Fyctia

Aaron.

Juillet 2024, 4h20. Dans son enfer.

Partie 1

Je ne suis pas encore rentré chez moi. Je suis sur un banc en train de fumer et de penser à Livia. Je repense à ce qu’elle a fait et je souris comme un idiot. C’était vraiment pas mal de sa part. En tout cas, ça a fait fuir la meuf. Je voulais juste rendre jalouse Livia au début. Quand j’ai vu qu’elle ne me calculait pas, j’ai arrêté, mais la meuf ne voulait pas me lâcher. Je ne connais même pas son prénom. Finalement, j’ai l’impression que ça a marché, car Livia m’a fait tout un spectacle que j’ai adoré.

Un bruit me sort de mes pensées. Comme si quelqu’un était tombé. Je ne fais pas attention, il doit sûrement y avoir des gens encore bourrés dans les parages. Je finis ma clope et je décide de rentrer, mais un deuxième bruit m’interpelle :

— NON.

Je m’approche du bruit et je vois la fenêtre de la salle de jeu ouverte. Je regarde à l’intérieur : il fait trop noir, mais je vois deux ombres à terre. Et juste à côté des habits. Blanc. Je cours vers l’entrée de la salle et rentre dedans. J’allume la lumière et je le vois.

Lui. Au-dessus d’elle. Elle essaie de se débattre de son enfer.

C’est elle qui a crié "non". Je me dépêche d’aller vers lui. Je le tire en arrière avec force.

— Espèce de fils de pute ! je lui hurle dessus.

Je suis hors de contrôle, je n’ai jamais été comme ça. Je le pousse loin de Livia et il tombe par terre. Je me mets au-dessus de lui et je ne m’arrête plus de lui donner des coups de poing. Jusqu’au moment où il tombe dans les pommes. Je me relève et lui donne un coup de pied dans le ventre pour être sûr qu’il soit inconscient.

Je me rue vers Livia et je vois qu’elle aussi est inconsciente. Je vais le tuer ce putain de fils de pute. Je vais vraiment le tuer. Je vois qu’elle est complètement nue. Et elle a des bleus au visage. Dont un coquard déjà presque violet.

Je décide de prendre les habits que je vois par terre. Je grimace quand je vois sa culotte toute déchirée. Je crois que je vais vomir. Comment on peut faire un truc pareil bordel. J’essaie comme je peux de la couvrir. Je lui mets son pantalon, mais son haut, je n’y arrive pas. J’enlève alors ma chemise et je la mets autour d’elle. Elle reprend conscience en sursautant quand j’essaie de refermer les boutons de la chemise.

Livia.

Juillet 2018, 4h42. L'inconscience.

Je reprends conscience doucement et je sens encore ses mains sur moi, alors je sursaute.

— NON ! non… N-non, s’il te plaît… arrête je… je t’en supplie… J’essaie de dire comme je peux et de reculer.

Par surprise, je ne sens plus rien du tout sur mon corps. Plus personne ne me touche. C’est enfin fini ?

— Liv… C’est… Aaron, regarde-m… s’il te…

J’entends une voix, mais mes oreilles sont bouchées, alors je n’entends presque rien, à part ce sifflement. J’entends juste quelques sons sortir d’une bouche et des mots par ci par là qui ne veulent rien dire.

Des larmes dévalent mes joues.

J’ai mal.

Tellement mal.

— Je... t’en supplie, Tom… dis-je en haletant. Je t’en supplie… tu as raison… c’est… c’est ma faute, pardon.

— Livia… Ouvre… yeux… c’est…

Quand je sens une main sur mon épaule, je recule, en hurlant.

— Non, ne me touche plus ! Je t’interdis de me toucher. S’il te plaît…

La main s’enlève tout de suite de mon épaule. Et je commence à suffoquer. J’ai peine à respirer. Mes poumons se contractent tellement fort que ça me fait mal. Plus aucun air ne veut rentrer. J’essaie par tous les moyens de me lever, d’ouvrir les yeux. Mes yeux s’ouvrent enfin, mais je vois tout flou.

Qu’est-ce qui se passe ? Je remarque que j’ai mon pantalon. J’essaie de me calmer. Peut-être qu’il est parti.

Est-ce que j’ai rêvé ? Une ombre s’approche de moi et je recule instinctivement.

— Non ! Tom ! tu restes loin de moi maintenant.

Je me tape les oreilles avec mes mains pour essayer de me les déboucher. Je me frotte les yeux pour essayer d’y voir clair.

J’ai mal.

Tellement mal.

Il faut que je me calme. Je suis en train de faire une crise de panique.

Calme-toi, Livia. Aller. Tu peux le faire.

Je m'assois par terre.

1… 2… 3…

1… 2… 3…

Je respire mieux. J’ai réussi à me calmer. J’ouvre les yeux en grand, ma vue est embuée par mes larmes qui ne cessent de couler.

— Livia ? dit une voix.

Ce n’est pas la voix de Tom. Sauf si ma conscience me joue des tours. Je suis peut-être en train de rêver.

Ou je suis morte ?

— Qui est-ce… ?

— C’est moi, c’est Aaron.

— Aaron ?

Il s'approche de moi, mais je m'éloigne davantage.

— Non, s’il te plait. Loin de moi.

— Ok… ok… Je ne te ferai rien, je te le promets, c’est moi. C’est Aaron, répète-t-il.

— Tom ?

— Non, c’est Aaron.

— Où est-il ?

— Inconscient, je les mit KO, je crois. Ça va ?

— Non, non, ça ne va pas… je… mais… et mes larmes coulent sans retenue.

— Eh… ça va aller, je suis là maintenant. Il ne pourra plus rien t’arriver.

Mes yeux s’écarquillent quand je vois une silhouette derrière celle d’Aaron.

— Tom.

— Non Livia… C’est Aaron.

—Non, s’il te plaît, derrière toi… et je m'évanouis.