Fyctia
Chapitre 10
Luca
01 Juillet 2024
L’air chaud de Mexico brûle mes poumons alors que je descends de la voiture. La nuit est dense, poisseuse, et le ciel est dégagé, sans une étoile pour veiller sur nous. Le genre de nuit où tout peut basculer. Mason, mon bras droit, ajuste la ceinture de son holster et me lance un regard silencieux, un mélange de défiance et de respect. Les autres membres de l’équipe attendent déjà près de la cargaison.
Je réajuste ma veste en cuir noir, cachant l’arme à ma taille. Ce soir, tout doit se dérouler comme prévu. Pas d’imprévus, pas d’accidents. Mais dans notre monde, le chaos n’est jamais loin. Nous sommes ici pour conclure un échange avec le cartel local, un deal juteux qui pourrait renforcer notre contrôle sur le trafic d’armes à New York. Les Ghost Riders ont besoin de ces armes pour asseoir leur domination, et les Mexicains, eux, veulent notre expertise en logistique pour faire passer leur marchandise à la frontière. Une alliance improbable, mais nécessaire.
Je me tiens près des containers rouillés, respirant lentement pour calmer cette tension familière. Mes pensées dérivent un instant vers Elysabeth Hardford, ce foutu médecin qui m’a recousu la dernière fois. La froideur de son regard me revient en mémoire. Pas une trace de peur, même face à moi. Elle m’avait vu vulnérable, blessé, presque humain. Ça m’agace. Mais pas le temps de m’attarder sur elle. Le cartel arrive.
Un cortège de SUV noirs pénètre sur le terrain poussiéreux. Les phares illuminent brièvement les visages fatigués de mon équipe. Les moteurs grondent encore quand les portes s’ouvrent. Une dizaine d’hommes descendent, lourdement armés, avec à leur tête un certain Carlos Ramirez, figure emblématique du cartel local.
Carlos est un homme trapu, au visage buriné par des années de violence. Il porte un costume impeccable, un contraste frappant avec l’environnement délabré autour de nous.
— Luca Moretti, dit-il en m’ouvrant les bras comme pour un accueil chaleureux.
— Carlos Ramirez, répondis-je en hochant la tête, les mains dans les poches. Prêt à conclure ce qu’on a commencé ?
Il éclate de rire, mais il n’y a rien de sincère dans son rire. C’est une façade, un masque. Chez nous, tout est un jeu de pouvoir.
Les hommes de Carlos ouvrent un container, révélant les caisses d’armes que nous sommes venus chercher. Des fusils d’assaut, des lance-grenades, et même quelques explosifs. Une marchandise de qualité, et surtout, un trésor pour les Ghost Riders.
— Tout est là, dit Carlos en me regardant, attendant ma réaction.
Mason s’approche pour inspecter les caisses. Il passe ses doigts sur les armes, vérifie les numéros de série, teste les mécanismes.
— C’est propre, dit-il finalement en se tournant vers moi.
Je hoche la tête et fais un signe à l’un de nos gars pour qu’il amène la mallette. 500 000 dollars en liquide. L’argent change de mains, et pour un instant, tout semble se dérouler comme prévu.
Mais le calme ne dure jamais.
Un coup de feu éclate dans la nuit.
Je me retourne instantanément, l’arme à la main, et vois un de nos gars s’effondrer. Un des hommes de Carlos tient encore son arme levée, un sourire malsain sur le visage.
— Vous pensiez que ce serait aussi simple ? lance Carlos, un éclat de malice dans les yeux.
— Putain de fils de…, marmonne Mason en levant son arme, mais je le retiens d’un geste.
La tension monte d’un cran. Nos gars sont prêts à riposter, mais ils sont en infériorité numérique. Carlos, lui, se délecte de la situation.
— Vous pensiez pouvoir venir ici et repartir sans problème ? Pas si vite. Si vous voulez vos armes, il va falloir payer un peu plus.
— L’accord était clair, répliqué-je froidement. Vous voulez négocier, mais vous venez de tuer un de mes hommes. Ça n’a rien d’une négociation.
— Bienvenue au Mexique, Moretti. Ici, rien n’est jamais gratuit.
Je n’ai pas le temps de répondre. Mason ouvre le feu, touchant l’un des hommes de Carlos en pleine poitrine. La scène éclate en un chaos total. Des balles sifflent, des cris retentissent, et la poussière se soulève autour de nous.
Je plonge derrière un container, tirant à l’aveugle pour couvrir mes hommes. La douleur dans mon épaule gauche, encore fragile de ma blessure précédente, me lance à chaque mouvement. Je n’ai pas le luxe d’y penser.
— Mason ! criai-je en cherchant des yeux mon homme de main.
Je le repère derrière un vieux camion, échangeant des tirs avec deux hommes du cartel. Il a pris une balle dans la cuisse et saigne abondamment, mais il continue de se battre.
— On doit bouger, maintenant ! hurle-t-il.
Je me lève pour le rejoindre, mais une balle me fauche à l’abdomen. La douleur est fulgurante, me coupant le souffle. Je tombe à genoux, le goût métallique du sang envahissant ma bouche.
Malgré la douleur, je me redresse, pressant ma main contre la plaie pour ralentir le saignement. Mason rampe jusqu’à moi, grimaçant mais déterminé.
— On doit partir, maintenant, dit-il d’une voix rauque.
— Pas sans les armes, répliqué-je, refusant de partir les mains vides.
Nos gars restants parviennent à neutraliser quelques hommes du cartel, créant une ouverture. Mason m’attrape par le bras et m’aide à me relever. Nous grimpons dans l’un des SUV, laissant derrière nous les corps de nos ennemis… et de nos propres hommes.
Dans la voiture, le silence est lourd, brisé seulement par mes halètements et les gémissements de Mason. Je sens le sang couler sous ma main, poisseux, chaud.
— Tu saignes trop, murmure Mason.
— Pas autant que toi, répliqué-je, essayant de masquer ma faiblesse.
Mason conduit jusqu’à l’Aéroport où nous sommes arrivés ce matin. Dès que nous arrivons à l’Aéroport International de Mexico, notre jet privé nous y attend. En regardant mon homme de main, je réalise à quel point les Mexicains sont très doués pour manier les armes. Nous nous installons tant bien que mal, dans les fauteuils du jet, mais la douleur est trop importante. Après quatre heures de vol, nous arrivons sur le sol de l’Illinois. Notre chauffeur nous attend, je lui souffle l’adresse à laquelle il doit nous déposer.
Mason m’aide à sortir du véhicule et tout deux nous dirigeons vers la porte du hall d’entrée. Dieu merci nous n’avons pas besoin de sonner chez elle. Nous prenons l’ascenseur, mais une fois à l’intérieur une question me traverse.
- C’est quel étage ? demandais-je à Mason
- Je n’en sais rien mec, je pensais que tu avais tout prévu. Tu n’as qu’à l’appeler.
Je sors mon téléphone de la poche arrière de mon jean, trouvant son numéro rapidement. Elysabeth Hardford. La seule personne qui pourrait nous sortir de ce pétrin sans poser de questions… ou presque.
J’appuie sur "Appeler" et porte le téléphone à mon oreille. La première sonnerie résonne, brisant le silence pesant de l’ascenseur. Mason ouvre un œil, m’observant avec un mélange de fatigue et d’ironie.
— Elle va adorer ça, murmure-t-il.
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Les Soeurs Chocolat
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Il y a 3 mois