Fyctia

Nous allons à la rencontre de Ness qui visionne les derniers clichés qu'elle vient de prendre.

— Je venais vous chercher, on commence à plier bagages…

— Nous voilà, dis-je une idée derrière la tête.

J’attrape son appareil avant qu’elle n’ait le temps de m’en empêcher et le hisse au dessus de ma tête alors qu’elle tente de le récupérer.

C’est peine perdu, elle est bien plus petite que moi et ses tentatives sont veines.

Joséphine nous regarde et s’amuse de nos chamailleries.

— Rends-moi mon appareil ou je raconte à Joe tes secrets les plus inavouables…

Je la jauge un instant mais je la sais capable d’inventer n’importe quoi.

— D’accord, je capitule mais laisse moi voir ton dernier cliché.

Elle m’invite à le faire d’un signe de tête avec un grand sourire, sûre d’elle.

La photo apparaît sur le petit écran numérique et comme toujours elle a su capter l’intensité de nos regards, l’intimité de cet instant que je viens de partager avec la sublime jeune femme qui m’observe en ce moment même.

Je sais qu’elle meurt d’envie de voir l’image elle aussi et je l’invite à se rapprocher.

Je ne saurais dire ce qu’elle y voit. Elle reste silencieuse un instant.

— Tu es vraiment très douée, dit-elle sans lever les yeux de l’écran.

— Merci, lui répond Ness ravie en récupérant son appareil photo, la prochaine fois je te montrerai ma série de portrait. Je suis sûre que tu vas adorer.

Joséphine relève discrètement les yeux sur moi en écho à l’allusion de Ness à une prochaine rencontre. J’acquiesce de la tête d’un air décidé, il n’est pas question qu’on ne se revoit pas.

Nonchalamment, nous retrouvons le reste de la troupe qui a fini de tout rassembler.

Chargés des sacs de victuailles nous retournons au parking. Arrivés sur place nous commençons à nous dire au revoir.

— Dis Zo, tu viendras à mon anniversaire ?

— Nous fêtons ses cinq ans dans deux semaines à la maison, rajoute Jessy en réponse au regard interrogatif de Joséphine et après m’avoir jeté un coup d’œil.

— Tu es la bienvenue, on fait ça en famille…ajoute-t-elle.

— Je ne sais pas…justement vous serez en famille.

— S’il te plait, Zo.

Personne ne peut résister à la petite bouille de Lily, pas même Joséphine qui se laisse déjà attendrir pas ses grands yeux suppliants.

— Je crois que Lily a très envie de te revoir…et ça nous donnera l’occasion de mieux te connaître.

Je suis surpris et ravi de l’invitation de Jessy. Elle n’est pas du genre à s’immiscer dans mes histoires de cœur mais je lui en suis reconnaissant.

Joséphine lève les yeux sur moi. Je lui fais un clin d’œil pour lui faire comprendre que ça me convient et que je désire également la revoir.

Elle sourit et s’accroupit pour se mettre à la hauteur de Lily.

— D’accord petite princesse, je viendrai avec plaisir.

Ma petite nièce lui saute au cou de joie pour lui faire un énorme câlin.

Joséphine caresse ses boucles brunes doucement et ferme les yeux quelques secondes comme pour s’imprégner de ce débordement de tendresse.

Après avoir salué tout le monde nous nous éclipsons et rejoignons ma voiture pour que je la raccompagne chez elle.

Je me gare devant son appartement et sors pour la raccompagner jusqu’à sa porte.

Elle joue distraitement avec ses clés mais cela n’a rien à voir avec le malaise qui l’entourait hier.

Les yeux rivés aux miens, à présent, elle semble apaisée.

— J’ai vraiment passé une merveilleuse journée.

Elle se hisse sur la pointe des pieds et prend appui sur mon bras pour déposer un baiser sur ma joue.

Le souvenir d’un autre baiser me revient à l’esprit et je dois me retenir pour ne pas la prendre dans mes bras pour renouveler l’expérience déstabilisante que nous avons partagée.

Je reprends mes esprits mais l’intensité de mon regard ne la laisse pas indifférente. Je le vois à la jolie couleur qui envahit ses joues.

— Gente damoiselle, puis-je toucher l’espoir de vous revoir demain, dis-je en me saisissant de sa main pour lui faire un baise main.

— Je ne peux pas, je suis prise demain…me répond-elle un peu gênée.

— Peut-être dans la semaine, mercredi soir ? je sais que ma requête semble désespérée mais j’ai cet intime besoin de la revoir.

— J’ai plusieurs réunions avec des clients cette semaine et je risque de rentrer tard…mais vendredi soir peut-être je t’appelle pour te confirmer, rajoute-t-elle rapidement révélant je l’espère son envie de me revoir.

J’acquiesce satisfait en remettant une mèche de cheveux derrière son oreille pour assouvir un ultime besoin de frôler sa peau avant de partir.

Elle entre chez elle, me fait un signe de la main avant de fermer la porte.

Je remonte dans ma voiture et attends de l’apercevoir dans son appartement pour m’en aller. Je parcours le trajet jusqu’à mon appartement sans m’en rendre compte, l’esprit accaparé par les souvenirs de ces deux derniers jours.

J’ai vraiment cette fille dans la peau, chaque sensation en sa présence m’a semblé décuplée. Je ne veux pas précipiter les choses.

Après ce qu’elle a vécu, je ne veux pas tout compromettre en voulant griller les étapes.

Je souris à cette idée, nous en avons grillées suffisamment, d’abord le baiser, puis une nuit ensemble et la présentation à ma famille. Quelle sera la prochaine…