KBrusop Saveur Citron Joe (2)

Joe (2)

Je regarde mon frère d'un air effaré.


Lasse de devoir lui donner une explication je me retourne sans lui répondre pour aller ouvrir à Matthew. Je déclenche à distance l’ouverture de l’immeuble en lui disant d’entrer par l’interphone et j’entrouvre la porte le voyant arriver avec un bouquet de tulipes et une bouteille de vin à la main.


Il comprend en me voyant que quelque chose ne va pas et il m’interroge du regard.


Je n’ai pas le temps de lui répondre qu’Alexandre est déjà sur mes talons, plus curieux qu’un enfant de 5 ans.


— Bonjour, je suis Alex le frère de Joséphine, lance-t-il en tendant la main que Matthew saisit pour le saluer.


— Enchanté, Matthew, un ami de Joe. Je ne savais pas que tu avais de la visite, me dit-il.


— Je ne le savais pas moi-même.


A mon sourire embarrassé il répond d’un sourire complice désamorçant d’emblée la gêne que je ressentais alors. Je l’invite à entrer et referme la porte derrière lui.


— Mais je ne veux pas déranger, je vais vous laisser en famille, vous avez surement plein de choses à vous dire.


— Tu plaisantes, pour une fois que je rencontre un ami de Joe, tu ne vas pas t’en tirer à si bon compte et en plus elle a fait sa fameuse recette de penne, tu ne dois pas louper ça.


Il appuie ses propos d’une tape sur le dos de Matthew et va dans la cuisine prendre deux bières dans le frigo, les ouvre et lui en tend une tout en prenant une gorgée de la sienne.


Il l’entraîne ensuite dans le salon pour discuter. Matthew me jette un regard par-dessus son épaule et je lui murmure du bout des lèvres « je suis désolée ».


Il me fait un sourire rassurant et… désarmant qui me fait tout de suite regretter la visite surprise de mon cher frère.


Ils s’installent tous les deux dans le salon et Alex le mitraille de questions sans beaucoup de subtilité.


Avec un anglais assez approximatif il réussit pourtant à se faire comprendre. Matthew se prête au jeu mais je regrette de n’entendre que des bribes de réponses, l’irruption de mon frère aurait au moins pu me servir à glaner quelques informations.


J’ajoute les fleurs de Matthew dans le vase ainsi qu’un couvert pour notre invité surprise.


Le repas prêt, je les invite à passer à table. L’ambiance est chaleureuse et finalement je commence à apprécier leur rencontre inattendue. Le voir évoluer dans mon univers et lui faire partager un pan de ma vie me laisse songeuse.


Je l’observe à la dérobée, il partage déjà des « private joke » avec mon frère ce qui me donne à penser que ce dernier a dû lâcher quelques anecdotes croustillantes de mon enfance. Il ne perd rien pour attendre. Ils me font tous les deux des éloges du plat à grands renforts d’onomatopées.


Matthew m’aide à débarrasser les assiettes pour passer au dessert. Nous sommes seuls dans la cuisine, j’aime sa présence près de moi.


Nous n’échangeons que peu de mots mais notre langage corporel parle pour nous. Un frôlement, épaule contre épaule devant le plan de travail, nos doigts qui s’effleurent accidentellement alors que nous préparons ensemble le dessert, des regards échangés, chaque geste me vole un battement de cœur qui s'affole en sa présence.


Mais nous sommes bien vite rappelés à l’ordre par mon adorable frère qui nous interpelle du salon. Nous nous regardons intrigués avant de réprimer un fou rire car ni l’un ni l’autre n’a compris le « franglais » improvisé et riche en couleur de mon frère. Nous échangeons un sourire complice et retournons le rejoindre.


La soirée et le repas se terminent dans la bonne humeur. Nous discutons jusqu’à tard, confortablement installés dans les canapés autour d’une boisson chaude.


Alex nous fait comprendre d’une manière peu subtile qu’il est gagné par la fatigue. Il faut avouer que nous sommes assis sur ce qui va lui servir de lit.


Matthew comprend le message et le salue avant de prendre congés.


Je le raccompagne jusqu'à la porte, la fermant derrière nous pour nous donner un peu d’intimité qui nous a fait tant défaut tout au long de la soirée.


Chacune de nos rencontres s’est soldée par une étreinte, et j’avoue que la chaleur de ses bras me manque terriblement.


J’ose un regard vers lui et ses yeux sont le reflet de mes propres désirs. Je m’adosse contre la porte et il s’approche de moi sans rompre notre regard. Il pose une main sur la porte à côté de mon visage et de l’autre il dégage mes cheveux déployés sur mon épaule pour qu’ils s’étendent dans mon dos.


— J’aime beaucoup.


Instinctivement je porte une main à mes cheveux que j’avais décidé de garder relâchés en vagues scrupuleusement étudiées sur mes épaules.


— Merci pour ce délicieux repas…je ne mettrai plus en doute tes talents culinaires.


Même s’il tente un trait d’humour je vois son regard s’assombrir d’une lueur de désir. Ses yeux se portent sur mes lèvres que je ne peux m’empêcher d’humecter. Les battements de mon cœur s’accélèrent avec la promesse de ce baiser. Après ce qui me semble une éternité, je le vois froncer les sourcils et fermer les yeux comme tiraillé dans une lutte intérieure. Quand il les rouvre, ses intentions ont changé, il semble décidé, résigné peut-être.


Il se penche sur moi et dépose ses lèvres… sur mon front. Je ne pourrais pas dire que je ne suis pas un peu déçue, mais son geste est d’une telle douceur que j'en reste bouleversée.


Je m’imprègne, m’enivre de son odeur et ma main trouve naturellement sa place sur son torse, la sienne vient se loger dans le creux de mes reins. Nous restons ainsi quelques instants, sans parler, sans bouger, nous rassasions l’un de l’autre par ce simple contact.


Des bruits de pas dans l’escalier nous alertent de l’arrivée de l’un de mes voisins qui sort son chien. A cette heure-ci qu’elle idée, vraiment ?!


Nous nous écartons à contrecœur faisant éclater notre bulle d’intimité.


— Je t’appelle… me dit-il


J’acquiesce d’un signe de tête, incapable de parler, le souffle court. Sa main est toujours nichée contre ma hanche dans une attitude possessive. A la légère pression qu’il exerce avant de l’enlever je sais qu’il ne le fait que parce qu’il y est obligé. Il s’éloigne de moi et la chaleur de sa main disparaît trop vite. Je reste là à le regarder partir dans la nuit noire et je rentre dans l’appartement pour retrouver mon frère endormi dans le canapé-lit à peine couvert du plaid qui y était posé. Je vais chercher une couverture et la dépose sur lui avant d’aller me coucher moi-même pour un repos bien mérité.


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10 commentaires

Guyanelle

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Il y a 3 ans

Je n'arrive pas à annoter... Vers la fin du chapitre, juste avant le bruit de pas dans l'escalier, "rassasiant" serait peut-être mieux que "rassasions", pour la fluidité de la phrase?

Jess Swann

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Il y a 3 ans

Rooooo bon Alex est sympa mais là il est quand même tombé comme un cheveu sur la soupe ! On se doute que Matt avait sans doute une autre idée en tête pour la soirée. J'aime sa retenue, mais j'espère qu'il n'ait pas une erreur, on sent quand même une pointe de déception de la part de Joe...

KBrusop

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Il y a 3 ans

C’est reculer pour mieux sauter 😉

ÉmilieC28

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Il y a 3 ans

Oh la la je venais pour me mettre à jour mais je vois que tu as énooooormément publié depuis la fin du concours ahah, du coup je vais y aller petit à petit comme je faisais pendant le concours. Enfin globalement à moins que tu aies changé de style mon avis est le même, c'est très fluide et agréable à lire. Pour réagir au commentaire du dessous je l'aurai aussi formulé avec "rassasiant" :)

KBrusop

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Il y a 3 ans

Oui j’ai été prolifique 😉… merci en tout cas de prendre le temps de commenter. Je vous rejoins toutes les deux sur rassasiant 😋 et merci encore
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