Fyctia

Pour simple réponse, Altaïr saisit ma main et la porta à ses lèvres. Sa respiration chaude, sur mon poignet, me fit frémir. Et sans un mot, il planta ses crocs dans ma fine peau, tout en gardant un contact visuel avec moi. Mon sang ne fit qu’un tour, alors que je luttai contre cette sensation de béatitude qui montait en moi. Altaïr regagnait des couleurs alors que ses yeux brillaient de joie, cet éclat mauve virevoltait dans ses iris, renforçant les battements de mon cœur. Je retins un glapissement lorsqu’Altaïr raffermit la pression de ses crocs. Je sentais mon sang être aspiré à chaque gorgée, ainsi que mon corps faiblir. Je clignai des cils difficilement, ma respiration haletante, mes yeux scrutaient le ciel alors que tout mon être se concentrait sur les sensations. J’avais l’impression qu’une fièvre ardente tournoyait en moi, et qu’un vent glacial caressait ma peau. Cependant, je savais que tout ceci se déroulait dans ma tête. Je tapotai, de ma main libre, l’épaule d’Altaïr. Je commençai à atteindre la limite du supportable, d’autant plus que ma vision était parasitée par des perceptions illusoires. Des hallucinations qui pourraient faire rougir n’importe quelle personne. C’était l’effet de la morsure d’un San Emie. Non. De celle d’Altaïr.

Celui-ci retira ses crocs avec une lenteur monstrueuse et lécha les quelques gouttes de sang.

— Tu es vraiment le meilleur repas que je puisse avoir, canari.

Je retirai ma main de sa poigne et tentai de chasser les perturbations qui m’habitaient. Je pris de nombreuses respirations pour calmer mon corps. C’était affreux. Cette simple morsure avait fait disparaître tout le stress qui sommeillait en moi.

— Tu sais qu’une morsure est bien plus intime que n’importe quel autre acte. Révéla Altaïr avec un sourire mutin, tout en jouant avec une mèche de mes cheveux. Puisque je ressens les mêmes sensations que toi.

— Ouais, ouais... Tu es fatigant comme homme.

— Et je vois la même chose que toi.

Hum ? Hum ? La. La même chose que moi ? J’écarquillai des paupières et me tournai vers lui. Son sourire s’accentua et mon effroi augmenta.

— Mens autant que tu veux, mais je connais tes désirs, moi. Chantonna Altaïr en s’éloignant.

Il marchait tout en fredonnant, alors que je poussai un cri désespéré dans ma tête. Il ne pouvait pas avoir vu ça ! Ce n’était pas moi ! Ces illusions étaient initiées par la morsure, je ne désirais pas entretenir une quelconque relation intime avec lui. Jamais ! Je le rattrapai rapidement.

— Sache que c’est faux ! Je ne veux aucunement me lier à toi !

Altaïr releva mon menton à l’aide son index.

— Il me semblait que les faés n’avaient pas le droit de mentir, au risque d’être châtié. Cependant, Caelia, ta langue ne cesse de conter des mensonges.

— Ca se trouve qu’il s’agit de tes fantasmes ! Car les miens sont parfaitement sains !

— Ooooh, mais je n’ai jamais dit le contraire. Après tout, qui ne voudrait pas jouir des plaisirs de la compagnie d’un faé sauvage. Divulgua Altaïr sans défaillir. De plus, tu n’as pas refusé ce que tu voyais. Tu as pleinement accepté. Mon petit poussin est dévergondé. Ajouta-t-il avec une fausse déception.

Je giflai sa main et pris les devants de la marche sous le rire moqueur de cette sale sangsue. Je me sentais honteuse, à différentes échelles. Au lieu de chercher mon frère, je fricotai avec cet homme. Mais qu’est-ce qu’il m’arrivait ? Quand ai-je pris un chemin si déviant ? Je m’étais promis de l’abattre...

***

Altaïr semblait être sur un petit nuage depuis son repas qui m’avait vidé une bonne partie de mes ressources sanguines. Je me demandais encore comment je tenais debout. La main du San Emie apparut dans mon champ de vision lorsqu’il pointa la Fleur de Glace.

Je déglutis.

Au pied de la Fleur, se dessinait une silhouette allongée, des gouttes de sang avaient gelé. La taille correspondait parfaitement, et tout l’air de mes poumons fut expédié en un cri.

— LUELL.