Fyctia
Chapitre 8
Elysabeth
28 Juin 2024
Je jetai un regard exaspéré dans sa direction.
— Vous avez eu de la chance qu’il ne fasse pas d’hémorragie.
— Le gamin en valait la peine Doc, répondit-il avec un sourire bravache.
Je soupirai, commençant à sortir mon matériel.
— Le gamin ne serait pas plus avancé si vous y étiez resté. Maintenant, restez immobile. Luca, passez-moi une lampe.
Luca s’exécuta en silence. Je nettoyai la plaie avec soin, focalisée sur ma tâche malgré l’ambiance pesante de la pièce. Une fois les sutures terminées, je relevai les yeux vers Logan.
— Voilà. Pas d’effort, pas d’imprudence, ou vous finirez par me perdre patience.
— Vous êtes toujours aussi charmante, Doc ? lâcha-t-il avec un sourire fatigué.
— Seulement avec ceux qui méritent de revenir vivants, rétorquai-je en rangeant mes outils.
Après avoir terminé les soins de mon premier patient, si l’on peut dire ça, Luca me conduisit dans une autre pièce, plus sombre, où un homme était assis sur une chaise, torse nu, les jambes étendues devant lui. Mason Adler, si je ne me trompais pas. Je reconnaissais son visage dur et ses yeux froids, que j’avais croisés à l’hôpital, il était dans la chambre de son chef, lorsque je m’y étais rendu pour vérifier qu’il allait bien.
Il me jeta un regard calme, presque indifférent, malgré le sang qui imbibait ses pantalons au niveau des cuisses.
— Dr Hardford, lança-t-il d’un ton neutre, comme si ma présence ici relevait d’une formalité.
— Mr Adler, répondis-je en m’approchant. On dirait que vous avez passé une mauvaise soirée.
— Deux balles dans les cuisses. Rien de dramatique, répondit-il, impassible.
Je m’accroupis pour examiner les blessures. Les deux impacts étaient propres, mais les balles étaient encore logées. Je levai les yeux vers lui.
— Rien de dramatique ? Vous auriez pu sectionner une artère fémorale. Vous seriez mort avant que Luca ait eu le temps de passer un coup de fil.
— Mais je suis encore là, non ? répliqua-t-il avec un sourire en coin.
— Grâce à moi, pas à votre chance, rétorquai-je en sortant mes outils.
Je jetai un coup d’œil à Luca, qui était resté silencieux jusque-là.
— Vous m’avez amenée ici en pensant que j’allais pouvoir retirer ces balles sans équipement approprié ? demandai-je, agacée.
— Vous êtes la meilleure, répondit Luca avec un sourire léger. Si quelqu’un peut gérer ça, c’est vous.
Je roulai les yeux avant de me tourner vers Mason.
— Ça va faire mal, beaucoup mal. Vous allez devoir rester immobile. Compris ?
— Faites ce que vous avez à faire, Doc, répondit-il sans ciller.
Je commençai à travailler, utilisant le peu de matériel à ma disposition. Mason ne broncha pas, même lorsque j’extrayais la première balle. Son calme était presque troublant.
— Vous êtes étonnamment silencieux pour quelqu’un qui vient de se faire charcuter, dis-je en retirant la deuxième balle.
— Ce n’est pas la première fois, répondit-il simplement.
— Ça n’a pas l’air de vous inquiéter de finir estropier un jour, remarquai-je en nettoyant les plaies.
— Les risques du métier, répliqua-t-il avec détachement.
Je soupirai, terminant les sutures. Une fois le travail fait, je me redressai et croisai les bras.
— Vous devriez sérieusement repenser à votre carrière. Votre corps ne tiendra pas éternellement.
— Merci du conseil, Doc, répondit-il avec un léger sourire. Mais je ne suis pas sûr d’être fait pour autre chose.
Luca, qui était resté en retrait, brisa finalement le silence.
— Alors, verdict ?
— Il est hors de danger, répondis-je. À condition qu’il reste alité et suive mes consignes à la lettre. Mais vu le personnage, j’imagine qu’il n’en fera qu’à sa tête.
Mason esquissa un sourire, et Luca répondit avec une pointe d’humour.
— Vous commencez à bien nous connaître, Docteur.
Je rangeai mes outils avec un soupir exaspéré.
— Et ça ne me rassure pas.
Dès lors que j’en ai finis avec Mason, je sortis de la chambre.
- Vous avez fait du bon boulot Docteur. Me dit Luca en me conduisant vers une troisième chambre.
- Je fais ce que je peux, avec les moyens que j’ai en ma possession. Répondis-je d’une voix lasse
- Il vous reste un dernier patient.
Lorsque nous pénétrons dans la dernière chambre, je fus étonné de ne voir personne allongée sur le lit ou assis sur la chaise de bureau. Luca s’appuya nonchalamment contre le mur, me regardant avec un petit sourire en coin. Mais même son air détendu ne pouvait cacher la raideur dans ses mouvements.
— Ne me dites pas que c’est votre tour maintenant, lançai-je en croisant les bras.
— Je voulais m’assurer que mes gars passent en premier, répondit-il, un éclat amusé dans les yeux. Toujours galant.
— Galant ou imprudent, répliquai-je. Asseyez-vous avant que vous ne tombiez.
Il obéit, mais pas sans une grimace qu’il tenta maladroitement de dissimuler.
— Vous allez me gronder comme Logan ? demanda-t-il en s’installant sur la chaise, les lèvres étirées en un sourire moqueur.
Je levai un sourcil, m’approchant pour examiner les dégâts.
— Logan n’est pas mon problème. Vous, en revanche, vous l’êtes, dis-je en désignant les taches sombres qui s’étendaient sur son flanc. Alors ? Qu’est-ce qu’on a cette fois ?
— Une balle dans la hanche gauche, avoua-t-il en haussant légèrement les épaules. Et… la vieille cicatrice à l’épaule qui a décidé de s’ouvrir à nouveau.
— Décidément, vous aimez me donner du travail, soufflai-je en m’accroupissant devant lui pour inspecter la plaie à la hanche.
Je sentis son regard sur moi, lourd, presque insistant.
— Peut-être que je cherchais juste une excuse pour vous revoir, murmura-t-il doucement.
Je levai les yeux vers lui, arrêtant momentanément mes gestes.
— Une balle dans la hanche ? Vous avez une drôle de manière de demander un rendez-vous, rétorquai-je avec un demi-sourire, incapable de masquer un léger éclat de rire.
— On fait ce qu’on peut, répondit-il en haussant les sourcils, son sourire plus franc cette fois.
Je détournai le regard et repris mon travail, mais mon cœur battait légèrement plus vite que d’habitude.
— Vous avez de la chance que la balle ne soit pas trop profondément logée, dis-je en essayant de ramener la conversation sur un terrain plus professionnel.
— Chance ? Avec vous, Doc, je me dis qu’elle est plutôt de mon côté, répliqua-t-il.
Je secouai la tête, à la fois amusée et exaspérée.
— Vous êtes insupportable, murmurai-je en m’approchant pour vérifier sa cicatrice à l’épaule.
Il pencha légèrement la tête vers moi, réduisant presque imperceptiblement la distance entre nous.
1 commentaire
DIANA BOHRHAUER
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Il y a 3 mois