Fyctia

Partie 2 - Au Büech.

Il est presque minuit quand Lukas et Roméo partent se coucher.

— Déjà ? demande Alan.

— Mais ouais, ne partez pas tout de suite ? demande Tom qui s’est vite intégré.

— On se lève tôt demain, on part pour la journée…

— D’accord, alors, à demain, ou à je ne sais pas quand !

Ils font un check à tout le monde tandis que moi, je reçois un bisou sur le front de Lukas.

— Bye, beaux gosses, dis-je en les saluant de la main.

Alan et Louis parlent de football pendant que Tom se rapproche de moi.

— Je ne savais pas que tu avais un petit ami…

Sa voix m’a l’air un peu… triste ? Ou énervée ?

— Qui, Lukas ? Ce n’est rien. Ce n’est qu’un ami, ils font tous office de “grands-frères” ces potes-là.

— Oui, donc attention à toi, petit malin ! crie Alan en le fusillant du regard.

Tom lève les mains en signe de défense et ils se marrent comme des gosses. Je crois qu’ils s’apprécient bien, ce qui me fait chaud au cœur.

Les garçons reprennent leur conversation, quand Tom me regarde avec insistance. Je lui demande si quelque chose cloche sur mon visage, ce à quoi, il me répond :

— Je te trouve vraiment magnifique.

Je sens la chaleur irradiée mes joues.

— Oh, hum, eh bien, merci, dis-je un peu gênée, et je n’en finis plus de rougir.

— Ne soit pas gênée ! dit-il en rigolant. C’est ce que je pense, c’est tout. Tu n’as pas à être gênée pour ça.

Je le remercie en souriant.

— Bon, les amoureux, ça vous dit qu’on se fasse un billard ? lance Alan.

— Carrément ! Tom accepte tout de suite.

On suit donc les garçons jusqu’à la salle de jeux qui est plutôt grande. Les murs sont vernis dans un vert délavé. Le parquet est mal en point aussi. Beaucoup de poussière, des toiles d'araignées au plafond. Il faudrait la refaire, mais au final, c’est ce qui nous montre l'ancienneté de notre camping. Il y a aussi un billard en plein milieu, qui lui aussi, a fait son temps. Sur la gauche, un petit flipper et sur la droite, un jeu de voiture. Des petites caisses sont étalées partout, n’importe comment à terre. Oui, c’est un peu le bazar dans cette salle de jeu. Il y a aussi une grande fenêtre, avec pour seule vue des arbres.

— Moi, je ne joue pas, dit Louis.

— T’es naze, il va manquer une personne si tu ne joues pas ! je lui réponds.

Il hésite un long moment, puis finit par dire :

— Comment te résister, Livia…

— Bon, pour les équipes, moi avec Livia, et Tom avec Louis, ça vous va ?

— Non, non, c’est moi avec Livia, surenchérit Louis.

— Oh, ne vous battez pas pour moi, comme vous êtes mignons ! dis-je sur le ton d’un enfant.

— Bon, tu sais quoi, on te laisse avec Tom et Louis et moi, on se mettra à deux.

— C’est perdu d’avance, alors… dit Tom, un peu taquin.

Je lui assène une petite claque gentille sur le bras. C’est vrai qu’il ne m’a jamais vu jouer, il ne connaît pas encore mes talents et ne sait pas que je bats fréquemment mes adversaires avec facilité.

— Oh, ça, s’est vite dit mon gars ! dit Alan en regardant Louis et ils éclatent de rire tous les deux.

Eux savent à quel point je suis forte et ils ne m’ont même jamais battu jusqu’ici.

— Qui commence ? questionne Alan.

— Bah, c’est nous, du con ! tu ne veux vraiment pas qu’on gagne ou quoi ? l’engueule Louis.

— Allez, honneurs aux plus nuls. C’est inutile de vous disputer tout le temps, allez-y, commencez, dis-je en haussant les épaules.

Ils se regardent comme deux cons en souriant. Alan casse donc le jeu, sans en mettre une seule. Alors Tom et moi, nous nous mettons à rire.

— Je savais qu’il fallait les laisser démarrer et casser le jeu. C’est dur d'en mettre une directement !

— T’es juste trop nul, mec !

C’est toujours comme ça, ils se disputent sans arrêt, comme des gamins… Mais ils me font rire. Tom veut commencer, alors je le laisse entamer. Il en met une, puis deux, il ne joue pas si mal que ça, je suis impressionnée, mais la chance s’arrête ici et il ne parvient pas à rentrer la troisième.

— Pas mal, pour un début, lui dis-je, en lui faisant un clin d’œil.

C’est au tour de Louis de jouer et comme d’habitude, il échoue.

— Et voilà ! la partie est finie ! dit-il.

Tom lui demande pourquoi, car il reste encore presque la moitié des boules en jeu.

— Tais-toi et admire là, à présent.

Je me déplace alors jusqu’à la boule blanche, en faisant signe à Louis et Alan de se bouger un peu. Ils me regardent en faisant la moue. J’en mets une, puis une deuxième et enfin une troisième. Je regarde Tom qui ne me lâche pas des yeux, il est impressionné, je crois. Alors j’en joue un peu. Quatre, puis cinq…

— Bon, tu nous laisses jouer un peu ?

Je regarde Alan en rigolant. Je mets toutes les autres boules et la partie est finie.

— Wouah, commente Tom. Alors là, je suis plus qu’impressionné.

— Bon, ça m’a fatigué, je rentre.

— Fait pas la tête, Alan… C’est toi qui as voulu jouer après tout.

Alan et Louis viennent me faire un bisou sur le front, puis font un signe de la main à Tom.

— À demain, les mecs ! Tom les salue.

— À plus, mec et fait attention à ma princesse, dit Alan.

— Promis.

Je m'assois sur le billard et je regarde Tom jouer au flipper. Il essaie aussi le jeu de voitures, en précisant qu’il est bien plus fort à ce dernier. Je continue de le regarder. Je commence à le trouver pas mal du tout. Très grand, très fin, même s’il a des muscles partout où il faut. Puis, il se tourne vers moi, et me surprend en train de le mater.

Merde.

— Est-ce que tu es en train de me mater, Livia ?

Bordel de merde.