Fyctia

Me voilà, de nouveau, adosser à l’arbre. Celui-ci adressa un bourdonnement moqueur à mon égard. Quel plaisir d’avoir un Saule Pleureur aussi goguenard... Une feuille effleura mon front, lissant le froncement de mes sourcils.

— Est-ce ma faute ? Cette Mylha se pavanait devant moi autour... (je m’arrêtai et soufflai.) Bref. Serais-tu apte à répondre à mes questions ? Luell s’impatiente plus que moi !

La branche tapota ma tête et me recouvrit les paupières de sa verdure. Voulait-il que je me concentre ? Je m’exécutai en fermant les yeux et attendis. Cela semblait être une éternité que j’étais assise, les yeux clos. Je m’apprêtai à retrouver la vue quand une lueur apparut dans mon esprit. Une flamme ? Elle dansa, me tournant autour. Elle semblait être la seule lumière dans ce songe... Lorsque je la touchai, elle explosa en feux d’artifice. Chaque éclat formait un souvenir. Un de mes rêves. Je revoyais cet homme, grand, le teint halé faisant ressortir ses iris dorés ainsi que sa chevelure d’un noir intense. Sur certains, ils respiraient la joie et sur d’autres, son désespoir et sa tristesse transcendait le temps et l’espace.

— Je ne comprends pas....

Un souvenir brilla plus que les autres, m’incitant à le suivre dans cette noirceur. A l’intérieur, je vis des phénix, de multiples phénix de feu. Mon cœur s’emplit d’un sentiment si singulier, en les observant, je me sentais proche d’eux. Je voulais rejoindre leur danse aérienne. Mon corps de phénix ne demandait qu’à surgir et foncer droit vers le ciel. Au milieu d’eux, je reconnus les iris dorés de l’homme. Il était donc un phénix de feu...

Le souvenir perdit en lumière et s’éteignit, tandis qu’un autre s’illuminait. Dans cette flamme, je vis d’immenses créatures, plus précisément, six imposantes créatures humanoïdes. Celles-ci étaient enchevêtrées dans la végétation. Des lianes, branches, fleurs et feuilles décoraient leurs corps empêtrés dans un sommeil profond. Ce qui était étonnant, fut qu’elles se fondaient parfaitement dans leur environnement. Rien ne laissait présager que des créatures se tapissait à la vue de tous...

— Serait-ce... ces gardiens ? Qu’Altaïr a mentionné ?

Le souvenir s’intensifia et étincela d’une lumière brute, me forçant à détacher mes pupilles. Après quelques secondes, je contemplai un autre souvenir. Ces gargantuesques créatures anéantissait tout ennemi, elles attrapaient les ombres avec facilité pour les détruire de la pire manière. Les ombres poussaient des cris affreux, en attristant presque mon cœur. L’une des créatures tourna la tête dans la direction, et un frisson d’angoisse me parcourut. Elle semblait assoiffée... avide d’obtenir un pouvoir si puissant qu’il lui brûlerait l’estomac. Mes pieds reculèrent alors que la créature me fixait. Cela n’était qu’un résidu d’une mémoire inconnue, et pourtant, un froid mortel s’insinuait dans mes veines alors que mon cœur martelait dans mes temps. Danger. C’est ce que mon corps et mon intuition m’indiquaient, il fallait que je fuie loin de ces créatures à l’apparence humaine.

Une nouvelle image attira mon attention, brisant mes affres. Je vis dans cette souvenance, le Tombeau des Flammes. L’homme du tableau se trouvait face à l’entrée qui était scellée. Sa couronne argentée glissait de sa chevelure parsemée de sang. Il poussait de toute sa force pour déverrouiller l’entrée, mais aucun centimètre ne bougea. Il ragea et frappa la porte de son poing, puis il glissa, adossé à la porte. Ses vêtements déchirés témoignaient d’une lutte acharnée, et ses tremblements d’une douleur immense. Des larmes ruisselèrent sur ses joues et il cria, pleura. À s’en rompre les cordes vocales. Je ne comprenais pas sa langue, ses intonations semblaient cependant correspondre à la langue inconnue qui gravait la pierre du Tombeau. Quelque chose étincelait entre ses doigts, il porta l’objet à ses lèvres et le baisa. Je reconnus une bague. Je plissai des cils, le bijou m’interpellait. J’avais l’impression de l’avoir déjà vu.