réaction. Au signal de réception du message elle sort son portable et le lit discrètement. Sa réaction ne se fait pas attendre.

Elle sourit et jette un bref regard à Stephen puis lève les yeux sur moi d’un air complice. Je comprends qu’elle aussi aura des choses à me raconter.

Je la regarde sans détour. Ses cheveux sont coiffés en une tresse à la Hunger Game, elle porte un slim noir et un chemisier sombre sans manches dévoilant ses jolies épaules dont je ne peux détacher les yeux. Quand finalement je m’en décroche c’est pour rencontrer son regard fixé sur moi et je me perds dans ses grands yeux gris. Notre échange est bref mais au rose qui illumine la peau de ses pommettes je me félicite de l’effet que j’ai sur elle.

Elle n’imagine pas à quel point c’est réciproque et je ne peux qu’approuver le choix d’un lieu public pour nous retrouver.

Le pub s’est rempli et je me lève pour aller commander les boissons au comptoir. Les gens se pressent autour du bar mais Wendy s’approche lorsqu’elle m’aperçoit.

Je lui liste notre commande dont elle prend note et m’indique qu’elle viendra nous l’apporter dans un instant. Je m’apprête à retourner m’asseoir mais fais volte face.

— Wendy, je suis désolé pour mon ami, il est parfois…

— Un abruti, un connard, un parfait imbécile ?

— …tout ça à la fois je crois, dis-je après un sourire. Mais il peut être sympa aussi…

Elle relève les yeux, me jaugeant du regard, puis s’affaire de nouveau à sa tache en secouant la tête.

— J’en doute…

Elle sert un client devant elle et je retourne à ma place. Tout le monde à l’air de très bien s’entendre.

Les filles parlent d’un restaurant qui vient d’ouvrir et se promettent d’aller le tester ensemble.

Le frère de Joe travaille dans un bureau d’étude dans le milieu automobile sur Paris et il est en grande conversation avec Stephen sur des aspects techniques et même s’il ne parle pas parfaitement anglais, les deux hommes ont l’air de se comprendre.

— Tu te souviens du resto près de Campden Town ? avec la déco vintage… ? dit Jenny en s’adressant à Jack.

— Ah oui je vois lequel c’est, dit Jane. On y est allées avec Wendy le mois dernier, mince je ne me souviens plus du nom.

— La fameuse Wendy, réplique Jenny en regardant Stephen. Alors tu as trouvé d’où tu la connais ?

— Non toujours pas, mais elle, elle a dû vous parler de moi, je ne suis pas quelqu’un qu’on peut oublier facilement, dit-il avec flegme à l’attention de Joe et de Jane qui en reste bouches bées, le regard fixé derrière lui.

L’image se passe au ralenti devant moi. Wendy, qui s’était approchée avec les verres s’en saisit d’un et le verse sans vergogne sur l’entre jambe de mon ami qui se lève d’un bond et se retrouve nez à nez avec elle.

— Putain…vous pouvez pas faire attention !

— Oups, que je suis maladroite !

— Wendy ?!

Le cheminement se fait dans son esprit…enfin.

Il la regarde et secoue lentement la tête, un sourire se dessine sur ses lèvres, il comprend qu’il l’a bien mérité.

— On se connait ? dit-elle d’un air mutin. Je suis « bonne » pour aller chercher un autre verre…désolée.

Et elle tourne les talons après avoir soulagé son plateau des autres verres en les posant précautionneusement sur notre table.