Scarlett Owens The last chance Chap 4: Il était une fois...

Chap 4: Il était une fois...

- Commençons par le début, dit-il, racontez-moi votre histoire.


- Que voulez-vous savoir ?


- Tout. Qui sont vos parents ? Où avez-vous grandi ? Où sont votre famille et vos amis présentement ? Pourront-ils vous soutenir dans cette épreuve ? Êtes-vous bien entourée ?


- Je ne connais pas mon père, je ne connais pas son nom, je ne sais pas qui il est et je ne veux pas le savoir. Il ne doit même pas être au courant de mon existence, à ce que je sache. Il n'est qu'un des nombreux clients que ma mère a eu et continu probablement d'avoir !

Qui est-elle ? C'est une putain du bois de Boulogne. Une pauvre conne désespérée qui croit fort en l'amour et qui s'enfonçait un peu plus dans la coke et l'héroïne à chaque nouveau drame dans sa vie. Elle a cumulé les parties de jambes en l'air rémunérée avec des types pleins aux as qui venaient s'encanailler plusieurs semaines d'affilées dans la caravane où j'ai grandi, puis qui disparaissaient du jour au lendemain, me laissant avec une junkie déprimée sur les bras. À chaque fois, elle pensait s'en sortir, à chaque fois, elle gobait les promesses de ces salopards comme si c'était du pain béni. "Je te veux que pour moi, qu'ils disaient tous. Tu vas voir, je vais venir te chercher et t'emmener loin"... Mais les jours passaient, et c'est toujours elle qui ramenait la vermine à la maison.


- Comment ça se passait avec eux ?


Elle haussa les épaules.


- Ils m'ont appris pas mal de trucs.


-C'est-à-dire ?


- À savourer un bon whisky coca, à rouler des joints ...


- C'est tout ?


Elle détourner le regard et tenta de resserrer les épaules à nouveau mais ne réussit pas, cette fois, montrer une parfaite nonchalance. Jeremiah avait l'impression que sa lèvre inférieure était plus saillante que jamais.


- C'est important, demanda t'elle ?


- Ca dépend de votre réponse !


Elle réfléchit un moment avant de relever la tête. Jeremiah la regardera droit dans les yeux. Faites-moi confiance, lui intima t'il en silence.


- Et bien, dit-elle en soutenant son regard, avec eux, j'ai appris comment sucer et branler mais aussi comment écarter les cuisses sur demande et faire semblant d'aimer ça !


- Pardon ?


- Ouais, vous savez bien quoi...

Je les laissais la mettre entre mes jambes et se frotter contre moi, là tout en haut... et ensuite, je les laissais s'enfoncer, se retirer, se ré-enfoncer en échange d'un petit déjeuner ou d'un dîner que ma camé de mère avait oublié de me donner.


- Je vois, dit Jeremiah.


- Faites-moi sortir d'ici et je vous ferai une petite démonstration de mes talents !


- Et à l'école comment ça se passait ?


- Comment ça se passe en général pour les gamins paumés et défoncés ?


- Vous y êtes restée jusqu'à quel âge ?


- Treize ans ! J'ai suivi l'exemple de ma mère. Suis tombée amoureuse du premier gars venu, un forain, qui m'a fait de belles promesses et m'a emmenée dans sa caravane personnelle, de fêtes en fêtes chaque semaine. Ça a duré six mois puis il m'a laissé tomber comme une vieille chaussette dans une ville que je ne connaissais pas et sans un sou en poche.


- Et qu'avez-vous fait ?


- La seule chose que je savais faire pour avoir le ventre rempli au moins une fois par jour et un toit sur la tête quelques nuits par semaine !


- À treize ans ?


- Quatorze. Mais je faisais beaucoup plus vieille que mon âge à l'époque.


- Et ça a duré combien de temps ?


- Qui vous dit que ça a cessé ?


- Vous êtes toujours une prostituée ?


Après un long silence où Samantha ne quitta pas son avocat du regard, elle finit par admettre d'une voix moins revêche :


- Non, dès que j'ai eu 16 ans j'ai pu me faire embaucher comme saisonnière dans les restos du coin où je créchais à l'époque. Je faisais la plonge et avait souvent un repas par jour offert en plus d'un salaire dérisoire, mais c'était suffisant pour que je n'ai plus à écarter les cuisses pour de gros dégueulasses.


Sur la feuille devant lui, Jeremiah pris le temps de noter et de souligner "Surveiller son langage".


- Votre casier judiciaire est vierge ! Vous 'avez pas d'autres faits à me signaler ?


- Non.


- Des arrestations pour exhibitionniste ? Ou racolage ?


- Non.


- Vous en êtes certaine ? La partie adverse pourrait se servir de votre passé contre vous.


- Puisque je vous dit que non, lança t'elle avec exaspération !


- Comment avez-vous rencontrer Antony ?


- J'avais 18 ans et c'était un samedi soir, enfin plutôt un dimanche matin. Il était 3 ou 4h du matin, je venais de terminer mon service dans une boîte de nuit où j'étais hôtesse. Je vois un type qui me regarde, il me dévissage carrément, je lui apporte son soda et il me dit que je suis la plus belle rose qui n'a jamais vu. J'aurais dû comprendre tout de suite, mais j'avais 18 ans, j'étais une imbécile, comme ma mère, et j'ai pris ça ses belles paroles pour de l'argent comptant. Je suis encore une fois tomber dans le panneau.


Jeremiah acquiesça. Ce n'était pas la pire des histoires qu'il ait entendu en matière de rencontre. Lui-même avait déjà fait bien pire comme entrée en matière pour lever une nana un samedi soir dans un bar.


- Je l'ai donc suivi dans son cabriolet il m'a emmené dans un petit hôtel à côté de la boîte de nuit où je travaillais. Et on a parlé. Juste parler. Des heures et des heures. Pour la première fois de ma vie, je parle avec un mec d'autre chose que de sexe. On parle actualité, politique, gastronomie, toutes sortes de trucs, quoi ! Et lui, tout ce qui semble l'intéresser, c'est moi. Juste moi. Vers midi le lendemain matin, il doit partir. Seulement à ce moment là, il me demande s'il peut m'embrasser. Je lui réponds "bien sûr" et il prends mon visage dans ses mains. Il me touche à peine, il me donne le plus gentil baiser du monde. Il rentre à Paris mais il continue de m'appeler tous les jours, il m'envoie des fleurs et des chocolats, et puis un jour il me demande de lui rendre visite. Comme si j'avais de l'argent pour le bus ou le train. C'est pas un souci pour lui, il réserve pour moi en première classe de la grande ligne TGV qui mène direct en plein cœur de Paris. Et voilà comment je me retrouve à la case départ, à 18 ans à peine, folle amoureuse et entièrement dépendante d'un homme que je ne connais finalement pas.



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2 commentaires

Cindy.C_Auteure

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Il y a 2 ans

Wooow eh bien que de révélation, je ne m'y attendais pas du bien joué.

Scarlett Owens

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Il y a 2 ans

😊 Merci !
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