Scarlett Owens The last chance Chap 6: Innocente ... ou pas

Chap 6: Innocente ... ou pas

Samantha s’obstinait à clamer son innocence, au risque de prolonger des mois durant l’enquête, la requête et la préparation du procès. Jeremiah se sentait désemparé. Avant de la rencontrer vraiment, avant de lui parler, il aurait juré qu’elle était coupable. Toutes les preuves l’accablaient, sans compter ses non-dits et son attitude lors de l’interrogatoire qui avaient joué en sa défaveur.


Mais l’entretien à cœur ouvert qu’il avait eu avec elle la veille avait ébranlé ses certitudes. Et si elle était innocente ? Et s’il était tellement las de sa fonction, de son métier, qu’il n’était même plus capable de reconnaître un coupable, ou un innocent, quand il le voyait ?


Hier, la jeune femme s’était montrée d’une honnêteté troublante. Ses aveux sur son passé, ses confessions sur ses actes et ses choix de vie avaient prouvé à Jeremiah qu’elle lui avait confié son sort, sans concession ni mensonge apparent.

Lorsqu’il avait mis fin à leur rencontre, il lui avait posé la question en toute franchise, les yeux dans les yeux et la main dans la main : avez-vous tué votre petit ami ? Elle n’avait pas hésité, pas faibli, pas détourné le regard. Pas tremblé non plus. Non, elle ne l’avait pas tué. Elle était innocente, merde, et elle espérait bien qu’il allait tout faire pour la disculper de cette horrible accusation.


Après avoir passé plus de la moitié de sa vie à se battre bec et ongles pour atteindre le sommet de sa profession, Jeremiah se sentait fatigué.

Quinze ans à plaider pour des coupables lui avaient paru interminables.


Le problème de ce métier, c’est qu’il fallait constamment s’opposer au parquet, aux policiers, aux témoins, aux magistrats, aux fonctionnaires du tribunal et même aux gardiens de prison. Il fallait s’opposer à ses propres clients aussi parfois, à la famille et aux proches des clients souvent. Après quinze ans de combat presque sans répit, Jeremiah avait réalisé que le surmenage professionnel n’était pas un mythe. Et son succès n’empêchait pas le désarroi moral de le menacer.


Il ressentait pour Samantha une sensation troublante.

Quand il l’avait vue, alors qu’elle était assise derrière cette vitre blindée au parloir, alors qu'elle clamait haut et fort qu’elle était innocente et qu’il devait la sauver, il avait été fasciné par son regard vert et ses lèvres charnues. Il avait tenté de se comporter en adulte mature et maître de soi, surtout face à son tempérament un rien enfantin mais d'autant plus émouvant, mais dès le premier regard il avait été séduit.


C’était d’autant plus délicat que son dossier se compliquait de jour en jour.

En sortant de la salle des visites du troisième étage du pénitencier, Jeremiah avait croisé Timothée Koracitz, le procureur de la République qui avait lancé l’action publique contre Samantha pour le meurtre d’Antony Carson.


- Salut Jerem’, comment ça va ?


Ils se connaissaient depuis longtemps et se respectaient mutuellement.


- Ça va, enfin plus ou moins, répondit Jeremiah en soupirant. Je viens de passer plusieurs heures avec Samantha Tatum.


- Ah, la fameuse Samantha Tatum ! s’exclama le procureur avec un sourire en coin. J’ai entendu dire qu’ils étaient nombreux à avoir payé cher pour passer une demi-heure avec elle, petit chanceux. C’est qu’elle est plutôt agréable à regarder, la demoiselle.


- Ça, c’est sûr, admit Jeremiah sans enthousiasme.


- Dommage que ce soit une meurtrière, lâcha le procureur d’un ton faussement compatissant.


Jeremiah ne répondit pas. Il était là pour écouter et peut-être apprendre quelque chose qui confirmerait ou infirmerait l’innocence de sa cliente, à laquelle il avait lui même encore bien du mal à croire.


- C’est une affaire bouclée, pour nous, poursuivit le procureur avec assurance. Je ne comprends pas pourquoi tu t’es embarqué là-dedans, toi qui aimes tant gagner d’habitude.


- Pourquoi tu dis ça ? demanda Jeremiah sur la défensive.


- J’ai des témoignages qui confirment qu’elle se trouvait chez la victime au moment du crime, en train de se quereller avec lui. Et puis il y a tout ses mensonges : elle a d’abord nié qu’elle était chez lui, puis qu’ils s’étaient disputés. J’ai l’arme qui a tué son ex retrouvée près du cadavre et je suis prêt à parier ce que tu veux que l’expertise ADN va montrer que les traces sur ses habits sont des traces de sang de notre victime, énuméra le procureur en comptant sur ses doigts.


- Non, ce que je voulais dire, c’est pourquoi penses-tu qu’elle l’ait tué ? insista Jeremiah.


- Bah, dit le procureur de la République en haussant les épaules, comment se passent 80 % des meurtres ? Deux personnes se connaissent, s’engueulent pour n’importe quoi, il y a des insultes, une escalade et si par malheur il y a une arme à feu ou un couteau dans les environs…


Il leva les mains au ciel comme pour dire que dans ce genre de situation, le passage à l’acte est inévitable.


- Et c'est tout ? Ca te suffit ?


- Qu'est-ce que tu veux de plus ? Un mobile ?


- Il ne manquerait plus que ça !


- Tu fais chier tu sais, Jerem'... Parce que je te connais, tu as un don imparable pour embobiner les jurés et leur faire croire que cette fille est innocente alors qu’on sait tous les deux qu’elle est coupable. On n’est pas des bleus, quand même ! Je comprends que tu aimes le droit et la justice, et que tu veuilles respecter ta règle d’or comme quoi tout individu a le droit à une défense équitable mais… Zut, pour une fois qu’on avait une affaire facile à gagner, ça aurait été sympa que tu ne viennes pas nous compliquer la vie et nous provoquer en tentant par tous les moyens d’innocenter une meurtrière.


- As-tu songé une seule seconde que tout cela était beaucoup trop facile, et que cette accumulation de preuve contre elle était suspecte, justement ?

Ne doutes-tu donc pas un seul instant de sa culpabilité ?


- Non, cette femme est une reine de la dissimulation, du mensonge et de la manipulation. Elle joue et manipule les hommes depuis sa plus tendre enfance, et si on la laisse faire, elle est capable de brouiller les pistes et de charmer qui elle veut ! Je sais qu'un vieux loup comme toi ne se laissera pas avoir, et c'est ton rôle de toute façon de la rendre attrayante et sympathique auprès des jurés. Donc, peut-être que tu finiras par la voir par le prisme déformé qui aura contaminé ta vision des choses. Mais sérieusement, elle n'a pas d'alibi, plusieurs potentiels mobiles, et comme tu l'as dit, toute les informations que l'on a regroupées collent parfaitement. Faudrait être sacrement bête pour ne pas voir ce qui est juste sous notre nez.





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2 commentaires

Cindy.C_Auteure

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Il y a 2 ans

Eh bien, ça devient de plus intéressant dis donc ^^ je continue !

Brenda Seigning

-

Il y a 2 ans

Force à toi.
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