Fyctia
Chapitre 18 - Caelia
Ma concentration s’effrita et les flammes se tarirent. Mon oncle tentait de maintenir notre communication, cela était peine perdue. Je sentais une douleur m’agripper la jambe. Une violente toux me prit de nouveau et le même liquide visqueux éclaboussa mes vêtements. Kiki sautilla devant moi, complément affolé.
Si tu meurs… Je peux te dévorer ?
— Tu ne perds pas le nord, hein, Opal ? Ris-je. De quelle manière ce poison fonctionne ?
C’est une question que tu aurais dû te poser avant… Plus tu vas tenter d’user de tes pouvoirs et plus le poison en toi, qui agit comme un parasite, va te grignoter. Une petite saleté.
Ma tête se mit à tourner et ma vue se troubla. La sensation d’une fumée picota mes narines. En clignant des cils, le même décor apparaissait devant moi. Le tombeau des Flammes. Les ruines avaient évolué entre temps. Moins de brouillard et plus de végétation. Je me relevai, sans douleur. Un lieu irréel avait insinué mon oncle. Je comprenais mieux. Mes lamentations s’étaient envolées. Je ne ressentais qu’une plénitude.
Je me faufilai entre les blocs de pierre et l’entrée d’un bâtiment se dessinait au loin.
— Grande sœur !
Je me tournai vers Luell, il me sauta dans les bras, presque soulagé de me voir.
— Je suis content que tu sois là ! Je suis là depuis un moment. Je ne comprends rien. Pour entrer, il faut traduire la phrase. M’informa Luell.
— Sais-tu où nous sommes ? Lui demandai-je intéressée de sa réponse.
Mon petit frère haussa des épaules d’un air désinvolte, et ses yeux brillaient d’intensité. Il était clairement amusé.
— D’ailleurs, tout le monde te cherche. Tu vas te faire taper sur les doigts par Morphée et l’autre… pesta le jeune phénix.
— L’autre ?
— Le buveur de sang obsédé par toi. Je pensais être désespéré quand tu étais dans ton coma, mais alors lui…J’ai cru qu’il allait commettre un massacre. Dis-moi…est-ce lui ton futur compagnon ? Murmura Luell avec un sourire mutin. Un choix questionnable…
— Absolument pas ! Mais t’es un grand malade.
— Tu te défends énormément à mon goût.
— Qui t’a appris à être autant cassé pied ? M’agaçai-je.
— Ce sauvage était tellement à ton chevet que je ne pouvais même pas y être. D’ailleurs… j’ai vu une morsure…Caelia ?
— Et donc l’inscription ? As-tu trouvé ? Détournai-je le sujet sans me faire prier.
J’avais l’impression d’être face aux questionnements de Silas. Encore une fois, il oubliait que j’étais la grande sœur... Son regard profond me lorgna avant de changer d’axe. Je lui expliquai les informations et il m’apprit que dans la Forêt des Songes, les voix qu’il avait entendues lui avaient soufflé de nombreux mots, dont le Tombeau des Flammes. Pendant deux jours, Luell avait bouquiné et s’était enfermé dans de nombreuses théories. Mais devant cette entrée close, elles semblaient être réduites à zéro.
— C’est une langue ancienne. Bien trop ancienne. M’indiqua Luell.
— Je suppose… que nous n’avons plus qu’à demander aux Saules Pleureurs. Répliquai-je. Ils pourraient savoir.
— Mais comment revenir à cet endroit ?
Sa phrase resta en suspens, et apporta l’environnement dans une brume dense. Avant de disparaître, il me souffla des paroles. J’ouvris mes paupières et Altaïr me tenait dans ses bras. Je n’arrivais plus à comprendre cet homme. Non. Mon cerveau ne le voulait pas. L’héritier des San Emie posa sa main sur mon front puis la déplaça sur ma poitrine, à l’emplacement du cœur.
— Excuse-moi ce désagrément.
Mon dos s'arqua et je poussai un râle, mon corps me torturait à mourir. Je sentais quelque chose bouger sous ma peau. J’avais l’impression que chaque globule rouge explosait et que mon rythme cardiaque s’était intensifié.
— Tu sais que je peux manipuler le sang. (Je hochai de la tête en regardant Altaïr.) Je nettoie ton sang. Le poison est toujours présent… Ce qui n’est pas normal. Il est comme étroitement lié à ton être.
— Pourquoi m’aides-tu ? Tu pourrais très bien m’achever. Ma voix grondait calmement.
— Pour te rendre dépendante.
Altaïr ancra ses yeux aux miens, il ne semblait pas rire. Son visage était indéchiffrable. Il n’avait aucune expression. Il me disait cela comme s’il venait de commander une boisson. Il tapota l’endroit où il avait planté ses crocs.
— De plus, si tu dois mourir de ma main, je préfère te voir me supplier. Là, tu es encore bien trop indomptable pour reconnaître que tu souffres. Mais je peux t’aider.
Altaïr me dévoila ses canines avec un regard luisant de désir.
— Nous pouvons faire un compromis… Tu soulages mes stigmates et je soulage ton empoisonnement par ma morsure. Je pourrais mettre ma main à couper que tu as grandement aimé la sensation. Siffla Altaïr tel le serpent qu’il était.
— Ça t’amuse, n’est-ce pas ? Ragai-je en toussant.
— Oui et non, mon petit poussin.
Son expression se fit plus douce. Ses doigts jouaient avec les mèches de mes cheveux. J’avais l’impression de rêver. Pourquoi un homme aussi arrogant et égocentrique se transformait en une créature, presque attentionnée ?
— Je ne sais pas ce que tu as vu dans la Forêt des Songes, mais il s’agirait de reprendre ton caractère. Tu fais flipper.
Altaïr explosa de rire.
—Disons que j’ai décidé de changer de méthode. Par contre, si tu t’enfuis encore une fois alors que tu dois dormir, je t’attache au lit.
***
Une fois rentrés, Morphée me tomba dessus, elle ne cessa de me lancer des piques, sous les rires d’Izak. Elle avait contacté la Reine Anaxarete et celle-ci avait feint l’ignorance. Elle avait préféré garder sous silence ma démonstration de magie.
Le soleil s’était couché et je fixai le mur. Altaïr m’avait peut-être menacé, mais Morphée avait mis en exécution son avertissement. L’ondine ne m’avait pas attaché au lit, juste verrouillé les issues par la magie. Je n’aimais pas ça. J’appréciais ma liberté. Mes pensées s’interrompirent lorsque la porte s’ouvrit et dévoila Altaïr tenant un plateau. Il s’était reconverti en servant ? Il s’assit sur mon lit.
— C’est un médicament. Me révéla Altaïr.
— Hors de question que je boive cette puanteur !
— Tu as deux choix, tu l’avales calmement ou je te le fais bouffer.
Altaïr prit le flacon en main et l’agita devant ses lèvres. Je compris instantanément et tendis la main pour le recevoir.
— Ça, c’est un bon phénix. Me complimenta l’héritier des San Emie en me tapotant la tête alors que je buvais cette affreuse mixture. Il reprit : que penses-tu de ma proposition ?
Ses doigts effleurèrent mon poignet et glissèrent dans la paume de ma main avant de me saisir celle-ci. Altaïr porta ma main à ses lèvres et il déposa un baiser. Une chaleur grimpa en moi, ses pupilles me détaillaient intensément, attendant une réponse.
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Ria Victory
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Akame
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Marion_B
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Il y a un an