Fyctia

J’ouvris difficilement les paupières, ma bouche pâteuse, je tentai de me relever, mais des mains fermes me plaquèrent de nouveau au lit.

— Ne bouge pas trop, le poison est encore dans ton organisme. Souffla Altaïr en remettant la couverture sur mon corps.

— Elle est réveillée !!! S’écrit Luell en me sautant dessus, je ne pus retenir un râle.

— Com-bien ?

Une toux me prit et je crachai un liquide visqueux. Mon regard chercha ceux de mon escouade, ils refusaient de me répondre. Finalement, Izak rouspéta :

— Deux jours que tu pionces ! Pour une cheffe, tu te détends.

—Un peu de retenue, gronda Morphée qui apparut en décochant une tape à Izak. C’est un poison très puissant, si puissant qu’il n’y a pas d’antidote, vous devriez être heureux que Caelia tienne et se réveille...

L’ondine s’approcha et posa sa main sur mon front, une fraîcheur m’envahit et mon poids s’allégea. Elle hocha la tête comme satisfaite de son action et claqua dans ses mains. Son visage devint sérieux.

— Avant que tu ne poses de questions, aucun poursuivant n’a été attrapé. Ils se sont enfouis. Nous pouvons supposer qu’il s’agisse des créatures de l’Ombre, car nous avons trouvé des flèches brumeuses, mais elles peuvent appartenir à quelqu’un d’autre...

J’acquiesçai. Nos assaillants avaient attendu que nous arrivions à la Forêt des Songes pour nous abattre. Ils connaissaient donc les lieux et ses effets. Peu importe la situation, nos adversaires semblaient avoir une main d’avance.

— Est-ce que ta sœur, Violet, connaîtrait “Le Tombeau des Flammes” ? Ma question la surprit et elle nia de la main.

Je n’avais plus qu’à demander à mon oncle...

***

Le reste de l’après-midi passa à compte-gouttes. Je m’ennuyais à mourir. Morphée m’avait interdit de me balader, elle craignait que mon organisme ne succombe au poison. Heureusement pour moi, Nolya, qui devait veiller, s’était endormie. Je n’avais plus qu’à saisir ma chance. Il me fallait des réponses et maintenant.

Je m’extirpai du lit et des couvertures dans lesquelles Altaïr m’avait emprisonnée. Je couvris le sylphe et sortis discrètement. Je fus éblouie par la vision de Sweet Melody. L’environnement était, certes assez différent d’Alpha Nemi, néanmoins, il était à couper le souffle. J’avais entendu dire que Sweet Melody et Cloud Forest vivaient en hauteur. Je ne m’y attendais pas. Un jeu de structures suspendues était disposé entre les arbres verdoyants. De nombreux cours d’eau étincelants décoraient le tout. Les habitants de Sweet Melody respiraient en totale harmonie. Même les animaux, devrais-je dire, monstres arpentaient les lieux en liberté. Au loin, je vis Opal et les montures de mon groupe brouter joyeusement. Les Dévoreurs d’Âmes se faisaient chouchouter.

J’écarquillai les cils lorsque je sentis un poids sur mon épaule et soufflai lorsque mon œil croisa celui de Kiki. Il croassa gentiment, je lui caressai la tête. Il m’avait manqué. Je déviai la tête.

—Ne me regarde pas comme ça… J’ai besoin de connaître le Tombeau des Flammes. Et seul Axion et ses nombreuses vies pourront m’aider !

Tu aimes le danger !

—Opal, je te demanderai de ne pas apparaître de nulle part.

Le kelpie frappa le sol de son sabot et me tourna autour.

—J’ai besoin de voir Axion, mais je ne peux pas voler. Ce serait dangereux donc ? Je papillonnai des cils pour le faire plier.

Hors de question… La moitié de ton groupe est une bonne de sauvages.

—Je croyais que tu ne craignais personne.

Je n’aime pas avoir des ennemis, que je pourrais éviter.

Je roulai des yeux. Il ne me restait qu’une chose. J’espérais sincèrement qu’Axion soit proche d’une source de chaleur. Mon oncle était intelligent, il devait savoir que je tenterai de le joindre. Avec un coup d’œil aux environs, je m’éclipsai derrière des arbres et m’éloignai de la civilisation de Sweet Melody. Une fois dans un lieu reculé, je rassemblai du bois et l’incendiai. Je me concentrai sous l’attention du monstre aquatique et du corbeau.

Ca…vois…

J’accentuai ma concentration et mes flammes grandissaient. Une goutte de sueur dégoulina de ma tempe alors que je plissais mes paupières. Le feu se stabilisa et la vision de mon oncle apparut à travers les flammes.

—Caelia ! Comment vas-tu ? Sa voix était pressante.

—Si je suis capable de communiquer avec toi dans cet état, c’est que les portes de la mort sont lointaines. (Il pesta et je repris.) Trêve de bavardages. Le Tombeau des Flammes, ça te dit quelque chose ?

—Même si je sais que tu es une petite fouineuse, comment as-tu découvert ça ? Peu importe… Je ne veux pas savoir. C’est un endroit irréel.

—Irréel ? M’enquis-je.

—Laisse-moi parler. Râla mon oncle. Il est irréel pour nombreux faés. Cependant, il existe pour les phénix. Il s’agit d’un lieu dans lequel nos pouvoirs sont les plus forts. D’après une légende transmise au sein des phénix, le Tombeau des Flammes est l’endroit dans lequel les esprits des phénix dorment.

—Pourquoi ? Tu ne m’en as jamais parlé ?

—Tu réfléchis bizarrement. Petite, tu aurais été capable d’aller en quête de ces ruines pour récupérer l’esprit de tes parents. Ce qui est impossible, hein. Je te vois, chipie. Maintenant, peux-tu m’expliquer comment tu es au courant ?

J’hésitai à le lui dire. Il serait capable de m’en empêcher. Néanmoins, j’avais été éduquée à toujours dire la vérité à ma famille et sur l’importance de la communication au sein d’un groupe. Je lui révélai et Axion passa sa main sur son visage, marmonnant. Il se leva et accourut à l’opposé de sa chambre, en arrière-plan, la Reine Anaxarete semblait préoccupée. Il gribouilla sur une feuille et la jeta dans le feu. Elle apparut devant moi et j’observai une carte. Je le questionnai de mon expression.

—Ta mère m’avait prévenu…la Reine aussi. Caelia. Je comprends mieux pourquoi les créatures de l’Ombre sont après toi et Luell, spécifiquement. Avoua Axion. Caelia, Luell et toi êtes dotés d’un pouvoir plus important que le mien. Vous avez été désignés comme gardiens du Tombeau des Flammes.