Fyctia
Chapitre 26 - Caelia
C’était une catastrophe. Je ne pouvais décrire la violence que j’observais. Mon ouïe me transmit les haut-le-cœur des plus jeunes du groupe. Les Créatures de l’Ombre n’avaient pas juste réduit en lave et en cendre le territoire des Black Claws, elles avaient pris un malin plaisir à engendrer la destruction. Avec grande délicatesse, je posai ma main sur l’épaule du dragon d’or. Son visage était rivé vers le sol et ses cheveux rayonnants camouflaient son expression. Ainz serrait tellement les poings que des gouttes de sang s’écrasaient sur le sol brûlant. Sans un mot, il me prit dans ses bras et je lui rendis son étreinte avec toute la force que je possédais. J’espérais lui transmettre mes sentiments.
Je fus arrachée de cette embrassade par Altaïr. Je le sondais du regard, quelque peu, chamboulée par son action irréfléchie, tandis qu’Ainz et Altaïr se jaugeaient. Le dragon d’or afficha un sourire désabusé et le San Emie le devança.
— Je croyais que les dragons d’or avaient peu d’élan émotionnel ?
— Il me semblait que les San Emie fonctionnaient plus à la cervelle, qu’au sentiment. Répliqua Ainz. (Il m’adressa un doux sourire et percuta Altaïr en s’éloignant.) La jalousie rend moche, murmura le dragon d’or.
Cela nous plongea dans un silence malaisant, qui était renforcé par les bruits volcaniques et la chaleur assourdissante.
— … J’aimerais que tu viennes voir quelque chose... Mentit la Princesse Altaïr.
— Tu ne vas pas expliquer tes actions ?
— Je défends ce qui m’appartient. Rétorqua Altaïr en plongeant ses yeux bleu-nuit dans les miens.
— Ainz a raison, la jalousie te rend vilain.
— Je ne suis pas jaloux, petit poussin. Je suis possessif, ce qui n’est pas pareil. Il existe une infime distinction. Si je ressentais de la jalousie, cela indiquerait que je craindrais un potentiel vol et qu’aucune confiance siégerait en moi. Ce qui n’est pas le cas. Tu es mon petit canari et je ne laisserai personne d’autre te capturer.
J’ouvris la bouche prête à lui asséner une pique sanglante, et abandonnai. Me battre avec lui m’épuisait plus qu’autre chose. Le San Emie saisit ma main et s’amusa à caresser de la pulpe de ses doigts, la paume de ma main et l’intérieur de mon poignet. Ce simple toucher électrisa ma colonne vertébrale et mes joues s’enflammèrent. Cet homme me faisait tanguer, il soufflait le chaud et le froid. Certaines de ces paroles me glaçaient le sang et d’autres me faisaient bouillonner. Je voulais lui arracher la tête et pourtant, ma main ne bougeait pas. Je me surpris même à apprécier ce contact.
En voyant ses doigts, mon esprit se souvint du baiser que nous avions échangé, la manière à laquelle ses mains s’étaient parfaitement ancrées à mon corps comme s’il ressentait un désespoir profond et que j’incarnais sa bouée de sauvetage. Et il y avait quelque chose de plus : la jubilation qui étincelait dans ses yeux devenus mauves. Cette braise, qui m’avait habitée à cet instant, s’embrassa.
L’instant vola en éclats lorsque Grim apparut derrière nous, je retirai ma main et Altaïr ne masqua pas le sourire mutin qui demeurait sur ses lèvres.
— Caelia, ça va ? Ton visage est aussi rouge que le mien ! Fit Grim.
— C-c'est la chaleur ! Répondis-je en agitant les mains devant mon visage.
— Mais t’es un phénix ? Tu devrais être moins impactée...Réfléchit Grim en fronçant des sourcils.
— Elle ne parle pas de cette chaleur. Rit Luell en sortant de nulle part.
Les iris rouge vif de Grim dansèrent entre Altaïr et moi et il ricana en bousculant du coude Luell. Le Dark Night acquiesça dans son dialecte alors que je passai nerveusement une main dans ma chevelure. Luell était devenu un sale petit traître, et il avait ligué dans son plan Grim. Cela ne faisait qu’arranger le San Emie, la situation le divertissait pleinement.
— Pouvons-nous nous concentrer ? M’énervai-je. Nous avons devant nous un abattoir à ciel ouvert.
— Dis celle qui flirtait avec son soi-disant ennemi. M’attaqua Izak en s’approchant. Rappelle-moi ce que tu n’arrêtes pas de piailler constamment “je vais vous tuer, nia nia nia, vous allez me le payer...” T’es juste fatigante.
Je vis Luell se mordre les joues pour s’empêcher de pouffer, il tourna la tête pour éviter de m’épier. Sans un mot et habitée par un certain agacement, je pivotai et me mis en route. S’ils arrivaient à se moquer de moi, je pouvais supposer que le choc de l’environnement s’était diffusé. J’enjambai les restes de corps, tantôt calcinés, tantôt criblés de crocs. Une odeur nauséabonde agrippait mon odorat, et je tentai de garder ma vision axée sur une ligne d’horizon.
J’avais déjà vu des corps dénués de vie. Dont ceux de mes proches. J’y étais normalement habituée. Cependant, un néant sinuait en moi, j’avais l’impression de marcher sur du verre. Je détournai ma tête quand mon pied toucha une poupée en tissu et papillonnai des cils.
— Ainz. Où se trouve l’arbre ? Demandai-je sans détour.
— … Il est dans les tréfonds du territoire, dissimulé dans un endroit secret. Il devrait être hors d’atteinte.
Lia....ell...
Luell attrapa mon avant-bras alors qu’un frisson remonta dans mon dos.
Je...tte..
— ATTENTION, cria Nolya.
La dernière chose que ma vue capta fut une gigantesque ombre.
2 commentaires
Akame
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Il y a un an
Ria Victory
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Il y a un an