Fyctia

Partie 2 - L'envie de pisser.

— Tu m’as dit que tu avais deux lits !

— Je n’ai jamais dit ça. C’est toi qui t’aies mis cette idée en tête, dis-je en rigolant.

Je ferme la porte, en faisant attention de fermer à clé, juste au cas où.

Ma caravane est plutôt petite. Mais j’ai une grande terrasse, donc ça va. Il y a juste un lit sur la gauche, un petit fauteuil sur la droite, une commode et une armoire. Le frigo est branché dehors avec une petite table sur la terrasse.

J’enlève mon jogging et mon tee-shirt et je me retrouve seulement en boxer. Quand je croise le regard de Livia, je la vois littéralement rougir en regardant mon torse avec ses petits yeux fatigués qui s'écarquillent de plus en plus.

— Tu veux ma photo gamine ?

— Euh… mais… tu… ne… tu ne peux pas dormir habillé ?

— C’est chez moi ici, je dors comme je veux. Je dors tout le temps comme ça, je ne peux pas faire autrement.

— Mon père va me tuer, angoisse-t-elle.

— Ton père n’en saura rien. Mets ton réveil à sept heures. Et tu vas vraiment dormir comme ça ? En jean ?

— Si tu crois vraiment que je vais enlever ne serait-ce qu’un seul vêtement, tu rêves ! et arrête de me donner des ordres bordel !

— Comme tu veux gamine.

Je vais me plonger dans le lit, tout au fond en essayant de lui laisser le plus de place possible, mais elle ne bouge pas.

— Tu attends quoi là, au juste ?

— Je n’ose pas, dit-elle très gênée par cette situation.

— Je ne vais pas te manger. Je ne te toucherais même pas. Arrête de rougir et d’être gênée comme une vraie gamine ! je suis fatigué alors, soit tu restes là, soit tu viens, mais dans les deux cas, moi, je dors. Débrouille-toi.

— Tu… tu peux te retourner au moins, s’il te plaît ?

Je me tourne en pouffant. Ce n’est pas comme si on allait baiser, merde, elle en fait tout un plat pour si peu !

Je sens enfin que le matelas s’affaisse un peu. Je tourne juste la tête et je la vois assise sur le bord du lit.

— Tu faisais quoi réveiller dehors à cette heure-là ? me demande-t-elle d’un coup.

— Je suis juste parti pisser et j’ai fumé une clope, je lui réponds en me retournant.

— Retourne-toi !

— Arrête de me donner des ordres gamine.

Je me tourne quand même, car je vois qu’elle est vraiment gênée.

À mon tour de poser une question.

— Pourquoi es-tu autant gênée ? je lui demande en restant tourné de mon côté.

— Je… euh, je n’ai jamais dormi avec un garçon.

J’écarquille les yeux et je ne peux m’empêcher de me retourner. Une fille aussi magnifique que Livia n’a jamais partagée de lit avec un homme ? C’est une gamine par rapport à moi, mais elle est quand même majeure, alors je suis étonné.

— Comment une si bel- Comment ? Tu as dix-neuf ans.

Je voulais lui dire qu’elle était belle, mais elle aurait trop pris la confiance, alors je ne sais pas quoi rajouter d'autres.

— Quoi ? Ce n’est pas un drame. Je n’ai juste jamais rencontré quelqu’un d’assez bien pour que je dorme avec.

— Alors… je suis quelqu’un de bien ?

— Je n’ai pas le choix, me rappelle-t-elle avec un faux sourire.

— Je prends ça comme un oui, lui dis-je avec un clin d’œil. Bonne nuit, Livia.

— Bonne nuit, Aaron.

Je me retourne et elle s’allonge enfin en mettant le plus de couverture possible sur elle.

Elle tourne, une fois, deux fois, puis trois.

— Tu vas arrêter de bouger, oui ?

— Désolé, dit-elle, je ne bouge plus.

Je pouffe, et je m’endors enfin, vers quatre heures du matin.

…

Je me réveille en sursaut à cause du bruit de son foutu réveil. J’avais presque oublié que Livia avait dormi avec moi. Et comme elle ne bouge pas, je lui demande :

— Putain, mais tu attends quoi pour l’éteindre ?

— O-oui, oui, c’est bon, dit-elle avec une voix ensommeillée.

Elle l’éteint et nous nous endormons tout de suite.