Fyctia

Le lendemain matin, Jeremiah était prêt à en savoir plus sur ce qu'il s'était passé et la réelle implication de Samantha dans la mort d'Antony. Il avait obtenu de la voir dans une salle sécurisée au troisième étage de la prison, plutôt qu’au parloir où il l’avait rencontrée la veille.

Le lieu n’offrait pas une intimité totale, à moins de murmurer ou de communiquer par gestes, on risquait d’être épié par les autres avocats et leurs clients, mais c’était toujours mieux que de se parler à travers un téléphone défectueux ou une vitre blindée sous l’œil des gardiens. Jeremiah ne se plaignait donc pas.

Il savait choisir ses combats.

Quand Samantha franchit le seuil du box et s’assit en face de lui, il fut saisi par sa fragilité et sa détresse. Il l’avait côtoyée quelques instants plus tôt dans la salle d’audience, quand le juge avait prononcé sa mise en examen pour le meurtre de son ex-petit ami, mais il n’avait pas vraiment prêté attention à elle, absorbé par le juge, le procureur, le greffier et les journalistes impatients à l’entrée du tribunal.

Maintenant qu’il se retrouvait seul avec elle, il découvrait une jeune femme au bord du gouffre et il ne pouvait rester insensible.

- Comment vous sentez-vous ? demanda-t-il.

- Très mal.

Elle se tamponna les yeux avec ses deux mains.

- Je suis désolé, dit Jeremiah.

Et il était sincère.

Non seulement il voyait la souffrance de la jeune femme, mais il se rendait compte de la stupidité de sa question qui n’avait fait qu’aggraver son malaise.

Elle inspira profondément et reprit.

- Il faut absolument que vous me fassiez sortir de prison.

- Je vais faire tout mon possible, assura Jeremiah.

C’était une demi vérité. Il allait certainement faire tout son possible pour cela, mais le hic, c’était que cela relevait du miracle !

Seulement voilà, Samantha n’était pas prête à l’admettre.

Pas encore.

- Il faut qu’on parle, dit-il, pour essayer de trouver les meilleurs arguments pour vous faire remettre en liberté.

Jeremiah se sentait coupable de dissimuler ainsi la vérité et de donner ainsi de faux espoirs à Samantha, mais il ne pouvait pas lui dire en face, sans ménagement, qu’elle n’avait aucune chance et qu’elle devait se résigner à passer de longues années derrière les barreaux.

Parfois, on pouvait jouer les chevaliers blancs pour rendre justice, mais d’autres fois, on devait composer avec les règles du jeu, quitte à les tordre un peu.

Oui, il était le chevalier de Samantha, mais son pouvoir était limité et pour la première fois depuis le début de sa carrière, il doutait du résultat du combat à venir.