Fyctia

— Nous y voilà ! dit-il en garant la voiture sur un parking qui donne sur le stade à proximité des tribunes.

— Et nous avons un comité d’accueil…désolé, ajoute-t-il en me faisant signe de la tête.

Je reporte mon attention sur lui puis je suis la direction de son regard.

Il y a quelques personnes dans les tribunes, d’autres qui sortent de leurs véhicules, quelques petits groupes par ci par là mais je ne peux manquer l’attroupement, essentiellement féminin qui nous adresse des signes de la main.

— Ton fan club ? dis-je intriguée.

— Pire, mes sœurs !

Je souris en voyant l’expression de son visage qui feint l’agacement mais derrière laquelle je devine toute l’affection qu’il porte à sa famille.

— Prête à les affronter ?

— Elles sont si terribles que ça ?

— Disons qu’elles peuvent être… envahissantes ! me dit-il avec un clin d’œil.

— Je survivrai, dis-je avec un sourire non sans une pointe d’appréhension.

Nous sortons du véhicule, il récupère son sac qu’il passe négligemment sur son épaule et alors que nous commençons à avancer vers le groupe qui ne nous lâche pas des yeux, je sens sa main se poser dans le bas de mon dos pour encourager notre mouvement.

Ce geste, qui se veut anodin, me lance une décharge de frissons et le feu me monte aux joues. Je redoute l’interprétation de ses sœurs sur la nature de notre relation et cela me met dans une situation délicate.

Matthew ne semble pas s’être rendu compte de mon embarras et s’approche du groupe d’un pas détendu.

— Les filles je vous présente Joe.

Je leur fait un petit salut de la main un peu gênée d’être dévisagée de la sorte. Elles me répondent par un sourire chaleureux qui me met à l’aise aussitôt.

Il me présente ses sœurs une à une. D’abord Jessica, de 10 ans son ainée, les cheveux presque bruns et les yeux clairs. Malgré cela ils se ressemblent beaucoup et les petites rides aux coins de ses yeux sont le reflet de sa joie de vivre.

Vient le tour d’Anna et de Rose, ses sœurs jumelles. Il m’en avait parlé hier brièvement et à mon grand soulagement leur coupe de cheveux permet de les distinguer. L’une les porte en carré court et l’autre les a longs en queue de cheval. Contrairement à leur grande sœur, elles ont les mêmes teintes que leur frère. Longilignes, elles ont la silhouette et la grâce de danseuses classiques - ce qu’elles ont pratiqué longtemps m’apprendront-elles plus tard. Elles sont superbes et leur garde-robe doit être impressionnante, Jane les adorerait.

Il me présente ensuite Ness qui est venue au monde lorsqu’il avait à peine plus de deux ans. A les regarder je vois qu’ils ont un lien très fort. Elle est un joli mélange de la fratrie. Châtain clair presque rousse, elle a une chevelure magnifique qui encadre un visage clair parsemé de taches de rousseurs. Elle a les mêmes yeux bleu clairs que Jessy ce qui lui confère un visage d’ange mais à son regard pétillant je devine qu’elle ne doit pas être si sage que son apparence laisse supposer. Elle me sert d’une étreinte comme si nous nous connaissions depuis toujours.

— Ness, laisse la respirer, dit Matthew sur le ton de la réprimande mais ne pouvant cacher un sourire amusé.

— Désolée, me dit-elle en me lâchant et en haussant les épaules, ravie de te rencontrer.

Je la gratifie d’un sourire chaleureux qu’elle me rend, je crois qu’on va bien s’entendre toutes les deux.

— Et enfin, je te présente Coleen, une amie de longue date.

— Salut, dis-je en me tournant vers elle mais au regard froid qu’elle me lance et à son sourire forcé je doute qu’elle apprécie ma présence ici. Je n’ai pas le temps de m’appesantir sur cette impression car Matthew me prend au dépourvu en posant son bras sur mon épaule et en se tournant vers ses sœurs.

— Je vous la confie et je compte sur vous pour ne pas la mettre mal à l’aise, d’accord ? dit-il à leur attention en les regardant l’une après l’autre.

Je sens quelque chose tirer sur mon pull. C’est une petite fille, haute comme trois pommes, qui tente d’attirer mon attention.

— Hey toi, ma princesse, dit Matthew en enlevant le bras de mon épaule et se baissant pour saisir la petite fille et la monter haut en dessus de sa tête faisant éclater son rire cristallin de ravissement.

— Lily, voici mon amie Joe, tu veux bien lui montrer où il faut s’installer.

La petite Lily, qui est en fait la petite dernière de Jessy, la sœur aînée de Matthew, acquiesce l’air ravi de la mission que lui a confiée son oncle.

— Bonzour Zo, tu veux me tenir la main, me dit-elle en me tendant sa menotte.

— D’accord, lui dis-je en m’en saisissant et en me laissant guider par la mini Jessy tellement elle lui ressemble.

Nous nous dirigeons vers les gradins tandis que Matthew après un dernier regard se rend au pas de course vers les vestiaires.

En avançant, le haut ample d’Anna, l'une des jumelles, laisse deviner un heureux événement au léger rebondit que forme son ventre et à la main qu’elle pose dessus avec tendresse.

— Tu attends un enfant ?

— Oui, me dit-elle radieuse. Mon deuxième.

— Tu es à combien ?

— Presque cinq mois.

Je la regarde surprise. Si elle n’avait pas eu se réflexe de future maman en mettant sa main sur son ventre je ne suis pas sûre que j’aurais deviné son état.

— Je sais, répond-elle à mon étonnement, pour Kessy, mon grand, je désespérai d’avoir un joli ventre de femme enceinte. Par contre, dès qu’il est sorti on ne voyait plus que ça, rajoute-t-elle avec fierté.

— Vous allez bientôt savoir le sexe alors.

— Oui mais on veut garder la surprise. Comme pour Kessy, on ne choisit que des prénoms mixtes.

Jessy m’interpelle pour me présenter au reste de la bande qui est déjà installé. Je commence à m’y perdre dans tous ces prénoms et je vais finir par prendre des notes. Il y a les maris de Jessy et des jumelles accompagnés de leurs progénitures ainsi qu’Ellie, la cadette de la famille assise près de la fille aînée de Jessy qui vient juste d’avoir 18 ans. La tante et la nièce ont à peine 3 ans d’écart, ont grandi ensemble et sont plutôt intéressées par un groupe de jeunes, quelques bancs plus haut, que par ma présence.

Et enfin elle me présente à un couple dont l’homme me paraît familier.

— Jack, on s’est déjà croisés, dit-il à l’attention de Jessy.

Je réfléchis et le reconnais. Il était au bar le soir du fameux pari.

— Alors comme ça tu es venue, ajoute-t-il d’un air complice.

Je comprends le sous-entendu et lui souris d’un air gêné.

— Il semblerait.

— C’est elle ? dit une voix derrière lui.

Il s’écarte et acquiesce avec un sourire tendre à la jeune femme qui me saute littéralement au cou. Blonde, de grands yeux expressifs, élancée, nous devons avoir à peu près le même âge. Elle me lâche rapidement et s’adresse à son compagnon.

— Il est plus doué que toi !

— C’est discutable, répond-il en lui souriant. Je te présente Jenny, dit-il à mon attention.

Je les regarde l’un l’autre d’un air circonspect mais ils n’y prêtent pas attention leurs regards attirés par les joueurs qui entrent sur le terrain pour s’échauffer.