Fyctia
Chapitre 22 - Altaïr
Je ne me souvenais pas comment je m’étais retrouvé ici. Je me remémorais l’instant passé. Je m’étais réveillé, en pleine nuit à cause d’Izak, qui avait décidé que j’allais être son coussin. J’avais repoussé son bras qui m’étreignait et sa bouche qui bavait sur mon torse. Avec un râle, j’étais sorti de l’abri fabriqué par le wendigo et je fus stupéfait de découvrir Caelia, parfaitement éveillée, scrutant le feu du campement.
Je l’avais appelé plus d’une fois et son manque de réaction m’avait suscité un soupir. M’ignorait-elle ? En temps normal, elle m’aurait, au moins, jeté un coup d’œil. Sauf que son regard était ancré aux flammes dansantes. Un inconfort glissa en moi tel un serpent et le doute m’agrippa. M’étais-je trompé lorsque je pensais m’être débarrassé du poison dans son sang ? Ma bouche s’assécha et je fis quelques pas en sa direction.
Caelia ne bougeait pas, et même sa respiration semblait inexistante. Elle semblait murmurer des mots aux flammes et ses iris dorés brillaient intensément dans la nuit. Je ne pus retenir mon geste et je saisis ses épaules, pour la secouer, lui arracher une réaction. Sa tête roula sur ses épaules et entre ses mèches bouclées, ses yeux croisèrent les miens. En une fraction de seconde, je ressentis une violente douleur se répandre en moi. Une douleur bien plus affreuse que les stigmates qui tapissaient mon torse. La plume de phénix, que Caelia m’avait légué, étincela contre ma poitrine, allégeant mon mal-être. Un vent souffla entre nous et je rouvris les paupières sur un environnement différent.
Des ruines, de la brume, des échos et Caelia se trouvait devant une immense porte, arpentée de motifs et d’écritures anciennes. L’oiseau de feu sursauta lorsqu’elle capta ma présence et me pointa du doigt, presque terrifiée.
— Co-comment, pourquoi ? Baragouina Caelia.
Il s’agissait de la première fois qu’elle apparaissait aussi troublée, face à moi. Elle plaqua sa main sur son visage pour masquer ses lèvres qui tressautaient et potentiellement reprendre sa prestance.
— Altaïr, feula Caelia en s’approchant, j’aimerais savoir ce que tu fais ici.
Elle était si proche que je pouvais entendre son rythme cardiaque, lent et calculé, ce qui était différent du mien. Mon cœur s’affolait en sa simple présence, et elle devait l’entendre. Même si elle me regardait férocement, j’en demeurais fébrile. Depuis ce satané souvenir et ce baiser où elle m’avait octroyé son sang, j’avais du mal à suivre mes envies. Mon but était de la soumettre, de la détruire, mais cœur ne désirait que de m’éprendre d’elle. Caelia avait saccagé mon esprit par ses apparitions. Contre ma volonté, ma main frôla sa joue. Je voulais la toucher, l’enlacer et ne jamais la laisser s’en aller. Il ne s’agissait plus de la capturer et de la posséder dans une cage. Ma respiration se fit sifflante, tant ma bataille interne s’intensifiait. Tu as une mission, Altaïr. Caelia ne s'échappa pas à mon toucher et pencha la tête avec un froncement de sourcil.
— Altaïr, je ne sais pas ce que tu fais ici, ni ce que tu as vu et ressenti dans la Forêt des Songes, mais il s’agirait de redevenir le connard égocentrique et égoïste que tu es.
— J’aimerais bien, mon petit poussin, mais tu avais raison. Lorsque nous jouons avec le feu, il finit par laisser sa trace. Susurrai-je.
Caelia papillonna des cils et repoussa délicatement mes doigts, un frisson remonta sa colonne vertébrale.
— Insulte-moi, maudis-moi, mais cesse de te comporter comme un chiot. C’est plus que terrifiant. Quand nous rentrerons de l’expédition, tu feras un tour dans les locaux de l’infirmerie royale, je crois que tu t’es cogné la tête.
Les joues de Caelia s’empourprèrent lorsque je lui offris un sourire sincère teinté de peine, son cœur s’emballa et elle rompit notre contact visuel en fermant les paupières.
— Disons que je veux te comprendre. Divulguai-je alors que mes doigts dégagèrent les mèches de son visage. Je voulais la voir parfaitement. Je me suis souvenu d’un cadeau important.
— Cela ne me concerne pas, Altaïr, garde tes états d’âme.
— Quand ils te concernent, je ne peux que te les dévoiler. (Je marquai une pause, j’avais l’intention de respecter les paroles de Luell.) Il est vrai que mon père, Vlad, a tué tes parents lors de la Nuit sans Lune et que tu m’as marqué. Tu aurais pu me tuer, mais tu as préféré me maudire. Certains diront que c’est affreux, mais en prenant du recul, me maudire me donnait et me donne l’occasion d’aller de l’avant et de réparer mes erreurs. Tu m’as offert la chance d’évoluer, et ce n’est pas la première fois. Dans un sens, tu m’as sauvé des-
Caelia posa sa main sur ma bouche, restreignant mes paroles. Elle secoua de la tête. Ses yeux larmoyants, elle descella ses lèvres pour inspirer avidement.
— Altaïr, je ne veux pas t’entendre.
— Je t’en supplie, écoute-moi. Après, tu décideras. Tu pourras m’ôter la vie maintenant, si tu le souhaites, car elle t’appartient depuis ce jour. Soufflai-je entremêlant mes doigts aux siens.
— POURQUOI es-tu aussi dramatique ? Tu devrais me haïr, toute la souffrance que je te fais ressentir, depuis que tu as quatorze ans, tu ne devrais même pas tenter de, de t’approcher.
— Je m’en rends compte maintenant, mais tu es véritablement gentille. Tu te soucies des gens, même de ceux que tu détestes, inconsciemment ou non. Mais tu crains au fond de toi, ta vengeance est pour toi ce qui te fait tenir debout, mais ce n’est pas le cas. Tu as peur de cesser de me détester et de me faire confiance. Car tu as l’impression qu’il ne te restera plus rien. C’est faux, Caelia.
Le phénix s’éloigna en s’enlaçant, comme si un froid mortel pénétrait son être. Luell n’avait point menti, elle était un livre ouvert. Elle ne cherchait jamais à détourner la vérité. Finalement, elle brisa le silence avec un murmure alors qu’elle tremblait sous le coup de ses émotions.
— Nous en reparlerons un autre jour. Pour l’instant, que fais-tu ici ? Dans le Tombeau des Flammes.
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Comme on dit : "he falls first and harder" XD
6 commentaires
Sankyu4163
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Il y a un an
Ria Victory
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Il y a un an
Akame
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Il y a un an
Yappae
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Il y a un an