Fyctia
Chapitre 20 - Caelia
Notre troupe avançait calmement. Les pas d’Opal étaient assez lents pour permettre au reste de suivre. Nolya accéléra la marche de sa licorne et se posta à ma droite. Elle me lança quelques regards et j’attendis, si elle voulait parler, elle devait prendre son courage.
— Je-je ne sais pas si je peux te poser cette question... souffla le sylphe.
J’arquai d’un sourcil et patientai. Plus je l’épiais et plus je la trouvais adorable. Durant ma convalescence, elle était restée scotchée à moi. Quand Altaïr et Luell ne se mettaient pas en travers de sa route. J’avais l’impression d’observer un mignon écureuil.
— Je t’admire énormément... Par tes actions et ta franchise... Je suis honteuse...
— Nolya, l’encourageai-je.
— Est-ce que je peux m’entrainer avec toi !!! A Cloud Forest, ma mère préfère la paix. Et elle refuse que je combatte... Je suis sûre que je peux t’être utile, la manipulation de l’air peut être un excellent soutien pour l’élément du feu !
Elle débite un peu trop... Est-ce que je peux la dévorer ?
— Non, Opal ! (Je me tournai vers Nolya avec un grand sourire.) Bien sûr, Nolya.
Elle rougit jusqu’aux oreilles et susurra :
— Tu-tu peux m’appeler Lyly...
Il n’y avait pas à dire, Nolya était encore plus adorable que mon frère, quand il n’entrait pas en période de rébellion. D’ailleurs, où était ce sale petit ? Je le vis entre Ainz et Grim bavardant avec joie. Quand il capta mon regard, son satané sourire mutin réapparut. Il fit jouer ses sourcils et fit apparaitre une petite flèche de feu en direction d’Altaïr et d’Ainz. Et les flèches se transformèrent en cœur. Je m’offusquai en lâchant une onomatopée, qui fit réagir le groupe.
Luell savait très bien qu’Ainz et moi avions eu une relation par le passé, qui s’était achevée par une rupture quand j’avais décidé de rejoindre la garde royale d’Anaxarete. Silas me l’avait reproché. Après tout, Ainz avait quitté son clan d’origine : les Black Claws, car séduit par ma personne. Enfin, il s’agissait de sa version. Je savais parfaitement qu’il voulait aussi évoluer hiérarchiquement et son ancien clan ne lui aurait jamais permis, car toujours absent des réunions.
Le simple fait que Luell s’amuse de cette situation m’irritait. Ainz et moi étions en paix par rapport à notre passé commun. Je n’avais aucune gêne d’être proche de lui et lui non plus. Nous étions devenus bons amis et je le considérais presque comme mon grand frère. Son amitié avec Silas avait renforcé mon sentiment de fraternité le concernant.
Ainz me sourit gentiment et je lui répondis. Je sursautai lorsqu’Altaïr se plaça devant moi. Son expression fit frémir Nolya qui ralentit pour se placer proche d’Izak. Le San Emie attacha sa longue chevelure argentée en une queue-de-cheval et quelques mèches s’échappèrent.
— Dis-moi, tu n’as plus le temps de te lisser les cheveux, princesse ? Lui envoyai-je sarcastique.
Ses cheveux ondulés voguaient au grès du vent.
— Lorsque tu m’as attaqué dans mon bain, j’ai cru comprendre que mon aspect naturel t’avait tapé dans l’œil. Tu avais agrippé si fort mon pectoral et ta main avait glissé vers mon entrejambe.
— C’était pour te menacer de t’ôter ta virilité.
— Dis plutôt que tu voulais tester la dureté de mes entrainements. J’ai bien vu ton expression, petit poussin.
— Tout ce que tu racontes à l’air tellement obscène. Répliquai-je en roulant des yeux.
— Je nomme que des faits... Tu es celle qui a l’esprit déplacé. Sale petite sauvage, entrer dans le bain d’un homme. (Il secoua sa tête.) N’as-tu aucune honte ? Ou prévoyais-tu autre chose qu’un meurtre ? Me provoqua Altaïr.
— Comment oses-tu ?
— Les faés sauvages sont plus aptes à avoir des périodes d’accouplement que les autres. Après tout, vos instincts d’animaux sont bien plus puissants que les autres. D’ailleurs, t’es-tu déjà liée intimement avec Ainz ? Demanda Altaïr d’une voix sérieuse, dans ses pupilles brillaient un éclair, ce qui me perturba.
— Cela ne te concerne pas. Ma voix sèche engendra un fossé entre nous, mais il le balaya d’un rire.
— Honnêtement, je m’en fiche. Peu importe le nombre de liaisons que tu as pu avoir, rien n’entachera la vision que j’ai de toi, mon cher petit poussin. Tu es le beau phénix que je n’ai jamais vu.
Cette vilaine sangsue avait achevé sa phrase en cueillant, de nouveau, une mèche de mes cheveux et en la portant à ses lèvres. J’entendis Luell japper derrière et je mis un léger coup de talon à Opal pour qu’il accélère. Il le fit sans rouspéter, je le suspectais de ne pas supporter cette conversation. Kiki revint vers moi et croassa dans mes oreilles. Il n’allait pas s’y mettre non plus, n’est-ce pas ? Je commençais à me dire que le sort était contre moi. Tout ce que je désirais était ma vengeance.
Vlad est celui qui a tué tes parents... Altaïr était encore un enfant.
— Il avait quatorze ans. Il n’était plus un enfant. Pestai-je en murmurant, espérant qu’ils ne m’entendraient pas.
Et tu en avais seize. Le San Emie n’est pas responsable des actes de son clan.
— Je commence à penser que vous liguer tous contre moi ! D’abord Axion, puis Luell, Kiki et toi ? De toutes les créatures ?
Je comprends ton désir de revanche, petit phénix, mais n’oublie pas ce que tu es. Les phénix de feu ne doivent pas être consumés par la rage ni la haine. Ne l’oublie jamais.
Je sentis mes yeux me picoter. Je savais très bien. L’histoire la plus traumatisante était accordée à Khanos, un phénix de feu dont les flammes étaient devenues noires. Animé par sa haine et son envie d’anéantir son ennemi, il était devenu l’ombre de lui-même. Sa beauté flamboyante s’était métamorphosée en lumière noirâtre. Je ne comptais pas être lui. Je voulais juste que les peines soient attribuées. Pour mes parents et Silas. Je ne perdrais pas mon objectif.
Alors, ne trompe pas d’ennemi, Caelia.
5 commentaires
Ria Victory
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Il y a un an
Yappae
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Il y a un an
Akame
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Il y a un an