Fyctia
Chapitre 33 - Caelia (2/2)
— De la même manière que vous tolérez Altaïr et ses états d’âme. Sourit Tarahban. Vous êtes bien douce avec lui...
— Disons que je tente de laisser nos différents de côté.
Un sourire mutin s’afficha sur le visage du chef et Luell roula des yeux. Je refusais de mettre un nom sur la relation qui m’unissait avec le San Emie. Je devais m’avouer qu’Altaïr m’attirait, plus que je ne le voulais le croire. De ce fait, durant ces jours de sommeil, j’avais réfléchi. Inlassablement. Les dires de la Reine Anaxarete tournaient en boucle dans ma tête, tout comme le Saule Pleureur, elle cachait un secret derrière sa prestance. Vlad avait confié une mission à Altaïr, me concernant. Donc le chef des San Emie espérait obtenir quelque chose, sauf que même Altaïr semblait ignorer le fin mot de l’histoire. Je pouvais rajouter à cela, le fait que le Tombeau des Flammes ne nous avait plus convié, Luell et moi. La situation semblait s’apparenter à un moment de battement. Le silence avant le bruit, le calme avant la tempête.
— Alors ? Les nouvelles ? Détournai-je le sujet.
— Oui, oui, les nouvelles, souffla Tarahban avec un sourire. Pour l’instant, Black Claws est stabilisé, cependant, nous avons perdu énormément durant cette attaque. J’ose espérer un futur plus glorieux... Pour le reste du territoire de la Reine, Alpha Nemi a du s’allier à Cloud Forest et San Emie a Dark Night et Sweet Melody. Oui, étonnant que Morphée choisisse de travailler avec Vlad, ajouta-t-il.
— Mais pourquoi ?
— Les ombres semblent attaquer de manière méthodique. Elles doivent avoir à la tête, un grand stratège. Mais le point le plus important est qu’elles ne tuent pas. Ou du moins, elles ne tuent plus. Elles détruisent seulement... Par exemple, le territoire luxuriant de Cloud Forest a disparu. Les arbres meurent d’une maladie inconnue et les animaux fuient. Le sol dépérit et n’accepte aucun traitement des dryades ou autres faés élémentaires. Même la Reine rencontre des difficultés à faire germer. La neige du territoire des Dark Night s’est volatilisé.
— Autrement dit, les ombres frappent de toute part, sans combattre frontalement... Comment va Axion ?
— Tu sais comment il est, quand il a ouï dire de ta situation, il s’est mis à pleurer des caisses... Révéla Luell. Il était prêt à céder sa place pour venir à notre côté.
— Et le reste de l’escouade ?
— Ainz est reparti auprès d’Axion, Nolya et Grim sont restés ensemble à Cloud Forest et Izak attend les ordres d’Altaïr, depuis San Emie.
Je me calai contre le tronc. La situation s’envenimait et les ombres avaient gagné du terrain, plus que je ne le pensais. De multiples questions défilèrent dans ma tête. Comment la Reine arrivait-elle à calmer la foule ? Les chefs des clans devaient être derrière elle, mais la population devait commencer à montrer des incertitudes.
***
Je pouvais supposer qu’un nouveau cycle de jours venait de s’écouler et je l’ignorai. Connaître la date était devenu un luxe, si bien que je préférais en rire. Je pouvais juste imaginer que plusieurs jours, voire semaines étaient passés. Le principal marqueur était le territoire de Black Claws. La lave s’était tarie et la végétation reprenait son cours, à l’aide des faés en lien avec la terre. Je prenais l’habitude de quitter le Saule Pleureur pour me balader. Celui-ci me forçait à dégourdir mes jambes. Un souffle dans ma nuque me fit sursauter et je me tournai vers Altaïr. Il était rarement venu me voir et étrangement, j’avais ressenti un manque. Je m’étais habituée à sa présence. Le San Emie ne dit rien et observa avec moi le paysage. Et finalement, il brisa le silence.
— Comment vas-tu ?
— Mieux. Je m’adapte à mon sommeil.
Les scènes de mes rêves prenaient, peu à peu, un sens. Elles avaient une continuité et je devais comprendre quel était le lien, qui les unissait. Quand je me réveillais en pleurs, le Saule Pleureur m’apaisait. Durant ces moments, je reniais tout et me demandais pourquoi je devais être celle qui subissait. Parfois, j’en voulais même à Luell de ne rien ressentir, je regrettais mon ressentiment et je me répugnais. Je devenais ma propre ombre... Était-ce un défi ? Un nouvel obstacle que je devais surmonter ? Quand j’arrivais à ce raisonnement, mon esprit redessinait le lieu inconnu, que j’avais exploré avec Luell. Ce lieu où j’avais croisé le regard du tableau. Je repensais à ces ombres humanoïdes et une douleur fusait, à chaque fois, dans ma tête. J’avais conclu qu’une réponse était attendue.
— Puis-je te demander un service ? Demandai-je à Altaïr, qui haussa un sourcil. J’aimerais qu’Ainz ou Izak s’infiltre dans la bibliothèque du palais de la Reine. J’ai la sensation que quelque chose d’important y dort... Je ne sais pas si Luell t’a expliqué notre-
— Je sais. Il a tout avoué quand tu t’es évanouie, après la discussion, quelque peu houleuse, avec la Reine.
— Bien. Je ne l’ai pas remarqué tout de suite, mais puisque je rejoue mon souvenir en boucle, la bibliothèque de ce lieu avait la même disposition que celle du palais.
Altaïr écarquilla des cils et posa ses mains sur mes épaules. Ses yeux avaient perdu leur colère, une inquiétude s’y était logée. Il s’apprêta à me révéler une chose, mais il fut arrêté par un cri. Une jeune femme aux cheveux courts et bruns s’approcha. Grâce à son regard d’un bleu métallique, je compris qu’elle était affilée à Tarahban.
— Altaïr, je t’ai cherché partout ! J’ai besoin de tes conseils. Il faut absolument que tu viennes avec moi. Couina-t-elle en saisissant la main d’Altaïr qui se trouvait sur mon épaule. Ce simple geste m’agaça.
— Bonjour ? Marmonnai-je.
—Ah ? ... Oui, bon-jour. Répondit-elle avec un sourire constipé, comme si elle venait de se rendre compte de ma présence.
— Je dois m’entretenir avec Caelia, je peux t’aider en suite, Mylha. Intervint Altaïr sentant mon irritation.
— Non. J’ai besoin de toi maintenant, la Belle aux Bois peut te parler après.
— Pardon ? Crachai-ja.
— D’ailleurs, j’ai entendu dire que tu avais besoin de sang, puisque tu es un San Emie, et que cela fait un petit bout de temps que tu n’en as pas consommé... Je voulais te proposer par le mien, car tout le monde a peur ! Et puis mon père m’a toujours appris à être serviable avec les voyageurs. Tenta-t-elle d’amadouer Altaïr en battant des cils.
Je retins un rire nerveux, je ne me sentais pas au mieux de ma forme, mais lui éclater son joli minois ne me dérangeait pas. Serviable avec les voyageurs, disait-elle, je ne pensais pas que son père lui avait appris à céder son cou à n’importe quel suceur de sang. Altaïr retira sa main de la sienne et lui offrit un sourire.
— C’est très généreux de te part, Mylha. Mais je suis habitué à la qualité. Susurra Altaïr en me plaquant contre lui. Une fois qu’on a gouté le sang d’un phénix, tout le reste semble fade.
Mon visage vira au rouge, tandis que la dit Mylha s’offusqua. Les lèvres d’Altaïr frôlèrent ma tempe et il déposa un baiser sur ma joue.
4 commentaires
Phyphy 😜
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Il y a un an
Yappae
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Il y a un an
Akame
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Il y a un an
Yappae
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Il y a un an