Fyctia

Partie 3 - Soirée blanche.

— Ma jolie…

— Mon sauveur. Je suis dans le pétrin. Je suis tellement perdu, Alan, je ne sais pas quoi faire. Il faut que tu m’aides et je-

— Doucement, me coupe-t-il face à ma mini-crise de panique. Explique-moi d’abord tout, et après, je pourrais t’aider à trouver une solution.

Je commence mon monologue par l’arrivée d’Aaron aux sanitaires. Qu’on se rapproche et qu’on soit à deux doigts de s’embrasser.

— J’ai ressenti tellement de frissons et de papillons dans le ventre. Je ne comprends pas ce qui s’est passé. Je n’avais jamais ressenti quelque chose d’aussi intense.

— Et quoi ? Qui a rompu le contact ?

— Tom.

— QUOI ? Il vous a vu ?

— Je ne crois pas, j’ai entendu le verrou de sa douche s’ouvrir, alors je me suis tout de suite écarté de lui.

Je continue à lui expliquer qu’ils ont failli s'entretuer.

— Et là, je le vois débarquer habillé exactement comme moi.

— Il ne pouvait pas savoir que tu serais toi aussi en blanc.

— Bah si, j’étais déjà habillé quand on s’est vu.

— Il savait donc. Mais pourquoi il fait ça ? Il te kiff, je suis sûr ! se réjouit Alan.

— Et Tom, dans tout ça ? Tu l’oublies ? On vient de s’embrasser hier et là… Aaron arrive de nulle part. Au début, on se chamaille jusqu’à se détester. Après, on dort ensemble. Et là, on s’est presque embrassé…

— Quitte Tom, c’est un gamin. Aaron est bien plus mature et bien plus beau aussi. Enfin, s’il apprend que c'est pour Aaron que tu le quittes, il risque de partir en vrille.

— Il me faut un autre verre.

— Doucement, Livia… n’en abuse pas, ce n’est pas un drame.

On rejoint tout le monde à la buvette, un fond de musique s’est installé et une dizaine de personnes sont en train de danser. Je sens le regard de Tom et d’Aaron sur moi, mais je ne prête attention à aucun des deux.

Je vais au bar et Alan me commande une troisième vodka coco et un cocktail pour lui.

— Merci, lui dis-je, je te payerais le prochain.

Après quelques verres de plus, je me mets à danser avec Alan, qui lui aussi a bu pas mal de verres. On danse un peu collé serré, c’est comme mon frère, alors je n’y vois aucun problème.

— Tu devrais parler à Aaron, ou à Tom, avant. Faut que tu te bouges, Livia.

— Je bouge là, non ? lui dis-je avec un sourire coquin. J’irais, mais là, je m’amuse, je crie un peu pour qu’il m’entende assez fort, car la musique bat son plein maintenant.

Tout le monde danse et pour une fois, je m’amuse, je lâche prise. Ce plaisir n’est que de courte durée quand on me chuchote à l’oreille.

— Ça va, tu t’amuses bien à coller tous les mecs ?

Je reconnais cette voix un peu rauque qui n’est autre que celle d’Aaron. J’hésite à lui demander s’il veut danser avec moi, mais je me retiens malgré l’alcool qui me pousse fortement à dire ce que je pense.

— T’es jaloux, Walters ? Lâche-moi, tu veux ? Je m’amuse avec mon ami, là.

Et il s’en va. Mais encore une fois, on vient gâcher la fête avec un message.

De Tom :

Il faut qu’on parle, je crois. Rejoins-moi à la salle de jeu quand la fête sera finie. Seule, s’il te plaît.

Je montre le message à Alan, qui me dit de lui répondre que je suis d’accord. Et il n’a pas tort, je dois avoir une discussion avec lui.

Je réponds seulement un OK. Et je m’amuse encore, et encore, et encore… sans penser aux deux mecs qui m’ont torturé l’esprit ces quelques jours. Malheureusement, je ne peux pas danser avec mon meilleur ami tranquille. C’est au tour de Louis de venir m'interpeller.

— Je peux te parler ?

Je hoche la tête, puis nous nous éloignons un peu de la fête.

— Je ne suis sûr de rien, mais… Tu ne trouves pas qu’Alan est bizarre avec Tom ? commence-t-il en s'asseyant sur un des fauteuils gris.

J’écarquille les yeux et sachant ce que vient de me dire Alan un peu plus tôt sur le fait qu’il faut que je quitte, je ne pense pas. Comme je ne réponds rien, il reprend.

— Je me doutais que tu n’allais pas me croire, mais l’autre jour quand Tom t’as embrassé pour la première fois, Alan n’a quasiment pas réagis, alors qu’on sait tous les deux ce qu’il ressent pour toi.

— Quoi ? On est juste très ami depuis longtemps, Louis, qu’est-ce que tu me racontes ?

— Tu fermes les yeux sur beaucoup de choses, Livia. Réveille-toi, on a plus dix ans, tu sais…

Je suis un peu choquée par son discours si brutal et direct.

— Je te demande juste d’y réfléchir… Et fait attention à ce Tom, je n’ai vraiment pas confiance en lui.

Puis il s’en va, me laissant planté là, toute seule avec mes pensées. Sans même pouvoir lui répondre.

Je veux bien entendre que Tom est bizarre, c’est bien pour cette raison que je vais tout arrêter avec lui. Mais qu’Alan aurait des sentiments plus qu'amicaux pour moi ? Je ne pense vraiment pas, surtout que plus tôt dans la soirée il me poussait dans les bras d’Aaron.

Je reste encore quelques minutes à réfléchir à tout ça.