Fyctia
Chapitre 37 - Caelia (1/2)
La poussière délaissée par le basilic s’envola, se mêlant aux grains de sable. En quelques secondes, il ne resta plus rien. Je pouvais en apprendre deux choses : Luell n’avait pas été dévoré et le basilic était bien mort. Et je trouvais cela encore bien plus étrange. Même si le combat avait duré plusieurs longues minutes, battre un basilic à deux était, quelque peu, un coup de chance.
— Ça devrait être bon ! Dit Altaïr en resserrant sur mon bras blessé, la manche de sa chemise qu’il avait arraché. Nous devrions chercher la Fleur...
J’acquiesçai mollement. Mon frère était toujours introuvable. Je clignai des cils pour chasser les larmes qui naissaient. Sur le chemin, Altaïr m’expliqua sa discussion avec Mylha. La fille de Tarahban était donc la gardienne du Saule Pleureur. Et la Fleur de Glace pouvait soigner l’arbre ou moi...
— Et toi ? Lui demandai-je. Tu cherchais la Fleur à l’origine.
— Pour l’instant, je n’en ai plus besoin.
Liant le geste à la parole, Altaïr retira son haut, dévoila ses muscles saillants. Mon regard s’aventura sur son torse, et je compris que ma malédiction s’était atténuée. Les stigmates ne perlaient plus du liquide doré, ils se refermaient. Laissant apparaître des lignes rosées.
— Il n’y a que deux objets, petit poussin. Soit tes sentiments, vis à vis de moi, ont évolué, soit la plume que tu m’as offerte, et qui m’a été chapardée, m’a bien aidée.
Je le devançai sans lui répondre. Je ne voulais pas contre la réponse. Mes sentiments ou ma plume ?
Au fond de moi, je le savais déjà...
***
Le reste du trajet se fit dans un silence de plomb, amplifié par la chaleur et le soleil omniprésent. Altaïr pâlissait à vue d’œil, ce qui n’était pas normal. Ses joues devraient être rouges et non pas blanches comme un linge. Ses réactions étaient plus lentes, néanmoins, il tentait de garder le torse bombé et le menton haut. Il me percuta lorsque je me postai devant lui, nous faisant chuter d’une dune. Arrivés en bas, avec un étourdissement général, les pupilles du San Emie cherchèrent les miens et je compris :
— Depuis quand es-tu à jeun ? De sang, je veux dire.
Altaïr ouvrit la bouche pour la refermer. Mais quel crétin ! La première fois que j’avais rencontré Mylha, celle-ci avait insinué qu’Altaïr ne s’était pas restauré depuis un petit bout de temps. Si ma mémoire ne me jouait pas de tours, le San Emie avait bu mon sang après l’attaque de la Forêt des Songes et pour neutraliser le poison dans mon sang, à Sweet Melody. Avec mes nombreux jours de sommeil, je ne pouvais pas estimer avec précision les jours écoulés. Cependant, j’étais certaine qu’environ un mois et demi, ou plus, avait dû disparaitre. Je plaquai mon poignet à sa main, la colère bouillonnait dans mon corps.
— Mange ! C'est un ordre.
— Non. Tu es blessé et puis si je te mords, tu pourrais t’endormir. Je vais survivre.
— Ha ha. Survivre ? Tu es aussi pâle qu’un mort. Ne me force pas à te faire boire.
— Tu ne comprends pas. Cela fait bien trop longtemps que je n’ai pas bu de sang, si je succombe, je risque d’engloutir tous tes litres de sang. Je ne vais pas pouvoir me retenir. D’autant plus que ton sang est succulent. Tu veux juste mourir ?
— Eh bien, je t’arrêterai avant.
— Depuis quand as-tu autant confiance en moi ?
— Tu as détruit l’artefact qui pouvait contrôler un faé sauvage, désobéissant à ton père. Juste pour garder ma confiance. J’estime que je peux... me reposer sur toi.
Altaïr plissa des cils, il semblait me sonder. Et il explosa de rire, si bien qu’il se tordit dans tous les sens. Finalement, il se releva légèrement pour s’asseoir face à moi.
— Tu es parfois incompréhensible, souffla-t-il en essuyant une larme de joie.
— C’est rare de te voir rire de bon cœur. Tu as toujours l’air constipé.
2 commentaires
Akame
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Il y a un an
Yappae
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Il y a un an